Réalisé par Robert Redford
Avec
Robert Redford, Shia LaBeouf et Julie Christie
Édité par M6 Vidéo
En 1969, un groupe de militants radicaux appelés Weather Underground revendique une vague d’attentats aux Etats-Unis pour protester contre la guerre du Vietnam. La plupart de ses membres furent emprisonnés, mais quelques-uns disparurent sans laisser de trace… Jusqu’à aujourd’hui.
L’arrestation de Sharon Solarz, l’une des activistes, remet cette affaire sur le devant de la scène, au point d’attiser la curiosité du jeune et ambitieux reporter Ben Schulberg. Jouant de ses relations au FBI, il rassemble petit à petit les pièces du puzzle, le menant jusqu’à Jim Grant, un avocat apparemment sans histoires… Lorsque celui-ci disparaît brusquement, le journaliste se lance sur sa piste, déterminé à le retrouver avant le FBI.
Sous surveillance est le neuvième film réalisé par Robert Redford depuis Des gens comme les autres en 1980, son plus gros succès demeurant L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux en 1998 avec près de 3 millions d’entrées en France et 200 millions de dollars de recette dans le monde. Pour ce nouvel opus, Robert Redford adapte le roman Le Dernier d’entre nous écrit par Neil Gordon et paru en 2003.
A l’instar de son précédent long métrage La Conspiration, sorti en France directement en vidéo, Sous surveillance se focalise sur un personnage moralement ambigu dont le passé ressurgi. Assumer ses actes et ses erreurs, tirer les leçons du passé, vivre avec le poids de ses actions antérieures et leurs conséquences, tels sont les thèmes chers à Robert Redford que l’on retrouve une fois de plus dans Sous surveillance, avec pour cible l’activisme radical des années 1960-1970.
Tout en s’octroyant le rôle principal, le cinéaste passe le relais à la nouvelle génération incarnée par les excellents Shia LaBeouf, Brit Marling, Anna Kendrick, comme s’ils étaient maintenant dépositaires des zones d’ombre du passé de l’histoire des Etats-Unis.
En quête de respectabilité après avoir donné la réplique à des robots géants pendant trois (interminables) films, Shia LaBeouf confirme tout le bien que l’on pensait de lui grâce à ses prestations dans L’Oeil du mal, Des hommes sans loi et même dans le superbe (et meilleur) segment issu du film collectif New York, I Love You réalisé par Shekhar Kapur. Comme dans les précédents films de Robert Redford, en tant que cinéaste (Lions et Agneaux entre autres) ou en tant que comédien (Les Trois Jours du Condor, Les Hommes du Président), un personnage, ici un jeune et ambitieux journaliste autant en quête de la vérité que de gloire, va se retrouver dans une histoire qui va vite le dépasser et remettre en doute ses ambitions.
Sous surveillance possède une patine old-school, traditionnelle, classique, tant du point de vue formel avec son grain trahissant un tournage en 35 mm, tant sur le fond avec ses thèmes renvoyant aux thrillers politiques paranoïaques des années 1970 qui reposaient plus sur les dialogues que sur l’action, pour ainsi dire inexistante. Ce qui n’empêche pas en 2013 d’apprécier grandement ce film puisque les personnages, donc les comédiens, sont au centre même de l’histoire.
Redford a déjà démontré son aisance à diriger les acteurs, le rythme du film est enlevé, et les seconds rôles prestigieux, Julie Christie, Susan Sarandon, Stanley Tucci, Brendan Gleeson, Terrence Howard, Richard Jenkins, Chris Cooper, Sam Elliott et Nick Nolte emportent aisément et grandement notre adhésion. Sous surveillance est un film divertissant, intelligent et même souvent passionnant.
La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film. Il en est de même pour le menu principal, plutôt joli, animé et musical.
Outre la bande-annonce, nous trouvons un bon making of de 30 minutes, donnant la parole à l’entièreté du casting du film. Ces propos sont souvent illustrés par des images issues du tournage. L’histoire y est abondamment racontée sans que cela soit pesant, l’histoire des activistes des années 1960-1970 est également largement disséquée et mise en parallèle avec l’agissement des personnages de Sous surveillance. Ce documentaire est scindé en deux parties. La deuxième est moins captivante et lorgne du côté promotionnel à fond avec superlatifs à foison, surtout quand les jeunes comédiens évoquent le travail avec la légende hollywoodienne.
Sous surveillance bénéficie d’un master HD 1080p qui remplit son cahier des charges sans se forcer, mais avec efficacité. Le réalisateur Robert Redford et le directeur de la photographie Adriano Goldman ont opté pour un tournage en 35mm. Il n’est donc pas étonnant que le grain ressorte quelque peu sur ce Blu-ray qui demeure toutefois trop lisse et manque singulièrement de détails, notamment sur le rendu des visages. Si le cadre large 2.40 est habilement exploité, le piqué laisse parfois à désirer, divers artefacts de la compression demeurent notables et de sensibles flous sporadiques restent flagrants. Les séquences en extérieur sont mieux définies avec une profondeur de champ palpable, des contrastes assurés et une colorimétrie riche. La photo paraît parfois vaporeuse, certaines pertes de la définition sont constatables sur quelques gros plans et séquences plus « agitées ». Ce Blu-ray n’est pas mauvais mais l’apport HD est finalement souvent limité.
Bien qu’encodés en DTS-HD Master Audio 5.1, les mixages anglais et français (au doublage catastrophique) se révèlent bien paresseux et donc forcément décevants. Même la version française semble l’emporter sur son homologue du point de vue délivrance des dialogues, c’est dire ! En revanche, la balance penche du côté de la piste anglaise en ce qui concerne l’homogénéité et la spatialisation. Il ne faut pas hésiter à monter le volume pour créer un confort acoustique suffisant puisque les latérales distillent leurs effets avec parcimonie - l’action est quasi-inexistante dans Sous surveillance - tandis que la balance frontale peine à créer un espace sonore convaincant. Heureusement, certaines séquences sont un peu mieux loties, mais encore une fois, on s’attendait à une exploitation beaucoup plus mordante.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
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