Réalisé par Alejandro Amenábar
Avec
Emma Watson, Ethan Hawke et David Thewlis
Édité par Metropolitan Film & Video
Minnesota, 1990. L’inspecteur Bruce Kenner enquête sur un crime révoltant dont la jeune Angela accuse son père, John Gray. Lorsque John avoue sa culpabilité de façon tout à fait inattendue et sans garder le moindre souvenir des faits, le docteur Raines, un célèbre psychologue, est appelé à la rescousse. Il va devoir aider John à retrouver la mémoire, mais ce qu’ils vont découvrir cache un terrifiant mystère qui concerne le pays tout entier…
Réalisateur, scénariste, écrivain, monteur, acteur, producteur et compositeur né à Santiago du Chili en 1972, Alejandro Amenábar grandit à Madrid après la fuite de ses parents, réfugiés en Espagne après le coup d’Etat de Pinochet. Il abandonne ses études scientifiques pour se consacrer à sa grande passion, le cinéma. Véritable autodidacte, fan d’Alfred Hitchcock, Brian de Palma et Stanley Kubrick, Alejandro Amenábar commence par mettre en musique certaines nouvelles qu’il a écrites, avant de saisir une caméra. Agé de 20 ans, il réalise son premier court-métrage Himenóptero, puis Luna en 1995. Sa rencontre avec le grand réalisateur José Luis Cuerda est déterminante. Ce dernier l’encourage à mettre en scène son premier long métrage. Ce sera Tesis, un thriller horrifique qui reflète les inspirations du jeune cinéaste (23 ans) et son genre de prédilection en tant que spectateur. C’est une révélation. Alejandro Amenábar n’aura de cesse de confirmer son immense talent à travers des oeuvres aussi brillantes qu’éclectiques que Les Autres (2001), Mar adentro (2004) et le sous-estimé Agora (2009).
Voilà six ans que nous n’avions pas de nouvelles du cinéaste et autant le dire, Regression est une déception. Cette production hispano-canado-américaine, coproduite, écrite et réalisée par Alejandro Amenábar ne fonctionne pour ainsi dire jamais. Pourtant, il y avait tous les ingrédients réunis pour faire de ce suspense évoquant la régression, technique psychologique - en l’occurrence sous hypnose - utilisée afin de faire ressurgir des souvenirs, des sensations, chez un patient en le faisant passer d’un stade psychique supérieur à un stade plus primitif, une réussite. Si Ethan Hawke et David Thewlis sont comme d’habitude impeccables, c’est Emma Watson qui ne semble guère à sa place. La jeune comédienne surjoue éhontément et aucune de ses scènes ne semble juste.
Le retour au thriller ne semble pas avoir porté chance à Alejandro Amenábar qui signe un sixième long métrage presque indigne de lui. Avec son histoire qui s’inspire de faits divers mêlant des affaires d’abus et rituels sataniques survenus aux Etats-Unis dans les années 1980, on pense aux Les Envoûtés (The Believers) de John Schlesinger. Cette fois, le mélange des genres, thriller policier marqué par quelques touches horrifiques, ne prend pas une seconde. L’ennui s’installe rapidement et peu de séquences viennent ensuite troubler cet état quelque peu végétatif. Il n’en demeure pas moins qu’Alejandro Amenábar compose de très belles images et « recopie » habilement la forme des films de genre qui pullulaient au cinéma dans les années 1990.
Dommage que l’intrigue qui se voudrait intrigante et inspirée des thrillers paranoïaques du cinéma américain des années 70 tourne finalement à vide et que cette mauvaise série B n’interpelle jamais.
Le test a été réalisé sur check-disc. L’édition vendue dans le commerce est agrémentée d’un fourreau cartonné. Le menu principal est joliment animé et musical.
Pour cette édition Blu-ray, l’éditeur au cheval ailé nous livre une interview d’Alejandro Amenábar (9’) et une autre d’Emma Watson (6’), réalisées à l’occasion de la sortie de Regression dans les salles françaises. Ces entretiens classiques sont illustrés par quelques images de tournage et donnent quelques indications sur les intentions du cinéaste et le nouveau challenge de la jeune comédienne.
S’ensuivent un teaser, la bande-annonce, ainsi que diverses featurettes promotionnelles (10’) qui croisent à la fois les propos dithyrambiques de toute l’équipe sur le plateau, avec des images d’Alejandro Amenábar au boulot avec ses acteurs.
Metropolitan livre un superbe master HD de Regression, instaurant les plus belles et élégantes conditions pour ceux qui voudraient donner une deuxième chance au film d’ Alejandro Amenábar. Le cadre large et les contrastes sont ciselés, les détails abondent, la colorimétrie froide à dominante gris-bleue (comme l’affiche du film) côtoie un léger grain cinéma flatteur, le piqué est acéré et les noirs denses. La copie restitue toutes les volontés artistiques du chef opérateur Daniel Aranyó faisant la part belle à des dégradés de couleurs qui savent rester homogènes et riches. Le relief et la profondeur de champ sont omniprésents, l’encodage AVC est solide comme un roc, excepté sur quelques séquences en intérieur.
Un beau ramdam ! Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent fracassants.
L’éditeur joint également une piste française Audiodescription 2.0, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Metropolitan Films