Rusty James (1983) : le test complet du Blu-ray

Rumble Fish

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Francis Ford Coppola
Avec Matt Dillon, Mickey Rourke et Diane Lane

Édité par Wild Side Video

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 10/02/2017
Critique

Rusty James

Tulsa, Oklahoma. Russell « Rusty » James, encore lycéen, s’est imposé comme chef de bande. Il rêve de suivre les traces de son frère aîné, Motorcycle Boy : il fut chef de la bande la plus respectée de Tulsa, qu’il a quittée il y a longtemps. Rusty traîne son ennui entre deux combats avec la bande rivale et ses rencontres avec Patty. Motorcycle Boy réapparaît soudain, au bon moment pour venir au secours de Rusty dans une bagarre qui tourne mal.

Rusty James (Rumble Fish, 1983) se situe chronologiquement dans la filmographie de Francis Ford Coppola entre The Outsiders (une autre histoire de bandes rivales à Tulsa, dont le tournage venait de se terminer) et Cotton Club, peu d’années après la sortie de fresques ambitieuses, les deux premières parties de la saga Le Parrain (1972 et 1974) et Apocalypse Now (1979).

Je gâche ma vie à attendre quelque chose. À attendre quoi ?

Rusty James, l’adaptation d’un roman de S.E. Hinton, également auteur d’The Outsiders, s’écarte résolument du traditionnel récit d’affrontement entre bandes. Tout le récit est centré sur l’errance de Rusty, sa longue attente du retour problématique de son frère qui pourrait certainement lui donner les clefs permettant de trouver un sens à la vie.

Attente déçue : Motorcycle Boy est une image du passé, un souvenir effacé. Le frère aîné, rangé, n’est plus le bagarreur qu’il fut. Guidé, semble-t-il, par la sagesse des philosophes grecs, il s’est apaisé. Mais l’instinct de révolte reprend pourtant le dessus pour libérer de l’aquarium dans lesquels ils sont maintenus prisonniers les poissons combattants (rumble fish) qui ont donné leur nom au film.

Rusty James, une curieuse parabole, pourra dérouter certains. C’est une oeuvre isolée dans la filmographie de Francis Ford Coppola, à laquelle il avoue cependant tenir tout particulièrement.

Rusty James

Un sacré casting !

À l’affiche, Mickey Rourke dans son premier grand rôle, Matt Dillon, dans la foulée du tournage d’The Outsiders, et Nicolas Cage, Nicolas Kim Coppola pour l’état civil, le neveu du réalisateur, dans son tout premier vrai rôle, aux côtés de sa cousine Sofia Coppola, alors âgée de 12 ans, la jeune soeur de Patty, interprétée par Diane Lane (qui jouait aussi dans The Outsiders). On y voit aussi Tom Waits et deux acteurs de la grande aventure d’Apocalypse Now, Laurence Fishburne et Dennis Hopper.

Sans oublier la photo et la musique…

Dès les premières images, il est difficile de ne pas tomber sous le charme de la photographie de Stephen H. Burum, également chef opérateur d’Apocalypse Now et The Outsiders, mais qui fut aussi le complice de Brian De Palma, notamment pour Body Double (1984), Les Incorruptibles (The Untouchables, 1987), L’Impasse (Carlito’s Way, 1993) et M:I : Mission : Impossible (1996).

Avec des mouvements de caméra fluides et élégants, jamais gratuits, des angles de prise de vue insolites, mais cohérents avec le récit, il démontre un unique talent dans l’utilisation de la lumière pour créer, dans les nombreuses scènes de nuit, de magnifiques cadres en clair-obscur dans un style évoquant l’expressionisme allemand. Il joue aussi avec les ombres, par exemple dans cette courte séquence où celle de grilles recouvre en quelques secondes les pavés, à 42 minutes du début, suggérant la fuite inexorable du temps.

Pour la musique, Francis Ford Coppola a fait appel à Stewart Copeland, le percussionniste du groupe The Police, qui allait, après Rusty James, signer l’accompagnement musical de 75 films, téléfilms ou séries. Il fournit ici, une partition sophistiquée, en contrepoint de l’image.

Au fil du temps, Rusty James reste une sorte de poème triste en marge de l’oeuvre de Francis Ford Coppola.

Rusty James

Présentation - 5,0 / 5

Il manquait une édition à la hauteur de Rusty James, les précédentes éditions Universal, épuisées pour la plupart, avaient été distribuées sans bonus.

