Réalisé par Eric D. Howell
Avec
Emilia Clarke, Marton Csokas et Caterina Murino
Édité par Marco Polo Production
Verena, une jeune gouvernante pousse la grille rouillée d’un manoir isolé de Toscane où elle a été embauchée pour s’occuper de Jakob, un garçonnet devenu mutique depuis la mort de sa mère, survenue sept mois plus tôt. Plusieurs personnes se sont succédées auprès de lui sans obtenir le moindre résultat : Jakob écoute sa mère, l’oreille collée aux murs de la bâtisse, et refuse toujours de parler. Verena est accueillie par le père de Jakob, Klaus, un sculpteur…
La sortie d’un premier long métrage excite souvent la curiosité, pour peu qu’il ait un titre et un casting accrocheurs. La présence, dans le rôle principal d’Emilia Clarke, la Daenerys Targaryen de Game of Thrones (Le Trône de Fer), ne manque pas d’attirer l’attention.
Voice from the Stone est le premier film d’Eric D. Howell, régleur de cascades, sa dernière prestation dans cette spécialité remontant à A Serious Man, réalisé par les frères Coen en 2009. Ceux qui auraient parié pour un film d’action auraient perdu leur mise : le réalisateur a choisi, à des années lumière de ce genre, d’adapter une œuvre du poète et romancier Silvio Raffo, La Voce delle pietra, publiée en 1996.
Voice from the Stone réussit à dégager une ambiance mystérieuse qui rappelle inévitablement, notamment par la proximité de son thème, Les Innocents, l’adaptation faite par Jack Clayton en 1961 de la nouvelle de Henry James, The Turn of the Screw.
Si la comparaison avec un des chefs-d’œuvre du genre peut difficilement tourner à l’avantage de Voice from the Stone, on doit cependant lui faire bonne justice et lui reconnaître quelques mérites. Grâce à l’aspect délicatement voilé de la photographie qui teinte de mystère décors et paysages. Grâce à une confusion, entretenue par le scénario, chez l’actrice principale, comme chez le spectateur, entre illusion et réalité, génératrice d’inquiétude, sans qu’aucun jumpscare, visuel ou sonore, n’ait dû être appelé à la rescousse.
Il faut aussi saluer le talent des interprètes, en particulier celui d’Emilia Clarke, cheveux bruns tirés vers un chignon serré que la nuque, qui saisit au vol, dans la foulée d’Avant toi (Me Before You), une autre occasion de démontrer, par la sensibilité et la sensualité diffusées par son jeu, que son registre ne se limite par au seul emploi de « mère des dragons ».
Distribué directement en vidéo en France, Voice from the Stone vaut pourtant mieux que nombre de films qui sortent dans nos salles pour l’originalité de son thème et la délicatesse de sa réalisation.
Voice from the Stone (90 minutes) tient sur un Blu-ray double couche. Le menu animé et musical offre le choix entre la version originale (en anglais et italien), avec sous-titres imposés, et doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.
Sort simultanément une édition DVD.
Aucun bonus vidéo, pas même les maigres suppléments qui accompagnaient l’édition Momentum Pictures sortie en janvier aux USA.
L’image (2.35:1, 1080p, AVC) souvent légèrement voilée, par la brume dans les extérieurs, par des éclairages en contrejour dans les intérieurs, avec des couleurs estompées, garde une délicate finesse qui s’accorde au climat du film. La lisibilité ne pose aucun problème, y compris dans les scènes bleutées de nuit, aux noirs bien denses.
Le son DTS-HD Master audio 5.1 de la version originale restitue clairement les dialogues et donne de l’ampleur au bel accompagnement musical, tout en procurant une sensation d’immersion dans l’environnement par une utilisation cohérente des voies latérales, sans aucun recours aux artifices destinés à faire sursauter. Mêmes caractéristiques pour le doublage en français, peu naturel, avec une sensible réduction des graves dans les dialogues.
Crédits images : © Zanuck Independent, Code 39 Films, Producer Capital Fund