Réalisé par Jonathan Hensleigh
Avec
Thomas Jane, John Travolta et Rebecca Romijn
Édité par Sony Pictures
Très franchement, il y a pire ! A cela on me répondra
qu’il y a mieux ! Certes mais la liste des bonnes
adaptations cinématographiques de super-héros est si courte
que les doigts d’une main suffisent à toutes les compter. Et
pourtant, les adaptations de super-héros à l’écran n’ont
cessé de se multiplier ses dernières années. La faute à des
spectateurs en demande mais aussi et surtout à des
producteurs hollywoodiens en panne de créativité.
Résultat : à part X-Men et
Spider-Man, les nanars
super-héroïques sont légion. Vous voulez des noms ? :
Daredevil,
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires ou bien encore
Hulk que leur manque absolu
d’originalité suffit à classer au rang de misérables
navets.
Dans ce cas, qu’est-ce qu’une bonne adaptation ? Voilà
une question qui renvoie directement à la notion de
super-héros. Suffit-il à un super-héros d’accomplir des
choses extraordinaires pour exister ? Doit-il uniquement
se détacher du lot ? Lui suffit-il de voler ou
d’utiliser un pouvoir magique ? Assurément non car ce
qui fait d’un super-héros un super-héros est l’attachement
que lui porte les gens. S’il est un super-héros c’est que
ceux qui ne le sont pas le considèrent comme tel. Le
carburant du super-héros est l’admiration que lui porte la
population, y compris celle des lecteurs et spectateurs.
Eliminez-lui sa fonction sociale et vous annihilerez tout ce
qui peut faire l’intêret d’un super-héros.
Par conséquent, l’adaptation doit subtilement manier le
paradoxe et faire du super-héros un être à la fois faillible
et infaillible (cf. Batman de Tim Burton et
Spider-Man de Sam Raimi). Il
doit s’interroger sur la nature de ses pouvoirs jusqu’à
douter de leur existence (cf. X-Men,
Incassable) et être accompagné
d’un message social fort qui donne un sens à l’utilisation de
ses super-pouvoirs. Et là, c’est généralement l’hécatombe car
derrière la maestria pyrotechnique se cache une véritable
misère de la pensée.
Soyons clair ! Ce n’est pas le cas de « The Punisher »
qui réussit non seulement le pari de faire mieux que
l’original (ce qui n’est pas un exploit) mais aussi de
s’écarter du chemin balisée des productions hollywoodiennes
en versant dans le drame intimiste et le super-héros pas
franchement flamboyant. Hensleigh, son réalisateur, multiplie
les situations de mise en difficultés, prenant même un malin
plaisir (lors de la scène du combat entre Castle et un
gigantesque blondinet, clin d’oeil au personnage de Requin
dans James Bond) à le voir se faire corriger et torturer.
Jamais super-héros n’aura été autant en difficulté ; un
super-héros super maltraité, il fallait y penser !
Autre bonne idée, celle du casting. Thomas Jane incarne un »
Punisher » eastwoodien avec ce qu’il faut de douleur et de
suffisance pour en faire un personnage monobloc. Eastwoodien
on vous dit ! Tandis que John Travolta habite sobrement
un super-vilain très convaincant. Autour d’eux, Will Patton,
Rebbeca Romijn-Stamos et même Roy Scheider. Une foultitude
d’atouts qui donnent hauteur et crédibilité à l’ensemble.
D’autant que chacun y trouve son compte de plans et de
répliques pour mettre en valeur leurs différentes
apparitions
Bonne idée enfin celle de restreindre les explosions et
cavalcades en tous genres qui prêtent trop souvent aux
adaptations cinématographiques de super-héros des accents de
jeux vidéo. Hensleigh ne se contente pas d’aligner les décors
et ambiances mais tente de faire naître une véritable
atmosphère. Malheureusement, l’entreprise échoue. Principal
responsable : cette ardente volonté de faire un film
tout public. On se demande bien pourquoi puisque le film a
été gratifié d’un R (traduisez Restricted ; tout
individu âgé de moins de 17 ans devra être accompagné) lors
de sa sortie en salles aux Etats-Unis. L’auto-censure a donc
été peine perdue. Elle n’aura eu pour effet que de gâcher ce
qui s’annonçait comme une film prometteur.
Le massacre de la famille du héros, moment pourtant crucial,
a été ainsi complètement saboté. Hensleigh aligne les
gunfights, coupe la tuerie de la femme et du fils de Castle,
monte sa séquence à la façon d’une scène d’exposition,
évacuant du même coup la force d’évocation des scènes qui la
compose. A chaque scène son sens ou alors c’est un plan de
coupe : 1ère année d’école de cinéma. Et Hensleigh
d’enchaîner les bourdes : l’explosion de l’appartement
du Punisher, raté. La poursuite en voiture sur le pont, raté.
