Réalisé par Justin Lin
Avec
Colin Farrell, Rachel McAdams et Taylor Kitsch
Édité par HBO
Après la découverte d’un corps recouvert d’étranges scarifications, trois officiers de la police de différentes branches se retrouvent mêlés à une affaire bien plus sombre que prévu.
Classique instantané et chef-d’oeuvre, diffusée aux Etats-Unis dès le 12 janvier 2014 sur la désormais incontournable chaine HBO, à raison d’un épisode par semaine, la mini-série True Detective a immédiatement créé l’événement, tant auprès de la critique que des spectateurs. Interprété par Matthew McConaughey, Woody Harrelson et Michelle Monaghan, écrit par Nic Pizzolatto (The Killing (USA)) et mis en scène par Cary Fukunaga (Sin nombre, Jane Eyre avec Michael Fassbender), ce chef-d’oeuvre de huit heures s’est avéré l’égal des plus grands polars du cinéma et de la littérature. Un chaînon manquant entre les oeuvres de James Lee Burque et celles de James Ellroy.
True Detective se présente comme une anthologie, chaque saison ayant un casting et une intrigue spécifiques, sans aucun lien entre elles. Autant dire que la seconde saison était très attendue, d’autant plus que l’annonce du casting, Colin Farrell, Rachel McAdams, Taylor Kitsch, Kelly Reilly, Vince Vaughn, était on ne peut alléchant. Seulement voilà, la déception est de mise.
Fans de la première saison, n’attendez surtout pas une ambiance riche, hypnotique et provocante. Si les comédiens font le boulot, les intrigues entremêlées ne fonctionnent pour ainsi dire jamais ici. Si Cary Fukunaga avait gardé la main sur l’intégralité des épisodes de la saison 1, on dénombre pas moins de six réalisateurs pour les huit épisodes de la saison 2, dont John Crowley (Boy A), Justin Lin (Fast & Furious 3 à 6). On ne sait pas s’il s’agit de l’histoire, ou plutôt des histoires une fois de plus concoctées par Nic Pizzolatto, mais chaque épisode semble reprendre l’intrigue depuis le début, sans souffle. Qui plus est les personnages prennent trop souvent la pose en murmurant, faisant parfois lorgner l’ensemble sur une parodie du genre. Tout ce qui faisait la moelle de la saison 1, l’univers sombre, violent, psychologique, bouleversant, éprouvant, poisseux, fascinant, onirique, qui nous prenait à la gorge de la première à la dernière seconde, est totalement absent de cette saison 2 qui lorgne vers une version Reader Digest d’un roman noir.
Ce n’est évidemment pas une catastrophe comme a pu l’indiquer la critique américaine, c’est juste que c’est frustrant. Quelques fulgurances sauvent l’entreprise, à l’instar de la fusillade qui clôt le quatrième épisode, la BO de T. Bone Burnett, sans oublier l’intensité du sous-estimé Taylor Kitsch, le côté bad-ass de la sublime Rachel McAdams, la moustache frétillante et le regard de Droopy de Colin Farrell, ainsi que le retour de Vince Vaughn dans un registre dramatique. N’oublions pas le générique avec le Nevermind de Leonard Cohen.
Avec son rythme en dents de scie, ses emprunts maladroits à l’univers de David Lynch, l’absence d’alchimie entre les personnages, l’intérêt inégal porté à chacun des protagonistes et à la pseudo-affaire politico-criminelle, une fin à rallonge sans surprise, cette seconde saison ne peut que laisser un goût amer.
Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, est très beau. La mini-série est divisée en trois disques à la sérigraphie sobre. Le premier disque comprend les trois premiers épisodes, la deuxième galette les trois suivants, et la troisième les deux derniers avec l’ensemble des suppléments. Les menus principaux sont animés et bruités, identiques sur les trois disques. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.
Chaque épisode est accompagné d’un petit aperçu.
L’éditeur joint un commentaire audio du scénariste et créateur de la série Nic Pizzolatto et des quatre comédiens principaux, sur l’épisode 4, puis de Nic Pizzolatto, accompagné cette fois du producteur exécutif Scott Stephen, Colin Farrell et Vince Vaughn sur l’épisode 8. Malheureusement, ces commentaires sont disponibles en version originale non sous-titrée.
Le troisième disque comprend le reste des suppléments.
La séquence qui restera de cette seconde saison est celle du massacre de Vinci. Il n’est donc pas étonnant de trouver un module de 30 minutes consacré à la journée de répétition puis des quatre jours entiers de tournage nécessaires à cette scène qui clôt l’épisode 4. Les images de plateau sont étrangement présentées au ralenti, les propos de Nic Pizzolatto, des producteurs, du directeur de la photographie, du superviseur des cascades, des accessoiristes, des conseillers Navy Seal, du réalisateur Jeremy Podeswa éclairent la préparation et la mise en scène de la séquence.
Plus général, le making of suivant (10’), également composé d’images de tournage et d’interviews de l’équipe, donne un aperçu de la seconde saison. Les propos se focalisent essentiellement sur les personnages.
Cette deuxième saison est souvent marquée par des plans aériens de la Californie. Un petit clip de 4 minutes compile joliment ces moments.
Cette édition Blu-ray s’en sort mieux que celle de la première saison. L’éditeur frôle la perfection avec ce master HD au format 1080p (AVC) resplendissant et immaculé, uniquement marqué par quelques baisses de la définition sur les séquences les plus agitées. La photo est habilement restituée, le relief est sans cesse appréciable, le piqué est vif et acéré (notamment sur les teintes froides), les détails foisonnent sur le cadre, les noirs sont denses, les contrastes léchés et chaque source de lumière se révèle éclatante. Un vrai régal pour les mirettes !
Bien que seule la version originale bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, contrairement à la piste française proposée en DTS Digital Surround 5.1., le confort acoustique est total pour ces deux options acoustiques ! Ces deux mixages parviennent sans mal à créer une spatialisation. Rien que le sublime générique donne des frissons. Les dialogues sont exsudés avec force, peut-être un peu trop en français d’ailleurs, les effets et ambiances annexes sont riches, amples et variés. Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns et les sous-titres sont amovibles.
Crédits images : © HBO