Réalisé par Stephen Frears
Avec
Gary Oldman, Alfred Molina et Vanessa Redgrave
Édité par Elephant Films
Lorsque la police découvre les corps du célèbre dramaturge Joe Orton et de son amant Kenneth Halliwell, l’agent littéraire d’Orton récupère le journal de l’écrivain. Plusieurs années après, un homme qui souhaite écrire la biographie d’Orton met la main sur le journal. Il y découvre le récit tourmenté des débuts difficiles du dramaturge et de sa relation passionnelle avec son amant, puis des années de gloire / John souhaite devenir acteur, il obtient une bourse pour étudier à l’école d’art dramatique de Londres. C’est là qu’il rencontre Kenneth Halliwell, un homme plus âgé que lui, sombre et cultivé, avec qui il se met en ménage. Ils écrivent des romans à quatre mains, sans percer. Jusqu’au jour où une pièce radiophonique de John est acceptée par la radio…
Alors qu’il vient de connaître son premier succès dans les salles avec My Beautiful Laundrette (réalisé au départ pour la télévision), le cinéaste britannique Stephen Frears, ancien assistant de Karel Reisz, enchaîne rapidement sur Prick Up Your Ears, évocation du destin tragique du dramaturge Joe Orton, figure de proue de la contre-culture britannique des années 60, à travers sa relation dévorante et destructrice avec Kenneth Halliwell, son amant jaloux et possessif. Mis en scène pendant les années Thatcher, Prick Up Your Ears impose Stephen Frears sur la scène internationale.
La virtuosité de la mise en scène, l’élégance de la photographie, le soin apporté à la reconstitution (le film a été tourné sur les véritables lieux où se sont déroulés les événements) et l’excellence de l’interprétation - Gary Oldman (découvert dans Sid et Nancy d’Alex Cox), Alfred Molina et Vanessa Redgrave en tête - font de Prick Up Your Ears un vrai film manifeste pour l’égalité des droits, marqué par une envie de se révolter, de rejeter les conventions, l’hypocrisie et la fausse bienséance de la politique menée par le Premier ministre conservateur depuis 1979, le tout emballé avec un humour noir qui fait mouche à tous les coups et une crudité des dialogues qui font encore siffler les oreilles de Christine Boutin.
Cette fable cynique et tragi-comique sur la création, l’amour libre, le succès et la rivalité n’a absolument rien perdu de sa verve et de son audace.
Prick Up Your Ears est édité en Blu-ray combo par Elephant Films, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique transparent contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.
En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos, des liens internet et des credits du disque, nous trouvons une bonne présentation de Prick Up Your Ears par Xavier Leherpeur (21’), journaliste et critique de cinéma. Notre interlocuteur ne manque pas d’arguments pour défendre le film de Stephen Frears. Les thèmes, mais aussi les personnages, la mise en scène, le réalisateur, le casting, tout ceci est abordé avec une passion contagieuse !
C’est avec un plaisir immense que nous redécouvrons ce film de Stephen Frears dans de pareilles conditions ! D’emblée, la colorimétrie s’impose par sa vivacité, le relief est très appréciable et le piqué est souvent tranchant pour un film qui date tout de même de 1987. Le chef-opérateur Oliver Stapleton (Une vie inachevée, La Proposition, Les Arnaqueurs) voit sa photo merveilleusement restituée avec ses lumières diffuses et offre un lot de détails conséquents. Certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable (merci au codec AVC) et les noirs denses. Seules les séquences sombres s’accompagnent d’un sensible bruit vidéo, mais cela demeure franchement anecdotique. N’oublions pas non plus la vertueuse restauration et propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories perceptibles sur l’ancienne édition SD sortie en 2007 chez Seven7. L’apport HD pour Prick Up Your Ears (le Blu-ray est au format 1080p) est loin d’être négligeable.
Etonnamment, seule la piste française a bénéficié d’une élévation en DTS-HD Master Audio 5.1, alors que la version originale est présentée en DTS-HD Dual Mono 2.0. La 5.1 instaure un très bon confort acoustique grâce à une petite spatialisation musicale, une délivrance solide des dialogues et une balance gauche-droite bien équilibrée. En revanche, les arrières sont souvent déséquilibrées, notamment quand les protagonistes situés hors-champs se font entendre sur les latérales de manière quelque peu artificielle. Privilégiez évidemment la piste anglaise, certes plus « plate », mais limpide, propre et naturelle.
Crédits images : © Elephant Films