Le combat entre Castle et Saint, encore raté. Demeure une
architecture pas inintéressante et quelques scènes
franchement jubilatoires. La scène du repas ou encore le
passage à tabac de Castle.
Le reste baigne dans l’académisme le plus complet sous la
forme de plans maintes fois vus et revus. Pourtant, de
l’ensemble émane quelque chose. De la bonne volonté sans
doute. C’est ce qui rend si sympathique cette « luxueuse »
série B.
L’éditeur régale les fans du Comic Book avec cette édition
spéciale truffée de bonus. A l’instar du DVD de
Bienvenue dans la jungle, celui de « Punisher »
propose une visite guidée des coulisses du tournage avec un
focus sur les scènes d’actions et les effets spéciaux :
indubitablement les deux points forts du film.
Si le packaging demeure basic comme la quasi totalité des
packagings Columbia, l’éditeur s’est une nouvelle fois
attaché au son et à l’image. Les menus ont eux aussi été
travaillés. Très proches visuellement de l’ambiance distillée
par un générique très BD, ils souffrent donc d’une identique
laideur et de la même pauvreté que ce générique hideux conçu
à la va-vite.
Columbia continue de suivre ses bonnes résolutions prises
début 2003 en étoffant considérablement les bonus de ses
éditions DVD. « Punisher » ne fait heureusement pas exception
à cette nouvelle règle et livre quantités de bonus fort
intéressants. A commencer par le making of, sorte de vidéo
journal, qui nous révèle les secrets les plus intimes de
fabrication du film. Résultat : des suppléments
consistants bien plus captivants que le long-métrage
lui-même.
Journal de guerre : le Making of (13’06 -
VOST)
Succinct et brouillon, ce journal de guerre peine à faire
office de making of. Toutefois, la sincérité des témoignages
et la volonté d’en montrer le plus possible sur le tournage
finit par nous convaincre de son utilité.
La réalité du tournage : les cascades du Punisher
(21’04 - VOST)
Sans aucun doute, le plat de résistance de ce festin de
suppléments. Là encore, on en montre autant qu’on peut
jusqu’à dévoiler, chose rarissime et inestimable, le
storyboard. Une comparaison story / scène finale aurait été
une bien belle cerise sur le gâteau.
Scènes supplémentaires
Au nombre de 2, elles sont présentées montées et sonorisées
avec ou sans les commentaires du réalisateur, c’est au choix.
L’éditeur a choisi d’apporter là aussi un soin tout
particulier à la qualité du son et de l’image. Rien à dire si
ce n’est féliciter les auteurs de cette édition DVD pour
cette marque de respect :
- Introduction of Saints and Sinners Club (1’10)
- Livia insults Mickey Duka (11”)
Compte tenu de ce qu’elles apportent, toutes deux méritaient
de figurer dans le film.
Clip (1’33)
Les fans de Drowning Pool apprécieront sans doute. Les autres
resteront circonspects devant ce barbu transformiste
convaincu d’être le sex symbol de toute une génération. Image
et son haut de gamme pour un spectacle plutôt navrant.
Une fois de plus, Columbia fournit à son édition DVD un master
d’une excellente qualité. Et pourtant, concernant « Punisher
« , la tâche s’avérait plus qu’ardue compte tenu du nombre
incalculable de scènes sombres et / ou très faiblement
éclairées. Rappelons que ce type de scènes est propice au
grain et à la pixellisation. Columbia évite donc le piège en
offrant à la noirceur visuelle du film subtilité et
contraste.
On regrettera simplement que la réalisation signée Hensleigh
n’ait pas été plus riche et mieux soignée. Elle aurait
avantageusement mis en valeur le remarquable travail de
l’éditeur. Mais là pas grand chose à dire si ce n’est que la
qualité de l’image nous rappelle quel grand film aurait pu
être « Punisher ».
Même punition pour le son qui fait état d’un réel décalage
entre la qualité de l’encodage et la relative pauvreté de la
bande-son. Seule la jolie musique de Carlo Siliotto sauve de
l’insignifiance la sonorisation de « Punisher ».
Difficile dans ces conditions d’évaluer les qualités de
l’encodage. Tout ce qu’on peut vous dire, c’est que lors des
très rares gunfights, l’ensemble se tient. Mais rien de bien
violent pour un surround EX terriblement sous-exploité.
A saluer l’effort de l’éditeur qui fournit du Dolby Digital
5.1 surroud Ex en VO, en VF et même en polonais. Comme à
chaque fois ou presque, la médiocrité du doublage vous fera
préférer la VO.
A toutes et tous, excellente série noire…en
DVD !