Réalisé par Andy Muschietti
Avec
Jessica Chastain, Nikolaj Coster-Waldau et Megan Charpentier
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
Il y a cinq ans, deux soeurs, Victoria et Lily, ont mystérieusement disparu, le jour où leurs parents ont été tués. Depuis, leur oncle Lucas et sa petite amie Annabel les recherchent désespérément. Tandis que les petites filles sont retrouvées dans une cabane délabrée et partent habiter chez Lucas, Annabel tente de leur réapprendre à mener une vie normale. Mais elle est de plus en plus convaincue que les deux soeurs sont suivies par une présence maléfique…
Guillermo Del Toro a encore eu du flair en produisant et en donnant sa chance au jeune cinéaste argentin Andrés Muschietti de réaliser son premier long métrage adapté de son court métrage horrifique éponyme Mamá mis en scène en 2008. Le metteur en scène fait preuve d’une impressionnante maîtrise du genre fantastico-horreur et inscrit son histoire, coécrit avec sa soeur (également productrice), dans un quotidien glacé et glaçant, dès l’impressionnante séquence d’ouverture.
C’est peu dire que nous retrouvons la griffe du producteur dans Mama notamment dans cette osmose de frissons et de poésie noire déjà symbolique dans les oeuvres magistrales que sont Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro lui-même ou L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona auquel on pense très souvent avec l’enfance placée au centre de cette fable, mais aussi ce portrait de femme au départ loin d’être maternelle, éternelle adolescente de trente ans et passant son temps à jouer de la basse dans son groupe de rock, incarnée par la magnifique Jessica Chastain, transformée physiquement, brune aux cheveux courts, tatouée, punk.
Elle se voit confier deux fillettes interprétées par deux ahurissantes petites comédiennes et se trouve confrontée à des évènements surnaturels qui qui vont la placer face à ses nouvelles responsabilités, en agissant en adulte pour la première fois de sa vie. Même si Mama repose sur des recettes déjà largement exploitées, Andrés Muschietti parvient à se démarquer par une mise en scène inventive, un montage vif, une atmosphère atypique où trône la présence d’un des fantômes les plus réussis qu’il nous ait été donné de voir depuis de nombreuses années avec son visage à la Modigliani.
Mama ne fait pas d’esbroufe inutile, propose une alternative au cinéma de genre, demeure intelligent, passionnant, élégant, contient son lot de rebondissements haletants et a surtout le don d’émouvoir à de nombreuses reprises jusqu’au final absolument renversant et bouleversant. Un talent est né.
Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal animé et musical accueille de manière classique et dynamique, à la manière de tous les Blu-ray Universal.
Accompagné de sa soeur coscénariste et productrice Barbara Muschietti, le réalisateur Andrés Muschietti commente son film avec entrain. S’excusant de son anglais parfois approximatif, le metteur en scène donne souvent la parole à sa soeur, plus à l’aise dans la langue de Shakespeare, pour lancer les sujets de discussion. Humbles, très attachants et drôles, nos deux interlocuteurs réalisent un commentaire intéressant, peu avare en anecdotes de tournage, croisent habilement le fond avec la forme du film, évoquent leur influence et cinéastes préférés (le cinéaste est un mordu de Jacques Tati et de Playtime) tandis qu’Andrés Muschietti ne cesse de s’extasier devant le nez de Jessica Chastain. On le comprend.
S’ensuit le court-métrage Mamá précédé d’une introduction de l’heureux producteur Guillermo Del Toro (5’) qui évoque brièvement sa découverte de ce petit film terrifiant tourné en un seul plan-séquence et qui lui a donné envie de produire le premier long métrage d’Andrés Muschietti. Ce court-métrage a été intégralement repris dans le long métrage. Il s’agit de la scène des deux soeurs qui découvrent Mamá au rez-de-chaussée et effrayées s’enfuient dans l’escalier pour se réfugier dans leur chambre. Le court-métrage ne dure que 3 minutes mais instaure un climat particulièrement angoissant. Les commentaires du réalisateur et de sa soeur sont également disponibles.
Deux petits modules dévoilent l’envers du décor. Le premier est un making of de dix minutes constitué d’images de tournage et d’interviews de l’équipe. Les thèmes, les partis pris et le casting y sont abordés avec efficacité et cela est entièrement suffisant. Le deuxième documentaire de six minutes est centré sur les effets spéciaux du film en mettant en avant le travail et l’incroyable présence du comédien Javier Botet qui interprète Mamá. Un petit tour dans les ateliers montre l’ahurissant maquillage et les prothèses recouvrant l’entièreté du corps cet acteur de deux mètres atteint de la maladie appelée le syndrome de Marfan et qui est un habitué aux rôles de zombies, de tueur et de monstre (la trilogie [REC]).
Six scènes coupées (8’), commentées (ou non) par Andrés et Barbara Muschietti, prolongent quelque peu le quotidien d’Annabel et Lucas avant l’arrivée des deux petites filles, ainsi que le côté non maternel d’Annabel. Ces séquences ne présentent pas vraiment d’intérêt.
On frôle l’excellence : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par un endocage AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Heureusement, les scènes sombres sont logées à la même enseigne, à l’instar de la superbe séquence finale aux filtres bleutés. Ce master HD de Mama permet de redécouvrir le film d’Andres Muschietti dans de superbes conditions. Le léger grain inhérent à la photo d’origine est respecté malgré quelques douceurs y compris sur les séquences diurnes.
Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère inquiétante du film grâce au mixage DTS-HD Master Audio 5.1 anglais. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette option sonore ne fait pas dans la dentelle. En effet, la composition de Fernando Velázquez est parfois trop mise à l’avant pour en mettre plein les oreilles et aurait mérité d’être un peu plus équilibrée sur l’ensemble des enceintes. Mais bon, nous sommes en plein conte fantastique et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont donc soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées par tout le fracas sonore annexe, à l’instar des scènes d’affrontement.
La version française bénéficie d’une piste DTS 5.1 qui parvient également à tirer son épingle du jeu même si l’ensemble se révèle en deçà de son homologue en terme de fluidité et d’homogénéité.
Crédits images : © Universal