Wild Side a comblé ce manque, en grande pompe, avec cette superbe édition. Sort simultanément une édition Blu-ray single, avec tous les bonus vidéo de l’édition collector. Curieusement, pas de DVD single prévu.

Le film (94 minutes) est proposé avec ses suppléments vidéo (44 minutes) sur deux supports, Blu-ray (BD-50) et DVD-9. Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale, avec sous-titres imposés (souvent inutilement vulgaires : pourquoi traduire systématiquement fight par « baston » ?), ou un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0. sur le Blu-ray, et DTS Digital Surround ou Dolby Digital 2.0 sur le DVD.

L’extraordinaire édition (1,6 kg, pas un gramme de moins !) forme un livre-écrin de 230 pages sur fond noir, généreusement illustrées de photos en noir et blanc et en couleurs, principalement de plans de film et du tournage. Il contient aussi un texte de 45 pages d’Adrienne Boutang, normalienne, maître de conférences en cinéma et littérature anglophones, auteur d’une bonne vingtaine de communications sur des films ou séries américains. Ce texte, agréablement écrit, est divisé en plusieurs chapitres, La genèse (1) The Outsiders, La genèse (2) Rusty James, O Brother, where art thou?, La méthode Coppola : un auteur paradoxal, La jeunesse n’est plus ce qu’elle était, L’expressivité et l’écart, Rourke ou Dillon et Où sont les femmes ? Ce regard passionné, et passionnant, sur Rusty James, sait aussi sortir du cadre pour offrir un éclairage plus large sur le cinéma de Francis Ford Coppola.

Rusty James

Bonus - 5,0 / 5

En supplément, le commentaire audio de Francis Ford Coppola (VOSTF), addictif de bout en bout, livre, en vrac, des anecdotes sur le tournage, mais surtout des informations sur la réalisation, sur le montage du film, sur son accompagnement musical, sur la direction des acteurs… Et Francis Ford Coppola nous dit pourquoi ce film, certainement pas le plus connu de sa filmographie, est un de ceux qu’il préfère. De loin le meilleur des bonus.

Un généreux lot de scènes coupées (19’, time-coded, en 4/3, VOST) convainc immédiatement de l’utilité de la restauration du film, pour l’image et le son.

Making of à Tulsa (12’), enregistré en 2005, mais illustré d’archives du tournage, donne des informations précieuses sur la création du film. On y voit la naissance du storyboard, dessiné à la craie sur le tableau noir d’une classe du lycée où s’est installée l’équipe, les essais avec les acteurs, filmés en superposition avec un dessin extrait du storyboard, l’astuce utilisée pour faire apparaître les poissons en rouge et bleu, les ombres factices peintes sur la façade d’une maison…

Suit Au rythme des percussions (12’, également enregistré en 2005), un passionnant témoignage de l’implication de Francis Ford Coppola dans la création de l’accompagnement musical et du talent de Stewart Copeland.

Pour finir, une bande-annonce.

Rusty James

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), d’une absolue propreté, déploie un noir et blanc d’une parfaite stabilité, avec des blancs lumineux et des noirs denses, des contrastes fermes assurant une parfaite lisibilité dans les nombreuses scènes de nuit et une netteté surprenante qui permet de distinguer les détails en arrière-plan.

La réduction de bruit a éliminé toute trace de fourmillement, peut-être au point de mordre sur la ligne jaune : effacer trop le grain donne une apparence trop lisse aux visages dans certains gros plans.

Rusty James

Son - 5,0 / 5

La qualité du son DTS-HD Master Audio 2.0 de la version originale est stupéfiante : dynamique et ouverture du spectre (aigus cristallins, basses fermes) sont exceptionnelles pour un film tourné il y a 34 ans. Ce qui donne une présence spectaculaire aux percussions de Stewart Copeland et une parfaite restitution des dialogues.

Le doublage en français, techniquement irréprochable, souffre malheureusement d’un affligeant manque de naturel.

Rusty James

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

5,0
5
1
4
0
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 11 février 2017
Rusty James, un magnifique poème triste, singulier dans la filmographie de Francis Ford Coppola, attendait une édition à la mesure de l’attachement que porte le réalisateur à cette œuvre si particulière, si personnelle. Ce superbe coffret-livre de Wild Side répond à cette attente.

Lire les avis »

Multimédia
Rusty James
Extrait VF
Rusty James
Bande-annonce VOST
Rusty James
Extrait VOST

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)