L'Affaire Vinca Curie (2023) : le test complet du Blu-ray

Bon documentaire-fiction sur la guérison par le professeur Mathé, en 1958, d’ingénieurs yougoslaves gravement irradiés par de l’uranium.

Octobre 1958, en pleine guerre froide, des scientifiques yougoslaves sont gravement irradiés par de l’uranium dans le cadre d’une mission tenue secrète, probablement la fabrication d’une bombe nucléaire. Rapatriés en France, ils sont pris en charge par le professeur Mathé à l’Institut Curie. Une course contre la montre s’engage alors pour les sauver…

L’Affaire Vinča Curie (Čuvari formule, « les gardiens de la formule »), sorti dans nos salles en juin 2024, a été réalisé par Dragan Bjelogrlić, né en Yougoslavie en 1963, acteur populaire en Serbie pour avoir tenu près d’une centaine de rôles au cinéma et à la télévision. Assez méconnu en France, on l’avait pourtant repéré dans South Wind (Južni veta, Miloš Avramović, 2018), un polar débordant d’action.

Il s’est parallèlement lancé, à partir de 2010, dans la réalisation de deux longs métrages et d’une série en forme de documentaire-fiction sur l’équipe de football de Belgrade, puis de Soleil noir (Senke nad Balkanom, 2017-2020) une série en 20 épisodes sur l’histoire chaotique des Balkans dans les années 20, enfin de Toma, un biopic sur le chanteur Toma Zdravković, un long métrage de 2021, décliné en série en 2023 et 2024.

L’Affaire Vinča Curie vaut surtout pour l’authenticité de la relation des événements de 1958 faite par son scénario, une adaptation du livre Slučaj Vinča publié par Goran Milašinović en 2017, moins pour l’originalité de sa mise en scène. La scrupuleuse fidélité à l’histoire, à l’identité des protagonistes, aux visées des expérimentations qui causèrent l’irradiation, le soin méticuleux apporté aux décors, costumes et accessoires sont d’indéniables atouts du film. L’histoire avait déjà été mise en images en 1976 par Gérard Poitou-Weber avec le téléfilm Les Atomisés (Ozračeni).

L’Affaire Vinča Curie est aussi un hommage à Georges Mathé. Bravant les réticences de sa hiérarchie, il sauva la vie de cinq des six ingénieurs voués à une mort certaine par la première greffe chez l’homme de moelle osseuse de donneurs non apparentés aux receveurs. Ce fut un premier pas décisif vers le traitement de la leucémie.

L’intérêt du sujet et l’authenticité de la relation des faits ne cachent pourtant pas les faiblesses du film : une réalisation impersonnelle, un scénario et une direction d’acteurs qui ne donnent aux personnages qu’une apparence superficielle, un montage qui peine à soutenir la tension dramatique.

Georges Mathé est interprété par Alexis Manenti (Les Misérables, Enquête sur un scandale d’État, Dalva), le directeur de l’institut Curie par Lionel Abelanski (Didier). Les ingénieurs irradiés par des Serbes, en tête desquels Radivoje Bukvić qui avait été nommé en 2007 au César du meilleur espoir masculin pour sa contribution à La Californie de Jacques Fieschi. Dragan Bjelogrlić s’est attribué le rôle de Leka Ranković qui fut le ministre de l’intérieur de la Yougoslavie de 1946 à 1966.

L’Affaire Vinča Curie (119 minutes) et ses maigres suppléments (5 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le film est proposé dans ses langues originales, le français et le serbe, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Entretien avec Alexis Manenti (4’). L’acteur a découvert l’histoire quand lui a été proposé le rôle du professeur Mathé, au moment où il tournait un court métrage à Belgrade, d’où sa mère est originaire. Peu d’archives permettant de cerner le personnage, il a, avec le réalisateur, composé son image. À l’exception de quelques prises à Paris, le film a été tourné à Belgrade et à Vinča, certaines dans l’institut où travaillaient les physiciens irradiés, avec une grande attention portée à la reconstitution de la fin des années 50.

Bande-annonce (1’14”).

L’image numérique, au ratio d’origine de 2.35:1, encodée au standard 1080p, AVC, avec une fine résolution, agréablement contrastée entre blancs lumineux et noirs denses, déploie des couleurs naturelles et assure une parfaite lisibilité de tous les plans, quelles que soient les conditions d’éclairage.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, avec une bonne dynamique, garantit la clarté des dialogues et met en valeur la partition originale d’Aleksandar Randjelović, compositeur de la musique de South Wind. La répartition du signal sur les cinq canaux crée une discrète impression d’immersion dans l’ambiance.

Crédits images : © Cobra Film Department, Ton Film, Perfo Production, Bitter Frames, Film Studio Skopje