Réalisé par Christophe Gans
Avec
Vincent Cassel, Léa Seydoux et André Dussollier
Édité par Pathé
1810. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné
doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux se
trouve Belle, la plus jeune de ses filles, joyeuse et pleine
de grâce.
Lors d’un éprouvant voyage, le Marchand découvre le domaine
magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé
une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat
sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son
père. Au château de la Bête, ce n’est pas la mort qui attend
Belle, mais une vie étrange, où se mêlent les instants de
féerie, d’allégresse et de mélancolie.
Chaque soir, à l’heure du dîner, Belle et la Bête se
retrouvent. Ils apprennent à se découvrir, à se dompter comme
deux étrangers que tout oppose. Alors qu’elle doit repousser
ses élans amoureux, Belle tente de percer les mystères de la
Bête et de son domaine.
Une fois la nuit tombée, des rêves lui révèlent par bribes le
passé de la Bête. Une histoire tragique, qui lui apprend que
cet être solitaire et féroce fut un jour un Prince
majestueux.
Armée de son courage, luttant contre tous les dangers, ouvrant
son coeur, Belle va parvenir à libérer la Bête de sa
malédiction. Et se faisant, découvrir le véritable amour.
Annoncée depuis belle lurette, la voilà cette nouvelle adaptation, la neuvième pour être exact, du conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, publié en 1740, puis abrégé et repris par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1757. Treize ans après Le Pacte des loups qui avait engrangé plus de 5 millions d’entrées et huit ans après sa transposition du jeu Silent Hill, Christophe Gans revient donc derrière la caméra pour une superproduction estimée à 35 millions d’euros et retrouve pour l’occasion Vincent Cassel dans le rôle de la Bête éponyme. Celui de Belle est confié à « l’actrice à la mode » Léa Seydoux. Mais cette Bête sied moins à l’univers du metteur en scène que celle du Gévaudan…
Inspiré de l’univers du cinéaste japonais Hayao Miyazaki, Christophe Gans se montre d’emblée peu à l’aise avec l’univers de la féerie et de la fantaisie. Son film ressemble immédiatement à une galerie d’effets spéciaux et numériques en tous genres, supposés épater la galerie. Le problème est que ces images de synthèse ont déjà au bas mot quinze ans de retard (on pense à une créature plagiée sur celle du film Perdus dans l’espace), les décors en CGI s’apparentent au monde des Télétubbies, les fonds verts sont peu discrets et surtout, et c’est bien là le problème, l’univers visuel est vraiment très moche, proche du gloubi-boulga.
Christophe Gans n’a jamais été réputé pour être un grand directeur d’acteurs et rarement dans La Belle et la Bête ses comédiens auront eu l’air aussi anesthésié. Dissimulé sous une fourrure numérique, Vincent Cassel ne transparaît absolument rien et ce n’est pas son ton monocorde qui arrange les choses, d’autant plus que les dialogues sont d’une confondante platitude. Cette Bête est laide, figée, transparente. Le décolleté de Léa Seydoux est bien mis en valeur et apporte le relief nécessaire à ce rôle insignifiant, souvent irritant, jamais attachant. Quant aux personnages secondaires… André Dussolier s’est refait la même tronche que dans Vidocq - c’est dire si cela partait mal - et compose un des personnages les plus agaçants de sa carrière. Le reste du casting, en particulier Audrey Lamy et Sara Giraudeau, est du même acabit.
Alors certes le paquet a été mis du côté des costumes, des décors, des effets spéciaux, mais tout cela au service d’une coquille vide d’émotions, sans rythme, sans âme. L’ambition est là, les moyens aussi. Ne manque que le talent nécessaire pour animer tout cela et transporter le spectateur. Gans déclare ne pas aimer la magnifique version de Disney. Pourtant, cela ne l’empêche pas de la piller à l’instar de la séquence de bal qui s’apparente entre ses mains à une séquence de Danse avec les stars. A côté de cela, les scènes s’enchaînent sur un mode automatique, le montage demeure franchement douteux et la magie tant espérée ne prend jamais.
Afin d’enfoncer le clou, le gagnant de l’émission musicale The Voice, Yoann Fréget, interprète la chanson du générique de fin.
Au secours.
La Belle est le Bête de Christophe Gans arrive en Blu-ray dans une version épurée un peu plus de 4 mois après sa sortie en salles. Le test a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
En guise d’interactivité, cette édition ne comporte que la bande-annonce du film. Il faudra attendre octobre 2014 pour l’édition Collector de La Belle et la Bête, qui comprendra entre autres des suppléments supervisés par Christophe Gans et un livre préfacé par le réalisateur.
C’est un poil décevant… L’apport HD pour La Belle et la Bête s’avère indispensable, même si ce Blu-ray est loin d’être chiadé comme nous l’espérions. Le point fort de cette édition demeure la restitution des (trop) nombreuses images de synthèse et la belle photo du chef opérateur Christophe Beaucarne (L’Ecume des jours, Coco avant Chanel), pleine de couleurs chatoyantes avec une prédominance de teintes pastel (vêtements, costumes, éléments de décors), bariolées, bigarrées, donnant vie aux dédales et habitants du château de la Bête. Le relief est indiscutable, la texture flatteuse et les teintes pimpantes.
Après, il est vrai que l’action limitée réduit la profondeur de champ, guère exploitée. Le film de Christophe Gans se déroule très souvent dans des espaces confinés, le château ou dans la maison de Belle. Mais le cinéaste a opté pour le cadre large et le spectateur aura l’impression d’être plongé au beau milieu de cette féerie. Notons toutefois un encodage VC-1 un peu feignant qui consolide l’ensemble comme il le peut, mais qui donne à la photo un aspect parfois voilé qui dénature sensiblement le piqué et le rendu des visages, sensiblement blafards, des comédiens, sur les séquences sombres notamment. Le léger grain cinéma est néanmoins respecté (belle patine), certains détails des décors sont plus notables qu’au cinéma, la luminosité est appréciable et les contrastes sont concis à souhait. Toutefois, nous attendons de voir si l’éditeur reprendra le même master en octobre pour l’édition Collector.
La piste DTS-HD Master Audio 5.1 bénéficie d’une large ouverture des enceintes frontales et délivre ses dialogues avec énergie sur les séquences en intérieur. Dommage que les latérales ne se contentent que du minimum syndical ! Elles parviennent à distiller quelques ambiances naturelles, surtout durant la tempête de neige au début du film, mais manquent singulièrement d’énergie et la spatialisation demeure décevante. La musique de Pierre Adenot (Les Emotifs anonymes) jouit en revanche d’une spatialisation percutante. En revanche, le caisson de basses attend la séquence des géants de pierre (à 1h30) pour se réveiller, mais cette fois encore nous attendions des effets nettement plus percutants !
La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle saisissante, alliant la musique, les dialogues et les effets avec une réelle homogénéité. Une piste Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.
Crédits images : © Pathé