Réalisé par Emmanuel Mouret
Avec
JoeyStarr, Virginie Ledoyen et Jasmine Trinca
Édité par France.TV Distribution
Jean, électricien, pose des alarmes dans des demeures du sud de la France. Il y rencontre Aurore, célèbre pianiste. Malgré leurs différences, ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre et envisagent ensemble une autre vie. Jean veut quitter Dolorès, sa compagne de toujours. Mais celle-ci est prête à tout pour le garder…
Cinéaste/scénariste du désir et du rapport amoureux, Emmanuel Mouret signe avec Une autre vie son premier mélodrame. Si Promène-toi donc tout nu !, Changement d’adresse, Un baiser s’il vous plaît, Fais-moi plaisir ! et L’Art d’aimer abordaient déjà ce thème de prédilection à travers la comédie, souvent burlesque d’ailleurs, mais toujours avec une certaine gravité cachée, déguisée, à peine suggérée, Une autre vie résume toute la filmographie du réalisateur mais du point de vue dramatique cette fois. C’est là que le bât blesse, car si Emmanuel Mouret soigne sa mise en scène et parvient à tirer quelque chose d’inédit de JoeyStarr, nuancé ici comme il ne l’a jamais été jusqu’alors, ce nouvel opus manque cruellement de soupapes de légereté et tend à se prendre trop au sérieux. C’est un parti pris certes, mais honnêtement l’histoire ne fonctionne pour ainsi jamais.
Ce septième long métrage s’avère étonnamment plus réussi du côté des personnages masculins que des personnages féminins. Bien que l’on aime beaucoup Jasmine Trinca, l’actrice italienne apparaît peu à l’aise dans ce « premier » premier rôle en langue française, tandis que Virginie Ledoyen exaspère et laisse perplexe avec son ton monocorde et son jeu outré. Le spectateur se retrouve avec un triangle amoureux peu attachant, long, froid, d’un autre temps serait-on tenté de dire, notamment avec des dialogues d’une simplicité ici déconcertante, maladroite voire irritante, surtout lorsqu’ils se voient souligner par la composition pourtant inspirée de Grégoire Hetzel.
Après les jolies réussites de ces dernières années, Une autre vie apparaît donc comme un accident de parcours dans la carrière d’Emmanuel Mouret, même si la délicatesse, la sensibilité et la pudeur qui émaillent le film font croire encore en son potentiel. On espère que le metteur en scène reviendra à sa verve première, ce qui semble être le cas avec la sortie prochaine de Caprices, son prochain film avec les délicieuses Virginie Efira et Anaïs Demoustier.
Le test a été réalisé sur un check-disc. L’incontournable menu principal, animé et musical, typique de l’éditeur accueille le spectateur. Simple, efficace mais peu recherché.
En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint un documentaire intitulé Emmanuel Mouret, les désaccords parfaits (45’). Nous suivons le réalisateur sur le tournage d’Une autre vie (au travail avec ses comédiens), sur les lieux des prises de vues de ses anciens films. C’est ici l’occasion d’un premier bilan pour le cinéaste, puisque quelques extraits divers issus de sa filmographie viennent illustrer les propos d’Emmanuel Mouret lui-même, mais aussi de son chef opérateur Laurent Desmet et des acteurs qui ont déjà collaboré avec lui.
On ne change pas une équipe qui gagne et Emmanuel Mouret a de nouveau fait appel au chef opérateur Laurent Desmet, directeur de la photographie du metteur en scène depuis Changement d’adresse en 2006. Si les contrastes sont parfois un peu légers, force est d’admettre que la copie se révèle claire et lumineuse, le relief est appréciable, la colorimétrie chatoyante mais quelques fourmillements sont constatables sur les arrière-plans et quelques détails manquent à l’appel. Le piqué est parfois émoussé mais cela n’entrave en rien les conditions de visionnage qui demeurent plaisantes. Rien à redire, le moindre recoin demeure splendide de précision sur les séquences diurnes tournées en extérieur. Ce Blu-ray est au format 1080p.
Comme à son habitude, Emmanuel Mouret use de la musique comme un véritable écrin et la belle composition de Grégoire Hetzel est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales sur les séquences en extérieur, la balance gauche-droite est dynamique mais le caisson de basses reste au point mort. La stéréo contentera ceux qui ne sont malheureusement pas équipés sur les arrières et demeure percutante.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © France TV Distribution