Réalisé par Nina Companeez
Avec
Francis Huster, Nathalie Delon et Brigitte Bardot
Édité par Éditions Montparnasse
Colinot est un jeune paysan du XVe siècle, surnommé Trousse chemise, qui, ses vingt ans venus, s’éprend d’une jeune paysanne, Bergamotte. Le jour des accordailles, Bergamotte disparaît, enlevée on ne sait par qui. Dans sa quête pour la retrouver, Colinot est confronté à des bandits de grands chemins et à nombre de jeunes et jolies femmes…
L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise, sorti en 1973, est deuxième long métrage écrit et réalisé par Nina Companeez, après Faustine et le bel été, sorti un an avant.
Fille de Jacques Companéez (1906-1956), auteur de près d’une centaine de scénarios, notamment de Forfaiture (Marcel L’Herbier, 1947), Les Bas-fonds (Jean Renoir, 1936), Les Maudits (René Clément, 1947), Casque d’Or (Jacques Becker, 1952)… elle entra dans l’univers du cinéma en 1961 en étant, pendant une dizaine d’années, monteuse de dix films et scénariste de treize films de Michel Deville. Ses talents de scénariste furent salués en 1993 par le Grand prix de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) et elle dut sa réputation de réalisatrice à la mise en scène de remarquables miniséries, telles Les Dames de la côte (1979), L’Allée du Roi (1995), Un Pique-nique chez Osiris (2000).
L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise, prend la forme d’un conte médiéval suivant la quête, commentée par des chansons, de son aimée par Colinot, un héros fragile rappelant celui que Nina Companeez avait imaginé en 1968 pour le Benjamin ou les mémoires d’un puceau de Michel Deville. Confronté à des bandits de grands chemins et, surtout, à beaucoup de jolies femmes peu farouches, c’est, le plus souvent, le hasard qui l’aidera à tenir la promesse de rester fidèle à Bergamotte.
La grivoiserie teintée de burlesque des dialogues et des images fut loin de séduire la critique : le film fut un échec commercial, en dépit de la présence dans trois scènes de Brigitte Bardot qui fit là sa dernière apparition sur les écrans.
Bien qu’il soit plutôt divertissant, avec une profusion de costumes, et bénéficie, pour la photo, de l’expertise de Ghislain Cloquet (notamment chef-opérateur en 1966 d’un des chefs-d’oeuvre de Robert Bresso, Au hasard Balthazar) qui recevra l’Oscar de la meilleure photo en 1981 pour Tess de Roman Polanski, L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise manque un peu de rythme et souffre d’une direction des acteurs faiblarde.
L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise, tourné dans le Périgord, rassemblait pourtant une belle distribution. Colinot, c’est Francis Huster, alors le compagnon de Nina Companeez, dans son troisième rôle au cinéma après La Faute de l’abbé Mouret (Georges Franju, 1970) et Faustine et le bel été. Bergamotte, c’est Ottavia Piccolo, révélée dix ans plus tôt par Le Guépard (Il Gattopardo, Luchino Visconti, 1963), puis par Le Chevalier de Maupin (Madamigella di Maupin, Mauro Bolognini) qui mériterait bien une édition vidéo. On y voit aussi Alice Sapricht sous l’armure d’un chef de guerre, Bernadette Lafont au milieu de naïades. Côté hommes, Julien Guiomar, Rufus, Francis Blanche, Jean-Claude Drouot, popularisé par le rôle-titre de la série Thierry la Fronde (1963-1966, 52 épisodes).
Les Éditions Montparnasse offraient déjà dans leur catalogue quatre réalisations importantes de Nina Companeez, Les Dames de la côte, Crébillon fils - La nuit et le moment, L’Allée du roi et À la recherche du temps perdu. C’était une bonne idée d’y ajouter ses premiers films, tournés en des temps où les réalisatrices françaises se comptaient sur les doigts des deux mains.
L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise (107 minutes) et son supplément (18 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans le traditionnel boîtier bleu.
Le film est proposé au format audio Linear PCM 2.0 mono.
Une édition DVD est disponible avec le même contenu.
Entretien avec Aurore Renaut (2024, 18’), coautrice avec Myriam Tsikounas de Nina Companeez : petit écran et grande histoire (Éditions de la Sorbonne, septembre 2024). Nina Companeez, fille du scénariste Jacques Companéez, une de la dizaine de réalisatrices françaises du début des années 70, dans les scénarios qu’elle écrit pour Michel Deville et qu’elle écrira pour ses films ou pour la télévision, crée des personnages féminins forts « qui prennent en main leur destin (…) même si elle ne remet pas en question le patriarcat ». C’est la productrice Mag Bodard qui lui permettra de réaliser son premier film, Faustine ou le bel été, puis L’Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise, « un conte philosophique à la Candide, en forme de fabliau », avec un personnage « à la masculinité fragile ». Nina Companeez obtiendra la notoriété en tant que réalisatrice avec des « miniséries historiques de prestige ».
Rien ne nous est dit sur la restauration, mais l’image, au ratio d’origine de 1.66:1, réencodée au standard 1080p, AVC, soigneusement débarrassée des marques de dégradation de la pellicule, affiche des couleurs vives et bien étalonnées. La résolution est correcte, un peu douce toutefois pour révéler tous les détails des plans larges, mais on apprécie la préservation du grain du 35 mm.
Le son mono d’origine, réencodé au standard non compressé Linear PCM 2.0, très propre lui aussi, bénéficie d’une dynamique et d’une ouverture de la bande passante assurant la clarté et le réalisme des dialogues, de la musique et de l’ambiance, dans un bon équilibre.
Crédits images : © PECF, Parc Film, Produzione Intercontinentale Cinematografica