Réalisé par Philippe Labro
Avec
Jean-Claude Bouillon, Prudence Harrington et Catherine Allégret
Édité par Éditions Montparnasse
Le journaliste Philippe Marlot revient en France après deux années passées aux USA. Il doit livrer à son journal une série d’articles, au moins un par semaine, sur les gens que les hasards de ses déplacements en auto-stop lui feront rencontrer. Il cherchera aussi à savoir ce qu’est devenue Laura, son ex-épouse, dont les parents sont sans nouvelles depuis deux ans…
Tout peut arriver, sorti en 1969, est le premier des sept longs métrages que réalisa Philippe Labro jusqu’à Rive droite, rive gauche, sorti en 1984, édité en 2009 dans le coffret Philippe Labro - 4 films. Journaliste, il devint grand reporter au Figaro, chroniqueur au Journal du dimanche et à Paris Match, entama une carrière d’écrivain avec le roman Un Américain peu tranquille sur la vie d’Al Capone, s’investit dans la radio et la télévision, notamment en contribuant à plusieurs émissions du magazine 5 Colonnes à la une créé par Pierre Lazareff, écrivit les paroles de chansons, notamment pour Johnny Halliday…
Tout peut arriver est le plus méconnu de ses films. Jamais édité en vidéo, il avait attiré moins de spectateurs que les autres, L’Héritier (1973) et L’Alpagueur (1976), tous deux avec Jean-Paul Belmondo en tête d’affiche. Sans mobile apparent, son second long métrage, sorti en 1971, une adaptation du roman policier Ten Plus One d’Ed McBain, est pour moi son meilleur film.
Le personnage principal de Tout peut arriver, Philippe Marlot, est un clin d’oeil évident à Philip Marlowe, le détective imaginé par Raymond Chandler qui inspira une trentaine de films et téléfilms et une quarantaine d’épisodes de séries, et fut immortalisé en 1946 par Humphrey Bogart dans Le Grand sommeil (The Big Sleep) de Howard Hawks. Ce personnage, un journaliste français revenant des USA, c’est Philippe Labro. Il propose, au hasard de ses rencontres avec plusieurs personnes, sa vision impressionniste de la France quelques mois après les secousses de mai 1968. Le récit, délibérément fragmenté, suit toutefois un fil rouge, la recherche par Philippe Marlot de Laura.
Avec l’appui de la productrice Mag Bodard, Philippe Labro a pu bénéficier de l’aide du directeur de la production Philippe Dussart (Le Mépris, Bande à part, Les Parapluies de Cherbourg…) et, pour la photographie, de l’expérience de Willy Kurant, déjà démontrée en 1966 par sa collaboration avec Jean-Luc Godard pour Masculin féminin (1966) et avec Alain Robbe-Grillet pout Trans-Europ-Express.
Un bon choix de distribution, celui de Jean-Claude Bouillon, dans son premier grand rôle après une courte apparition en 1966 dans Made in U.S.A. de Jean-Luc Godard, pour incarner Philippe Marlot. Dans le rôle de sa petite amie Stella, la jeune Britannique Prudence Harrington qu’on reverra surtout à la télévision, avant quelle ne mette fin à sa carrière d’actrice en 1979. Des amis du réalisateur font de courtes apparitions : Bertrand Tavernier, Catherine Deneuve, Jacques Lanzmann, Chantal Goya, Catherine Allégret. Et l’on voit pour la toute première fois un jeune garçon-coiffeur de 17 ans qui n’allait pas tarder à faire parler de lui… Fabrice Luchini !
Tout peut arriver (80 minutes) et son supplément (34 minutes) tiennent sur un Blu-ray logé dans le traditionnel boîtier bleu.
Le film est proposé au format audio Linear PCM 2.0 mono.
Une édition DVD est disponible avec le même contenu.
Interview de Philippe Labro par François Villa (2024, 34’). Passionné pour le cinéma dès son enfance, il décida de devenir un jour réalisateur en voyant Citizen Kane. Un documentaire qu’il avait réalisé pour les dix ans de l’émission 5 Colonnes à la une, là où il a appris les rudiments du métier, a attiré l’attention de Mag Bodard qui lui a proposé de produire le film qu’il aurait envie de réaliser. Une fois le scénario approuvé, il a constitué une équipe pointue avec Philippe Dussart. Le film, tourné vite en décors naturels, sorti la même semaine que Le Clan des Siciliens, fit peu d’entrées. C’est pendant le repérage du sketch sur le drugstore d’Angoulême qu’il a repéré Fabrice Luchini. Il estime aujourd’hui que son film « narcissique (…) parfois naïf (…) tient bien la distance, comme témoignage d’une époque ». Il attache une grande importance au casting, jusqu’au choix des figurants, et à la musique, composée par Eddie Vartan pour Tout peut arriver. Un thème − « un homme ou une femme à la recherche d’une vérité cachée » − revient dans ses films, influencés par le cinéma américain…
L’image, au ratio d’origine de 1.66:1, réencodée au standard 1080p, AVC, débarrassée de tout signe de dégradation de la pellicule après une restauration sur laquelle aucune information n’est fournie, déploie les couleurs un peu pâlottes de l’Eastmancolor. La définition est satisfaisante, toutefois un peu douce dans certains plans larges. Le grain du 35 mm été préservé.
Le son mono d’origine, réencodé au standard non compressé Linear PCM 2.0, très propre lui aussi, assure la clarté des dialogues. Une bonne dynamique et une belle ouverture de la bande passante donnent à l’ambiance et à l’accompagnement musical une forte présence, mais avec un timbre métallique parfois agressif.
Crédits images : © Madeleine Films, Marianne Productions, Parc Film