Les 101 dalmatiens (1961) : le test complet du Blu-ray

Les 101 Dalmatiens est, à plus d’un titre, un sacré carrefour dans la longue vie du studio Disney. Déjà parce qu’il s’affranchit d’une histoire type conte de fées ou grand classique de la littérature enfantine pour aller chercher un livre moins connu et plus ancré dans la réalité. S’en suit un ton assez différent des précédentes productions avec des considérations plutôt « adultes » du type trouver un partenaire de vie et fonder une famille, aussi nombreuse soit-elle.

Mais le virage amorcé par ce film est surtout artistique.

Rappelons tout d’abord qu’un film d’animation traditionnelle se fabrique essentiellement en photographiant un à un les dessins qui décomposent les mouvements des personnages. Un travail énorme surtout lorsqu’on sait que jusqu’à ce film, il fallait décalquer les dessins des animateurs sur des feuilles transparentes (cellulos), ce qui offrait par contre « l’avantage » d’avoir l’opportunité de nettoyer les dessins grâce à un trait bien unifié, ce qui n’était pas sans agacer les animateurs qui voyaient là une déformation de leur travail.

Arrive alors la photocopie sur transparent (xérographie), et avec elle la possibilité de transférer directement les dessins originaux sur les fameux cellulos. L’avantage est de conserver le trait si particulier des animateurs tout en gagnant un temps considérable. L’inconvénient est de mettre au chômage ceux qui reproduisaient les dessins à la main et d’avoir un trait moins net.

Le résultat à l’écran est par contre sans appel, et même si les deux camps (xérographie / reproduction à la main) s’affrontent encore aujourd’hui, on ne peut que reconnaître au nouveau procédé d’apporter un charme considérable aux images et à l’animation.

Ajoutez à cela un traitement très particulier des décors qui se composent de traits parfois assez simplistes mis en couleurs par des taches qui ne sont pas forcément raccord et vous obtenez l’un des films d’animations les plus artistiquement osés de l’époque.

Au-delà de ces considérations techniques, l’histoire de ces chiots dalmatiens pourchassés par l’incroyable Cruella De Vil reste un classique indémodable prompt à toucher le coeur des grands et des petits avec un humour simple et quasiment pas de chansons, ce qui est toujours assez rafraichissant et reposant dans un Walt Disney.

Mis à part l’excellent transfert audio/vidéo HD, cette édition na va pas très loin dans les possibilités du support. Menus statiques, boîtiers et jaquettes très classiques.

Rien de nouveau côté suppléments. On reprend les très bons éléments des différentes éditions DVD, surtout l’édition collector de 2008 qui était la seule à proposer les 3 documents sur la genèse du film et les nombreuses maquettes de chansons abandonnées.

Une histoire de trait est un making of rétrospectif qui fait la part belle aux interviews de membres de l’équipe originale du film ou de personnalités diverses de l’univers Disney. Les anecdotes y sont nombreuses et très intéressantes.

Cruelle d’Enfer : dessinée pour être méchante se focalise bien évidemment sur l’un des pires méchants du studio avec des interviews dont celle du créateur/animateur du personnage, Marc Davis, pour qui se sera le dernier travail chez Disney.

Sincèrement vôtre, Walt Disney est une sorte de second making of qui se sert de la riche correspondance entre Walt Disney et Dodie Smith (auteur du livre ayant inspiré le film) comme fil rouge. Une reconstitution qui joue un peu sur la corde sensible, mais qui comporte de nombreuses anecdotes inédites.

Les plus complétistes trouveront également les maquettes des chansons abandonnées et tous les spots ciné/tv/radio des différentes sorties du film.

Aucun élément n’a été gonflé en HD.

La (re)découverte des premiers films Disney sur Blu-ray est un événement à chaque fois perturbant. On en peut d’abord que constater le travail de remastérisation exceptionnel qui offre des images spectaculaires de définition et de colorimétrie. Mais justement, ce côté très propre peut fortement perturber le spectateur qui n’a pas été habitué à une telle netteté, même sur le meilleur des DVD ou Laserdisc.

Tout ça pour dire que la qualité de l’image est à tomber par terre.

Très belle remastérisation du son en HD également avec des pistes VF et VOST en DTS-HD Master Audio 5.1 qui offrent des dialogues très nets et des ambiances très discrètes qui n’éloignent pas trop le film de ses origines sonores plus modestes.

La VF (doublage d’époque) a juste un peu plus souffert des outrages du temps avec des dialogues plus étouffés qui sonnent moins « sur le vif ».