Réalisé par Robert Enrico
Avec
Philippe Noiret, Romy Schneider et Jean Bouise
Édité par LCJ Editions & Productions
L’action se déroule en 1944, à Montauban. Le chirurgien Julien Dandieu y mène une vie paisible avec sa femme, Clara, et leur fille Florence. Cependant, l’invasion allemande ne peut le laisser indifférent : préférant les savoir éloignées des tourments de cette guerre, Julien demande à son ami François de conduire Clara et Florence à la campagne, où cette famille possède un château, véritable forteresse médiévale qui surplombe un village. Une semaine plus tard, ne supportant plus l’absence des siens, Julien rejoint sa famille pour découvrir, avec effroi, que les Allemands ont déjà semé la terreur dans le village…
Le succès populaire du Vieux fusil ne s’est jamais démenti. Sorti sur les écrans français le 27 août 1975, le chef d’oeuvre de Robert Enrico aura attiré plus de 3,3 millions de spectateurs dans les salles et raflé les Césars du Meilleur film, du Meilleur acteur pour Philippe Noiret et de la Meilleure musique pour François de Roubaix, remis à titre posthume puisque le compositeur avait été victime d’un accident de plongée sous-marine quelques mois auparavant à l’âge de 36 ans. Dix ans plus tard, Le Vieux fusil est à nouveau récompensé par le César des Césars, récompense cinématographique d’honneur décernée par l’Académie des arts et techniques du cinéma de façon exceptionnelle.
Le Vieux fusil n’est pas un film de guerre ou une vendetta. C’est une histoire d’amour brisée en pleine course. L’histoire est connue de tous et pourtant l’oeuvre de Robert Enrico n’a rien perdu de sa force grâce entre autres à la mise en scène sans cesse inspirée du réalisateur. Le spectateur reste encore abasourdi par la violence implacable du film, notamment lors de la séquence clé où les allemands, lors d’une expédition punitive, assassinent la fille du personnage principal par balles et sa femme au lance-flammes, incarnée par la magnifique Romy Schneider, qui n’a d’ailleurs jamais été aussi belle que dans Le Vieux fusil. Les effets visuels demeurent très impressionnants, la musique expérimentale, inoubliable et angoissante de François de Roubaix participe à cette éprouvante reconstitution inspirée par le massacre d’Oradour-sur-Glane survenu en juin 1944.
Philippe Noiret, exceptionnel, incarne un chirurgien dont le coeur penche pour la Résistance - il soigne des maquisards dans son hôpital malgré les menaces de la Milice - mais qui préfère ne pas faire de politique. Après le terrible massacre dont ont été victimes sa femme et sa fille, il s’empare de la vieille arme de chasse de son père pour se venger froidement et méthodiquement, à travers les dédales de son château. Malgré la violence absolue du film qui prend aux tripes et le drame de cet humaniste qui va se transformer en vengeur implacable, c’est surtout l’histoire d’amour passionnelle, émouvante, construite sous forme de flashbacks, qui reste avant tout dans la mémoire.
La séquence de la rencontre entre Julien et Clara reste l’une des plus belles du cinéma français et de la carrière des deux immenses comédiens. Le regard de Philippe Noiret laisse pantois d’admiration. Indémodable et culte. Indispensable.
Le visuel de la jaquette - glissée dans un boîtier classique de couleur bleue lui-même glissé dans un surétui cartonné - est élégant et très soigné. Le verso comprend quelques photos et affiches du film, une belle initiative. Le menu principal est animé sur une des séquences clés du film, bercé par la merveilleuse partition de François de Roubaix.
L’édition DVD 35e anniversaire édité chez MGM ne contenait aucun supplément en dehors d’un livret, non repris ici. LCJ Editions propose quatre petits reportages provenant de l’INA datant de la sortie du Vieux fusil en 1975 : Bruniquel, tournage du film - extrait du JT de Toulouse (29 mars 1975, 4’), Sortie du film (4’), La Nuit des Césars (4’), Interview de Pascal Jardin (3’). Ces archives dévoilent quelques images de tournage, proposent quelques interviews de Robert Enrico, Romy Schneider et Philippe Noiret sur le plateau. L’extrait issu de la première cérémonie des Césars (3 avril 1976) montre Jean Gabin, alors Président de la cérémonie, en compagnie de Michelle Morgan, remettre le César du Meilleur film à Robert Enrico. Le scénariste Pascal Jardin revient sur la « chronologie des émotions » dans un court entretien datant de février 1979.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, une galerie de photos et des filmographies du réalisateur et du couple vedette.
Bien que la jaquette indique un Blu-ray au format 1080p, il s’agit bien d’une édition HD au format 1080i (AVC, 1.66 compatible 16/9). La copie affiche néanmoins une propreté souvent impressionnante, une clarté des séquences diurnes fort plaisante, un piqué mordant à plusieurs reprises et un grain cinéma respecté sans lissage excessif. La stabilité est de mise, le confort de visionnage est indéniable, les contrastes sont de bonne tenue et même certains plans sombres ou nocturnes tirent profit de cette élévation. Certes, tout n’est pas parfait, des flous et noirs poreux sont constatables, mais rien que le gain du point de vue des couleurs - la photo est signée Etienne Becker, fils de Jacques et frère de Jean - et de la restitution des textures justifie l’achat de cette galette bleue.
Point de HD à l’horizon mais une piste Stéréo PCM de fort bon acabit qui délivre les dialogues avec fluidité et vivacité. Le timbre grave de Philippe Noiret berce les tympans, la composition aérienne de François de Roubaix est excellemment restituée et les effets annexes précis. Notons divers chuintements, saturations dans les aigus et fluctuations du volume au cours d’une même séquence, mais rien de bien méchant.
Les versions anglaise et allemande sont également disponibles, ce qui n’est pas le cas des sous-titres français pour le public sourd et malentendant.
Crédits images : © LCJ