Réalisé par Laurent Tirard
Avec
Jean Dujardin, Mélanie Laurent et Noémie Merlant
Édité par Studiocanal
1809 en France.Le capitaine Neuville, grand séducteur, vient demander sa main à la jeune Pauline, sous le regard méfiant d’Elisabeth, la soeur de cette dernière. Mais Neuville est appelé au front et Pauline reste sans nouvelles. Alors qu’elle dépérit peu à peu, Elisabeth prend la plume et commence une correspondance avec Pauline, sous le nom de Neuville, faisant de lui un véritable héros de guerre.Mais le capitaine finit par réapparaître, au grand dam de la jeune femme…
Avant même la sortie du conceptuel (et peu réussi il faut bien le dire) Un homme à la hauteur, Jean Dujardin et Laurent Tirard avaient déjà décidé de remettre le couvert. Enchantés par leur expérience commune, l’acteur et le réalisateur jettent alors sur leur dévolu sur une nouvelle comédie, mais en costumes cette fois. Jean Dujardin a très souvent été comparé à son modèle Jean-Paul Belmondo. C’est encore une fois inévitable dans Le Retour du héros, qui lorgne sur Les Mariés de l’an Deux de Jean-Paul Rappeneau et sur L’Incorrigible de Philippe de Broca. Moustache brillante, l’oeil riant, le comédien revient en très grande forme et se délecte dans ce rôle (écrit pour lui) qui lui permet de laisser libre cours à sa fantaisie. On peut d’ailleurs dire la même chose pour Laurent Tirard qui après s’être égaré quelque peu avec Astérix & Obélix au service de sa Majesté (2012), Les Vacances du petit Nicolas (2014) et Un homme à la hauteur (2016), retrouve l’inspiration et la verve qui faisaient les très grandes réussites de ses deux premiers longs métrages Mensonges et trahisons - Et plus si affinités (2004) et Molière (2007). Le Retour du héros est d’ailleurs très proche de ce dernier et prouve que le cinéaste est très à l’aise dans le genre en maniant l’humour et l’élégance quasi-anglo-saxons, tout en l’inscrivant dans un genre pourtant bien français, en évitant heureusement l’aspect franchouillard et vaudeville désuet. Preuve de la réussite de son dernier film, même Mélanie Laurent apparaît à l’aise, crédible, charismatique et drôle. C’est dire si le pari est réussi.
En 1809, pendant la période du Premier Empire. Le capitaine Charles-Grégoire Neuville, fringant hussard, demande la main de Pauline Beaugrand, une jeune fille de bonne famille habitant un château dans une petite ville de Bourgogne, et reçoit un accord enthousiaste des parents. Mais alors que tout le monde se réjouit, il reçoit soudain l’ordre de partir immédiatement au combat, l’offensive contre les Autrichiens a commencé. Sur le point de partir, il promet à Pauline de lui écrire une lettre tous les jours. Mais le séducteur se révèle bien oublieux. Des jours, des semaines, des mois durant, Pauline ne reçoit rien. Elle finit par en dépérir. Sa soeur Elisabeth, angoissée à son sujet, et seule de la famille à se méfier du capitaine, décide de prendre les choses en main. Elle écrit à Pauline une fausse lettre en se faisant passer pour Neuville. Cette lettre, très romantique, comble de joie Pauline et les parents. Pauline répond immédiatement à Neuville une nouvelle lettre, à laquelle Elisabeth se retrouve obligée de répondre à son tour. Une véritable correspondance est entamée. Cette correspondance a le plus grand succès auprès de Pauline, des parents, et même du château et de toute la ville. Elisabeth a une imagination débordante et un don pour l’écriture, et elle bâtit une véritable aventure épistolaire pleine de rebondissements. Mais la jeune femme commence à sentir qu’elle en fait trop. Elle décide de tout arrêter, et de faire mourir le héros. « Neuville » annonce sa mort certaine et envoie ses derniers voeux à Pauline, de la façon la plus héroïque et romantique qui soit. Pauline, éplorée, se résout à épouser un autre homme de sa connaissance, Nicolas. Le temps passe. Trois ans après ce dénouement, un événement bouleverse tout. Alors qu’Elisabeth est en ville, elle voit arriver le coche, et quelle n’est pas sa surprise de voir en sortir le capitaine Neuville, devenu un vagabond.
Sans égaler évidemment les plus grands modèles du genre, Le Retour du héros retrouve ce souffle propre aux films populaires français des années 1960 et 1970. La mise en scène de Laurent Tirard est très réussie, les décors superbes, le rythme enlevé et les acteurs semblent véritablement s’amuser à se donner la réplique, drôle, piquante et pleine d’esprit. Le Retour du héros est donc également celui du metteur en scène et de son comédien principal, que nous n’avions pas vu aussi à la fête depuis le second épisode d’OSS 117, c’était alors il y a près de dix ans. Fringant, dynamique, explosif, la maturité lui donnant plus d’épaisseur et de charme, Jean Dujardin trouve incontestablement ici l’un de ses meilleurs rôles à travers ce personnage lâche, fourbe, séducteur et sans scrupules. C’est également le cas pour sa partenaire Mélanie Laurent. Là où l’actrice faisait souvent rire malgré-elle dans le registre dramatique en en faisant toujours des caisses, elle se révèle être particulièrement à l’aise dans le registre de la comédie, comme elle l’était dans Dikkenek - Grande gueule de Olivier Van Hoofstadt (2006) avant qu’elle ne reçoive le César du meilleur espoir pour Je vais bien, ne t’en fais pas. de Philippe Lioret (2006).
Le couple vedette, d’ailleurs très bien accompagné de Noémie Merlant (révélation de Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar) fonctionne parfaitement et les voir se débattre comme chien et chat, même si l’on devine très vite quels sentiments se cachent derrière ces affrontements, fait entre autres la grande réussite du Retour du héros.
Le test du Blu-ray du Retour du héros, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est lumineux, animé et musical.
Le premier module est un making of (13’). Le réalisateur et les comédiens abordent la genèse et les intentions du Retour du héros, à savoir le désir de renouer avec cette grande tradition du film français à costumes et la comédie d’aventures. De nombreuses images de tournage viennent illustrer tous ces propos souvent très intéressants et qui ne tombent pas trop dans l’autosatisfaction ou les compliments dithyrambiques.
Nous passons ensuite à un documentaire centré sur l’enregistrement de la musique du film (21’). Le compositeur Mathieu Lamboley, la mezzo-soprano Catherine Trottman et divers collaborateurs reviennent sur chaque étape de la création du thème principal du Retour du héros, sur leurs intentions, ainsi que sur leur association avec Laurent Tirard. Des images de diverses sessions d’enregistrement sont également disponibles.
L’interactivité se clôt sur un lot de scènes coupées (11’), plus ou moins réussies et retirées du montage pour des raisons de rythme ou en raison de leur redondance. Laurent Tirard commente également ces séquences et l’on regrette qu’il ne l’ait pas fait pour le film.
Studiocanal livre un master HD absolument parfait. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est omniprésente, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble, la luminosité ravit constamment les yeux. Un très bel écrin pour l’élégante photo du prolifique chef opérateur Guillaume Schiffman.
Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est saisissante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à l’immersion totale du spectateur. La musique bénéficie d’un traitement de faveur sans pour autant dénaturer l’intelligibilité des voix des comédiens. N’oublions pas le caisson de basses qui tire habilement son épingle du jeu à de multiples reprises, surtout durant l’assaut final. L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Christophe Brachet - JD Prod - Les Films sur Mesure