Réalisé par Adrian Lyne
Avec
Richard Gere, Diane Lane et Olivier Martinez
Édité par 20th Century Fox
Edward et Constance Sumner habitent dans la périphérie de
New York dans une vaste demeure qui sent bon l’ordre et la
sérénité. Ce lieu est à l’image de leur couple, si harmonieux
qu’on pourrait le croire à l’abri de toute surprise.
Un jour, à New York, un vent violent pousse littéralement
Connie dans les bras d’un jeune français, Paul Martel,
négociant en livres rares. Un appel téléphonique de celui-ci,
un rendez-vous obtenu à l’arraché sèment en elle la confusion.
A la troisième rencontre, Connie « oublie » dans le loft de Paul
un objet personnel et cède finalement à ses désirs.
Au cours de sa carrière, le réalisateur britannique Adrian Lyne s’est souvent intéressé au couple, aux relations d’un homme et d’une femme, aux histoires d’amour tourmentées et conflictuelles. 9 semaines 1/2 évoquait la découverte du plaisir sexuel d’une femme, Liaison fatale parlait de l’infidélité d’un homme persécuté ensuite par sa maîtresse, Proposition indécente se focalisait sur l’amour d’un couple mis à l’épreuve quand une certaine somme d’argent conséquente leur était proposée.
Infidèle mixe un peu les deux premiers à travers l’histoire d’une femme mariée depuis 11 ans et mère d’un enfant de 8 ans, qui va rencontrer et entretenir une relation avec un homme plus jeune. Emportée par cette passion, essentiellement sexuelle (les scènes sont très explicites), elle commence à être prise de remords et de culpabilité envers sa famille, tandis que son mari, campé par un excellent et étonnant Richard Gere, peu dupe, mais complètement bouleversé par ce qui se passe dans son dos, se rend chez l’amant de sa femme…
Les cinéphiles auront reconnu la trame de La Femme infidèle, réalisé par Claude Chabrol à la fin des années 1960 et pour cause puisqu’Adrian Lyne, qui considère Claude Chabrol comme le Alfred Hitchcock français, a toujours été un fan de ce film au point de vouloir en faire un remake. Avec son élégance plastique habituelle, le réalisateur signe un film sensuel, porté par une Diane Lane à se damner.
Cependant, si l’intrigue de cette liaison est maîtrisée, le bât blesse durant le dernier acte, qui d’ailleurs n’existe pas dans le film de Claude Chabrol, montrant le couple mis à l’épreuve après la disparition du bellâtre lisse et monocorde interprété par Olivier Martinez, jamais convaincant même quand il parle en français, où pas une de ses répliques ne tombe juste. Son personnage de French lover est irritant dès son apparition et le spectateur se demande alors pourquoi le personnage de Constance jette son dévolu sur lui.
Adrian Lyne se montre nettement plus convaincant dans son étude des relations humaines que dans le thriller pas crédible pour un sou, marqué par des rebondissements téléphonés, même si une certaine tension reste palpable. C’est juste que ce manque de vraisemblance gâche les espoirs mis dans le film durant la première heure. Malgré tout, Infidèle divertit fort honorablement et le spectateur, complice d’abord de la femme puis du mari, est intelligemment malmené par le metteur en scène qui prend un malin plaisir à jouer avec l’empathie puis l’immoralité de ses personnages…
La jaquette attractive est glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est joliment animé et musical.
L’éditeur reprend l’intégralité des suppléments présents sur le DVD sorti en 2003 :
Adrian Lyne prend le micro pour commenter son film, en version originale sous-titrée en français. Très à l’aise, prolixe et toujours intéressant, le réalisateur aborde tous les aspects d’Infidèle, évoque son travail avec les comédiens, mais aussi le film original de Claude Chabrol, La Femme infidèle, sorti en 1969, dont le cinéaste est fan depuis toujours. Les thèmes du film sont posément et intelligemment analysés, tout comme les relations entre les personnages et leur évolution. L’aspect technique n’est pas oublié, Adrian Lyne parlant également de la musique, du montage et de la photo. Un très bon moment.
Alors qu’ils disposaient d’une piste entière sur le DVD, Diane Lane et Olivier Martinez, enregistrés séparément, voient leur commentaire audio sur le film réduit à 56 minutes, sur quelques séquences spécifiques. Il faut dire que dans le commentaire original, les deux comédiens passaient leur temps à paraphraser ce qui se déroulait à l’écran. L’éditeur a semble-t-il dégraissé ce commentaire, au point d’ailleurs d’en avoir oublié les sous-titres français !
Les scènes coupées (18’), parmi lesquelles nous trouvons une fin alternative, demeurent excellentes et méritent qu’on s’y attarde un petit peu. On y voit pêle-mêle Constance attentionnée avec son fils avant de le mettre au lit (belle scène), une rencontre fortuite entre Constance et Paul dans le train de banlieue avant qu’ils aient entamé leur relation, un coup de fil qui éveille les soupçons d’Edward. La plupart de ces rejets appuyaient la suspicion d’Edward dans la deuxième partie. Certains extraits de ces séquences ont subsisté dans le film. C’est le cas de la scène de sexe au cinéma, nettement plus explicite, entre Constance et Paul… pendant qu’est projeté Les Vacances de Monsieur Hulot.
