Réalisé par David Michôd
Avec
Guy Pearce, Robert Pattinson et Scoot McNairy
Édité par Metropolitan Film & Video
Dix ans après l’effondrement de l’économie occidentale, les mines australiennes sont encore en activité, et cette industrie attire les hommes les plus désespérés et les plus dangereux. Là-bas, dans une société moribonde où survivre est un combat de chaque jour, plus aucune loi n’existe. Eric a tout laissé derrière lui. Ce n’est plus qu’un vagabond, un homme froid rempli de colère. Lorsqu’il se fait voler la seule chose qu’il possédait encore, sa voiture, par un gang, il se lance à leur poursuite. Son unique chance de les retrouver est Rey, un des membres de la bande, abandonné par les siens après avoir été blessé. Contraints et forcés, les deux hommes vont faire équipe pour un périple dont ils n’imaginent pas l’issue…
En 2011, le jeune cinéaste australien David Michôd créé l’événement avec son premier long métrage Animal Kingdom. Il lui aura fallu près de dix ans pour porter à l’écran un scénario qu’il n’avait cessé de remanier. Ce véritable coup de maître est aujourd’hui confirmé avec The Rover, coécrit avec le comédien Joel Edgerton, gros coup de poing dans l’estomac, véritable chaînon manquant entre Mad Max et La Route. Le réalisateur s’éloigne de ce qui a fait le succès de son premier film et livre un sublime objet de cinéma, qui joue avec les genres et s’apparente à un western road-movie dystopique et futuriste, magnifiquement filmé, cadré, photographié (en Super 35 qui plus est) et interprété par le caméléon Guy Pearce, à l’opposé de son rôle dans Animal Kingdom, et surtout Robert Pattinson, réellement bluffant et dont on découvre enfin le talent dans ce rôle d’handicapé mental.
Si dans son précédent long métrage David Michôd montrait Melbourne comme une ville angoissante et glaçante où régnait le désordre urbain, il reprend le thème de la société, ici post-apocalyptique indiquée par un « Australie, dix ans après la chute » en introduction, où toute morale a disparu.
Loin de la froideur clinique d’Animal Kingdom, The Rover est une véritable fresque ambitieuse où les hommes rescapés essayent de survivre sur la route aride, sans aucun but si ce n’est celui de continuer à respirer, à tracer la route sans but, en payant l’essence à prix d’or même si l’argent n’a plus aucune valeur. D’ailleurs, Eric, le personnage principal, n’a aucune autre ambition que celle de retrouver sa voiture volée devant ses yeux par trois malfrats, qu’il poursuit ensuite dans le désert. Un peu comme le Duc qui souhaite obtenir une compensation pour son tapis en quelque sorte…
David Michôd agrippe le spectateur à la gorge dès les premières séquences pour ne relâcher la tension qu’1h40 plus tard, sans jamais omettre l’émotion. Il y a du John Steinbeck dans The Rover, qui en vieil anglais signifie le vagabond ou le « chien », notamment du point de vue de la relation entre les personnages de Pearce et Pattinson, impressionnant dans le rôle du jeune bas de plafond qui renvoie parfois au Lennie de Des souris et des hommes. Leur relation évolue progressivement, tout comme Eric qui retrouve malgré lui confiance dans l’être humain.
Oeuvre difficile, étouffante, languissante, choquante, brutale, soutenue par une bande-son troublante et atmosphérique, The Rover nous laisse autant pantois d’admiration qu’épuisé comme si nous avions marché près de deux heures sous la chaleur écrasante dans la chaîne des Flinders. A couper le souffle.
Le test a été réalisé sur un check-disc. Pour la sortie de The Rover en Blu-ray, Metropolitan n’a pas repris le visuel de l’affiche du film pour la jaquette. Heureusement. Celui concocté pour l’occasion est nettement plus attrayant. Le menu principal est animé et musical.
L’éditeur joint dix minutes d’entretiens avec le réalisateur David Michôd et les acteurs Guy Pearce et Robert Pattinson, probablement à l’occasion de la présentation hors-compétition de The Rover au Festival de Cannes en 2014. Chacun s’exprime sur l’histoire, les thèmes explorés, la relation des personnages, le casting et leur collaboration.
S’ensuit un mini-reportage d’à peine 2 minutes, qui s’avère être une featurette promotionnelle constituée d’images de tournage, de rapides propos de l’équipe et de la présentation du film.
Metro se rattrape avec un petit documentaire de 8 minutes consacré à la musique, ou plutôt aux musiques de The Rover avec un montage qui indique quel est le morceau entendu durant telle ou telle séquence. Un mélange sophistiqué de compositions originales à la lisière de la trame sonore et de morceaux préexistants, allant du rock avant-gardiste de Tortoise aux expérimentations saxophoniques de Colin Stetson.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.
Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les magnifiques partis-pris esthétiques de la directrice de la photographie Natasha Braier (Fausta, Casse-tête chinois). Le piqué est constamment vif et acéré aux quatre coins du cadre large (jusque dans la barbe hirsute de Guy Pearce), la colorimétrie scintillante (la terre sableuse et poussiéreuse s’oppose au bleu-blanc du ciel australien), les contrastes d’une rare densité, la compression solide comme un roc et la définition subjugue à chaque plan. Ajoutez à cela un grain sensible qui flatte constamment la rétine et reflète le tournage en Super 35, un relief impressionnant et une clarté aveuglante sur certains plans diurnes. Toutefois, le rendu n’est pas optimal et les séquences nocturnes posent quelques problèmes avec une gestion aléatoire des noirs, de sensibles fourmillements ainsi qu’une perte des détails. Un apport HD omniprésent !
Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont omniprésents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun, tout comme celles de l’hypnotique et envoûtante bande-originale. La spatialisation est luxuriante.
Metropolitan livre également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Metropolitan Films