Réalisé par John Stockwell
Avec
Halle Berry, Olivier Martinez et Luke Tyler
Édité par Metropolitan Film & Video
Afrique du Sud, 2010 : Cape Town puis au large de Seal Island et de Shark Alley. Une plongeuse, capable de nager en compagnie des grands requins blancs, assiste à l’attaque de son coéquipier qui est tué durant un documentaire tourné par son époux cinéaste. Un an plus tard, dépressive et criblée de dettes, elle accepte pour 100 000 € de superviser l’expédition maritime organisée par un riche londonien qui veut plonger et nager en compagnie de son fils, au milieu des grands requins blancs. Bientôt excédée par le comportement de son client mais aussi désireuse de vaincre sa propre peur, elle fait route vers la zone marine la plus dangereuse. Une vague de fond retourne le navire et sa cage anti-requins. La nuit tombe. Or c’est durant la marée nocturne que chassent les prédateurs les plus dangereux.
Dark Tide (GB-USA-AFS-FR-ALL 2011) de John Stockwell sort en « direct-to-vidéo » avec 7 ans de retard chez nous. Mieux vaut tard que jamais car, en dépit des mauvaises mais injustes critiques anglo-saxonnes qu’on peut en lire, il résiste bien à une seconde vision et s’avère même passionnant tant historiquement que esthétiquement. C’est une production au budget important (tournée en partie en Afrique du Sud, en partie aux studios anglais de Pinewood), bien interprétée, remarquablement réalisée et photographiée. Elle se veut expressément écologique ainsi qu’en témoignent les « facts » énoncés tout en bas de son générique de fin, plaidant pour la survie et la protection des requins. L’aspect et les dimensions du « Carcharodon Carcharias » ne sont pas un objet du suspense comme ils l’étaient dans Bleue est la mer, blanche est la mort (USA 1971) de Peter Gimble et James Lipscomb, Les Dents de la mer (Jaws) (USA 1975) de Steven Spielberg ou bien encore dans The Reef (Australie 2010) de Andrew Traucki. Le moteur de l’action et du suspens est l’opposition tragique de deux personnage également suicidaires (la plongeuse et son commanditaire) refusant d’admettre la réalité, risquant la mort et la faisant risquer aux autres en raison de leur démesure. Ceux qui ont vu le très inquiétant et efficace Vacances d’enfer (Paradise Lost) (USA 2006) de John Stockwell, se souviennent des belles séquences sous-marines qu’il contenait. C’est a fortiori le cas ici.
Sur le plan zoologique, John Stockwell aurait déclaré que les grands requins blancs (Carcharodon Carcharias) filmés dans Dark Tide s’avérèrent beaucoup plus nerveux et dangereux que ceux auxquels il avait eu affaire lorsqu’il avait réalisé Bleu d’enfer (Into the Blue) (USA 2005) : dont acte. La femelle géante suivie à la trace par une balise prouvant qu’elle a parcouru 11000 km en 99 jours de l’Afrique du Sud à l’Australie, s’inspire des recherches zoologiques menées avec passion depuis 1970 sur cette race si remarquable de prédateurs géants. Elle annonce la vogue des nombreux documentaires vidéo numériques plus ou moins longs qui se multiplient depuis 2010 sur le Carchardon carcharias et qui sont archivés en ligne sur internet.
Sur le plan de l’histoire du cinéma, les performances de la plongeuse sont une extrapolation - impressionnante - de celles autrefois vues dans le documentaire Bleue est la mer, blanche est la mort à cette différence près qu’en 1971, on nageait (brièvement et en groupe armé) avec de grands requins océaniques très dangereux mais pas avec le grand requin blanc en raison de l’agressivité de l’unique spécimen filmé par l’équipe alors qu’en 2011 la chose semble possible. le bateau et sa cage sont dimensionnés approximativement comme dans Les Dents de la mer. Le personnage de la femme capitaine intransigeante sur la sécurité des passagers mais incapable de l’assurer, provient peut-être d’une extrapolation de celle qu’on voyait dans Open Water : En eaux profondes (USA-HK 2003) de Chris Kentis. L’idée de la seconde partie de Dark Tide, à savoir le naufrage du navire et de sa cage anti-requins, sera reprise dans Open Water 3 : Les abîmes de la terreur (USA 2017) de Gerald Rascionato. Elle est réalisée par Stockwell avec une ampleur plastique bien supérieure, écran large oblige.
1 Blu-ray 50 Metropolitan édité le 15 décembre 2018. Durée 89 min. environ. Image 2.40 couleurs, 1080p, compatible 16/9 en DTS HD Master Audio 5.1. VF et VOSTF. Bonus : version longue 113 min en VOSTF seulement.
Le seul bonus est une version longue dotée elle aussi d’une excellente définition vidéo au format 2.40 couleurs, compatible 16/9 (durée 113 min. environ alors que la version standard est de 89 min. environ) qui apporte d’assez nombreux plans de coupe supplémentaires (plans d’ensemble magnifiques de la mer et du Cap au soleil levant) et quelques séquences supplémentaires en général brèves, telle que celle où Halle Berry écoute dans son SUV la radio annonçant la mort d’un nageur attaqué par un grand requin blanc. Une séquence nocturne justifie cependant, à elle seule, qu’on la visionne : celle des braconniers décimés par les « Carchardons Carcharias » alors qu’ils ramènent à la nage des coquillages précieux mais protégés. Elle est bien réalisée et montée mais totalement absente de la version courte. A noter que c’est cette version longue de 113 min. environ qui fut éditée en 2012 par Lions Gate en Blu-ray aux USA. : elle est au total plus riche graphiquement et plus belle plastiquement que la version courte, presque mécaniquement en raison de la haute qualité plastique de chaque plan rajouté.
Aucun autre supplément vidéo : ni commentaire audio, ni « making-of », ni galerie affiches et photos, ni bande-annonce. Un peu léger pour un tel film mais l’édition américaine Blu-ray Lions Gate de 2012 était encore plus légère sur ce plan puisqu’elle présentait cette version longue comme film principal, ne connaissait pas la version de 89 min. et ajoutait simplement une bande-annonce d’un peu moins de 2 min. Cette édition française Metropolitan est donc meilleure que l’édition américaine puisqu’elle nous permet de comparer les deux montages. Le titre mériterait cependant un jour une authentique édition collector.
Format 2.40 compatible 16/9. Copie argentique en parfait état. Excellente numérisation. Colorimétrie parfaite. Les séquences sous-marines de la partie finale, où l’eau est plus sombre, sont les plus impressionnantes plastiquement et sont techniquement ahurissantes de netteté. Ces remarques sont valables autant pour la version standard de 89 min. que pour la version longue de 113 min. Certains plans subjectifs de caméra sous-marine sont identifiés par un affichage vidéo et des compteurs en temps réel mais leur format et leur définition sont les mêmes que ce lui du restant du métrage.
VOSTF et VF en DTS HD Master Audio 5.1 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VF est dramaturgiquement bonne, les voix françaises collent bien aux personnages. La VOSTF, qu’il s’agisse de la version standard ou de la version longue en bonus, offre une ampleur supérieure, notamment concernant la restitution des effets sonores et de la musique, surtout dans la dernière partie située au large de Shark Alley, diurne puis nocturne. C’est la plus spectaculaire et la plus riche du point de vue sonore, notamment durant les séquences sous-marine, où des effets sonores appuient les brusques irruptions des monstres dans le champs visuel, augmentant encore la tension.
Crédits images : © Metropolitan Films