Réalisé par Max Pécas
Avec
Valérie Boisgel, Yan Brian et Emmanuelle Parèze
Édité par LCJ Editions & Productions
Gérard Casanova est un séducteur parisien qui monnaye ses charmes réputés auprès d’une clientèle féminine variée, attirée par son nom emblématique (mais parfois lourd à porter) qu’il reçoit dans son appartement bien décoré. Son succès est tel et sa liste de rendez-vous si longue qu’il ne suffit bientôt plus à la tâche et s’avère contraint de prendre un associé : son barman favori qui se révèle relativement doué ! Jusqu’au jour où Gérard rencontre le véritable amour en la personne de la jeune et romantique Céline, une voisine décidée à lui faire abandonner sa vie dissolue.
Sexuellement vôtre(France 1974) produit, écrit et réalisé par Max Pécas fut tourné en juillet 1974, reçut son visa en octobre 1974 et fut exploité en exclusivité en novembre 1974. C’est donc l’un des derniers films érotiques français distribués juste avant l’année 1975, la fameuse année charnière où débute son quasi-remplacement par le cinéma X hardcore sur les écrans français de 1975 à 1995. Il avait reçu une critique assez savoureuse dans la revue Positif n°165 de janvier 1975. Son titre est une allusion amusante (qu’il faut aujourd’hui préciser alors qu’elle était évidente à l’époque) à celui de la série TV anglaise Amicalement vôtre (The Persuaders) produite par Robert S. Baker avec Roger Moore et Tony Curtis, alors très populaire chez nous. Son thème est, comme celui de nombreux autres films érotiques signés par Pécas à cette époque, la faillite de la luxure (si séduisantes soient parfois ses incarnations) et le triomphe de l’amour véritable. Il est enrobé dans une comédie de situations aux dialogues lourds et vulgaires mais parfois alertes et savoureux (quelques commentaires sont même adressés à la caméra et au spectateur : procédé du Nouveau théâtre repris au cinéma par des cinéastes aussi divers que Vittorio Cottafavi et Max Pécas), sans oublier une allusion au cabaret androgyne Le Carrousel de Paris.
Le duo formé par les deux héros masculins hérite assez vite de l’ancienne complicité entre valets et maître dans les comédies théâtrales antiques grecques et romaines, puis médiévales et modernes françaises, jusqu’au dix-neuvième siècle inclus. Le personnage du domestique, muni d’un gilet à rayures jaunes et noires, sera largement repris par le cinéma érotique français durant la période 1975-1985 : signifiant sociologique presque disparu et totalement démodé mais qui persistait obstinément au théâtre et au cinéma. Par-delà ces divers aspects (sans oublier une publicité récurrente pour un sirop aphrodisiaque au flacon et à l’étiquette filmé en gros plan), le film vaut d’abord pour son casting féminin dominé par les belles Valérie Boisgel, Tania Busselier, Emmanuelle Parèze (le prénom de cette dernière bizarrement orthographié au générique d’ouverture ; notez que quelques noms supplémentaires sont affichés à un second générique de fin) sans oublier les deux belles créatures de la séquence finale. Côté masculin, Ian Brian campe un séducteur paradoxalement sincère et parfois désabusé ; Michel Vocoret joue un personnage enfantin et équivoque, mi-roublard mi-naïf. Complice habituel de Pécas de 1960 à 1975, il aurait contribué (non crédité) à l’adaptation et aux dialogues du scénario. Il signera par la suite comme réalisateur quelques comédies. La photo baroque aux couleurs vives de Robert Lefebvre contribue à l’aspect onirique de certaines séquences, à l’aspect « numéro de cabaret » de certaines autres : la claire fermeté du montage et de la mise en scène assure cependant l’unité esthétique de l’ensemble.
1 Blu-ray BD25 édité par LCJ le 09 avril 2024. Image format 1.66 Eastmancolor compatible 16/9, 1920 x 1080p AVC. Son VF en Dolby audio / DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Durée du film 86 min. environ. Illustration de jaquette et sérigraphie reprenant une des affiches d’époque. Aucun bonus mais l’essentiel est bien présent, à savoir une copie argentique restaurée en bon état général. Transfert vidéo soigné qui restitue sa fraîcheur à l’Eastmancolor aux jolies couleurs parfois baroques de la photo signée Robert Lefebvre. Piste son bien nettoyée : dialogues, musique et effets sonores sont nets et dynamiques. Au moins une séquence reprend la musique déjà composée par Derry Hall pour Claude et Greta / Les Liaisons particulières.
Crédits images : © Les Films du Griffon