Réalisé par Martin Ritt
Avec
Sally Field, Beau Bridges et Ron Leibman
Édité par 20th Century Fox
Norma Rae, divorcée et mère de deux enfants, est ouvrière du textile dans une petite ville du sud des Etats-Unis. A l’arrivée d’un délégué syndical de New York, venu pour ouvrir les travailleurs à la conscience de leurs droits, elle se lance à ses côtés dans un combat contre le patronat et ce malgré l’hostilité générale.
Martin Ritt (1914-1990), réalisateur des Feux de l’été, Paris Blues, L’Espion qui venait du froid, signe en 1979 un de ses chefs-d’oeuvre, Norma Rae. Basé sur l’histoire vraie de Crystal Lee Sutton, une ouvrière qui est parvenue à instaurer une section syndicale dans son usine après dix ans de labeur, Norma Rae offre à la grande Sally Field le rôle de sa vie.
Récompensée par le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1979, le Golden Globe et son premier Oscar de la Meilleure actrice, la comédienne signe une des plus grandes prestations féminines des seventies. Quasiment de tous les plans, Sally Field brûle la pellicule de son charisme, de sa beauté, de son énergie contagieuse, de sa rage. Martin Ritt signe un sublime portrait de femme moderne et indépendante, et filme à l’épaule le parcours de cette ouvrière du textile, comme un film d’action, sur un rythme soutenu, des dialogues ciselés et une émotion à fleur de peau, sans aucun pathos.
La caméra ne lâche pour ainsi dire jamais son personnage durant son action auprès des autres ouvriers mécontents, penchés depuis des générations sur leur machine à tisser, en acceptant les conditions difficiles de travail puisque l’industrie du textile était alors la seule aux Etats-Unis à ne pas bénéficier d’une section syndicale. N’oublions pas les prestations de Beau Bridges, Pat Hingle et Ron Leibman (le père de Rachel dans la série Friends), respectivement le mari, le père et le pygmalion de cette héroïne hollywoodienne atypique, qui sauront la guider à travers sa mission.
Ce grand classique, intelligent, réaliste, engagé, jamais dénué d’humour, débordant de tendresse et de sensibilité, n’a absolument rien perdu de sa fraîcheur et on ne peut que tomber amoureux de Sally Field.
Norma Rae appartient aux rééditions ponctuelles en HD que la Fox organise aux Etats-Unis, avec des moyens plus ou moins consistents. Le test a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est malheureusement fixe et musical.
C’est vraiment dommage de ne trouver qu’un petit documentaire de 25 minutes - en version originale non sous-titrée qui plus est - consacré à la production difficile ainsi qu’au tournage de Norma Rae. Quelques photos de plateau illustrent les propos de Sally Field et Ron Liebman. Ce n’est pas inintéressant en soi bien évidemment, c’est juste que c’est trop peu ! Nous trouvons également la bande-annonce.
Le chef-d’oeuvre de Martin Ritt est savamment pris en charge par l’éditeur qui livre un master HD très impressionnant, permettant de redécouvrir Norma Rae dans les meilleures conditions techniques. Tout d’abord, la propreté est indéniable et aucune scorie n’a survécu au lifting numérique. La colorimétrie, terne à l’origine, est parfaitement équilibrée, les teintes sont chatoyantes, le relief omniprésent, les contrastes denses, le piqué n’en finit pas d’impressionner, les détails abondent (merci au cadre large !), la profondeur de champ est admirable et la clarté est de mise. Hormis quelques baisses de la définition, un dégrainage un peu poussé sur certains plans et divers flous sporadiques sur quelques séquences sombres ou brumeuses, le Blu-ray au format 1080p (AVC) de ce grand classique se révèle indispensable et nous n’hésitons donc pas à donner une excellente note.
Les pistes DTS-HD Master Audio 1.0 anglaise et française sont de même acabit, même si au final la première surpasse la seconde du point de vue homogénéité des dialogues, des effets et de la musique. La version originale jouit d’une fluidité rarement prise en défaut, les dialogues demeurent solides, les ambiances précises (dans l’usine notamment avec le fracas des machines) et la musique du cultissime David Shire (Conversation secrète, Les hommes du président, Zodiac) est très habilement restituée. Si le doublage français est très réussi, les voix restent parfois sourdes, l’ensemble manque un peu de peps, mais l’écoute reste impeccable et dépourvue de souffle parasite.
Crédits images : © 20th Century Fox