N’oublions pas la fin alternative rejetée lors des projections presse, qui montraient Edward descendre de voiture et se rendre à la police pour avouer son meurtre. Ces séquences laissées sur le banc de montage sont disponibles avec le commentaire audio du réalisateur Adrian Lyne, enregistré dans sa maison en Provence. Alors qu’on entend sa femme lui apporter une tasse de café, le cinéaste évoque la raison de ces évictions : manque de temps, problèmes de rythme et le désir de conserver une ambiguïté à la fin du film plutôt que de trancher radicalement comme le voulait le studio.
Le making of traditionnel de 16 minutes se révèle excellent, constitué d’images de tournage et d’interviews de l’équipe. Chacun aborde les thèmes du film, présente les personnages, tandis qu’Adrian Lyne parle de son travail avec les comédiens et une fois de plus du film original de Claude Chabrol, en précisant les quelques différences entre son film et la version originale.
Anne Coates est une des monteuses les plus célèbres de l’histoire du cinéma. Parmi les films les plus célèbres qui sont passés entre ses mains, citons Lawrence d’Arabie, Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, Le Crime de l’Orient-Express, Elephant Man, Greystoke, la légende de Tarzan, Hors d’atteinte, Erin Brockovich, seule contre tous. Entendre cette artiste de l’ombre est donc tout à fait conseillé et nous avons plaisir à écouter quelques révélations sur sa méthode de travail pendant neuf minutes, même si l’intéressée se défend d’avoir un style particulier. Anne Coates aborde son travail avec Adrian Lyne, y compris leurs disputes mémorables qui « aident à développer l’ingéniosité », tout en revenant sur la scène du train au montage alterné, ainsi que sur la fin alternative présente dans la section des scènes coupées.
Adrian Lyne, Richard Gere et Diane Lane sont ensuite invités sur le plateau de Charlie Rose dans sa célèbre émission diffusée sur PBS (19’). Si l’on excepte les trois extraits du film qui auraient pu être coupés, le dialogue s’installe véritablement entre les protagonistes. Tous les aspects du film sont une fois de plus abordés, sans tomber dans la redondance avec ce qui a pu être déjà entendu jusqu’à maintenant.
L’éditeur joint ensuite trois entretiens avec Richard Gere (6’), Olivier Martinez (7’), Diane Lane (10’). Si le premier a été réalisé à l’occasion de la sortie du film - à travers lequel le comédien parle brillamment de la psychologie des personnages - les deux autres sont centrés sur leur carrière respective. Diane Lane parle de ses premiers pas au théâtre expérimental La Mama Experimental Theatre à New York à six ans seulement, mais aussi de ses parents et des différents films qui ont fait sa renommée. Olivier Martinez est quant à lui en mode autocongratulation, parle de ses débuts avec « les plus grands du métier », que « les gens l’aiment » et blablabla…
L’interactivité d’Infidèle se clôt sur la bande-annonce et un bonus « caché » (2’) qui l’était sur le DVD mais qui ne l’est plus sur le Blu-ray, bien qu’il ait pourtant gardé cet intitulé, montrant le petit Erik Per Sullivan véritablement endormi à l’arrière de la voiture lors du tournage de la dernière scène du film.
Dix ans après son édition en DVD, Infidèle est remis à l’avant-plan grâce à une édition Blu-ray à l’image du film, soignée et élégante. La propreté de la copie est assurée, les couleurs chatoyantes de la première partie puis plus sèches de la seconde sont ravivées. Cependant, certaines séquences ouatées manquent parfois de naturel, les visages des comédiens tirent sur le rosé, le piqué s’en trouve diminué. Les contrastes retrouvent une certaine concision, les détails et les textures sont fort convaincants et assurés sur ce beau cadre large. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, un léger grain flatte les rétines, les séquences tournées en extérieur rendent hommage à la très belle photographie de Peter Biziou (9 semaines 1/2, The Truman Show, Fatale) et se révèlent les plus ciselées et lumineuses de ce Blu-ray. N’oublions pas les scènes nocturnes qui se révèlent riches et qui savent tirer profit de cette promotion HD.
Ce n’est pas une réelle surprise, seule la version originale dispose d’un encodage relevé en DTS-HD Master Audio 5.1. Elle surpasse la piste française qui doit de son côté se contenter d’un mixage DTS 5.1 et non pas 4.1 comme l’indique la jaquette. Le doublage de Richard Gere, réalisé une fois de plus par le cultissime Richard Darbois, est excellent, mais Olivier Martinez ne se révèle pas plus crédible en français qu’en anglais. L’écoute de cette piste apparaît plus sourde et manque de peps. La piste anglaise est ardente aux moments opportuns, la musique toujours spatialisée, la balance frontale très riche, les voix solidement plantées sur la centrale et les effets latéraux ne sont pas rares.
Crédits images : © 20th Century Fox