Le Franc-tireur

Le Franc-tireur (1972) : le test complet du Blu-ray

Édition Spéciale FNAC - Blu-ray + DVD

Réalisé par Jean-Max Causse
Avec Philippe Léotard, Estella Blain et Roger Lumont

Édité par Extralucid Films

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Le 09/10/2024
Critique

Première apparition dans nos catalogues vidéo d’une rareté, une vision iconoclaste de la résistance qui lui valut 30 ans de purgatoire.

Le Franc-tireur

Pendant la seconde guerre mondiale, Michel Perrat, le fils d’un collaborateur de Grenoble s’est réfugié chez sa grand-mère sur le plateau du Vercors pour laisser la guerre se terminer sans lui. Le 21 juillet 1944, les troupes allemandes investissent le plateau. Forcé de s’enfuir, il rejoint un petit groupe de résistants et de civils…

Le Franc-tireur, tourné en 1972, est le seul long métrage réalisé par Jean-Max Causse, cofondateur en 1967 avec Jean-Marie Rodon de la chaîne des cinémas « Action », exploitant de l’ex-salle Action-Lafayette, découvreur de films injustement oubliés, et par Roger Taverne, cadre de l’industrie pétrolière. Leurs chemins s’étaient croisés à l’École supérieure de commerce de Clermont-Ferrand où ils animaient le ciné-club. Ils sont aussi les auteurs du scénario.

Le Franc-tireur montre des personnages désorganisés, réfugiés dans le Vercors pour se mettre à l’abri, voire échapper à l’opprobre, comme Michel Perrat, fils d’un collaborateur qui s’est enrichi avec le marché noir. Ils sont tous, hormis le lieutenant des chasseurs alpins, en profond décalage avec l’image héroïque du maquisard. Ce qui souleva immédiatement une polémique dissuasive pour les distributeurs et vaudra au film de rester dans les placards pendant trois décennies avant une sortie discrète dans nos salles en 2002.

Le Franc-tireur, encore inédit en vidéo, est donc une rareté. Une rareté à découvrir, notamment pour l’impressionnant cadre du plateau du Vercors, magnifiquement photographié par Yves Lafaye, derrière la caméra de son premier long métrage, avant de se faire notamment connaître comme le chef-opérateur de trois films de Jacques Doillon, Les Doigts dans la tête (1974), Un Sac de billes (1975) et La Femme qui pleure (1979).

La mise en scène et le montage entretiennent la tension dramatique tout au long de la fuite de Michel Perrat pour échapper aux soldats allemands (ils furent une dizaine de milliers lancés à l’assaut du plateau le 21 juillet 1944).

Le Franc-tireur bénéficie également de la présence de Philippe Léotard, deux ans après son entrée en scène dans un petit rôle du Domicile conjugal de François Truffaut et dans la foulée de son incarnation du lieutenant Perrin dans un autre film maudit, Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier. Il est entouré de figures familières de notre cinéma des années 60 à 80, Maurice Travail, Roger Riffard, Roger Lumont, Lucien Hubert… et, côté dames, Estella Blain.

Le Franc-tireur, soigneusement restauré par Éclair Cinéma pour l’image et par L.E. Diapason pour le son, prend sa place dans le large éventail d’oeuvres déployé par Exralucid Films après la sortie remarquée de cinq éditions exceptionnelles de films de Dario Argento, dont deux encore inédits en vidéo.

Le Franc-tireur

Présentation - 2,5 / 5

Le Franc-tireur (78 minutes) et ses suppléments (46 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 logés dans un boîtier de 14 mm au format DVD, glissé dans un fourreau.

Le film est proposé au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono (Dolby Digital 2.0 sur le DVD).

Un livret de 32 pages propose une suite de courtes notices sur la genèse du film, Jean-Max Causse et Philippe Léotard. Suit, sur huit cadres de storyboard, une représentation de la fin qui n’a pas pu être tournée. Le livret se referme sur une revue de presse, une douzaine de critiques publiées à la mi-janvier 2002 au moment de la sortie du film en salles.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu, mais sans le livret.

Le Franc-tireur

Bonus - 2,5 / 5

Un western français, par Jean-Max Causse (13’). Avec l’aide d’un historien, lui et Roger Taverne ont écrit le scénario avec à Grenoble, au pied du Vercors où on ne voyait plus aucune trace de la résistance. Le film a été produit par Francis Leroi, réalisateur spécialisé dans les films pornographiques (surtout reconnu pour Le Démon dans l’île, sélectionné pour le Grand prix à Avoriaz en 1983). François Truffaut, après lecture du scénario, a recommandé Philippe Léotard. Appréciateur de westerns, Jean-Max Causse a demandé à Yves Lafaye de retrouver avec de l’Eastmancolor « les teintes contrastées du Technicolor ». Le tournage en un mois dans le Vercors fut une épreuve pour une équipe parisienne habituée aux prises en studio. Les soldats allemands ont été interprétés par des jeunes de La Chapelle en Vercors. La fin initialement prévue au sommet du Mont Aiguille n’a pas été tournée, faute d’argent. Le film, perçu par certains comme une critique de la résistance, a été retiré de la programmation du festival de Grenoble. Acheté par France Télévisions sur la recommandation de Patrick Brion, le film n’a eu qu’une « petite carrière » dans les salles après sa ressortie en 2002 dans un montage resserré, élagué d’une quinzaine de minutes.

Le Franc-tireur

Le maquis déconstruit, par Fabrice Grenard (18’), historien spécialiste des maquis, directeur scientifique de la Fondation de la Résistance. C’est sur le plateau du Vercors, une forteresse naturelle, que va se développer, dès décembre 1942, un des plus grands maquis de France, surtout formé de réfractaires au STO, qui vont, à partir d’avril 1943, être encadrés par la résistance, sous un double commandement, civil et militaire. Il continue de grossir et s’érige en « République libre du Vercors » en juillet 1944. Le 21 juillet, l’assaut du plateau par 10 000 soldats allemands causera la mort de 350 maquisards et de 72 civils à Vassieux. Les survivants participeront à la libération de Grenoble en août et de Lyon en septembre. L’image que le film donne des personnages, déforme la réalité du maquis, devenu à l’été 1944 une véritable organisation militaire. Ce décalage suscitera une polémique et bloquera sa distribution. Le Franc-tireur s’inscrit, comme Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls et Lacombe Lucien de Louis Malle, parmi ces films cherchant à donner une autre vision de la période de l’occupation allemande. Il reprend aussi la thèse contestée du « maquis abandonné », nourrie par la désillusion de certains maquisards.

Cinéma, un film hommage par Jean-Max Causse (4’), une présentation du court métrage joint en bonus, fait en un weekend en images fixes, une forme d’hommage à Chris Marker.

Cinéma, court métrage de Jean-Max Causse (2018, 9’), « l’histoire d’un homme de cinéma qui communique par Internet avec une comédienne chinoise qui lui annonce qu’elle va passer une journée avec lui à Paris ». Une occasion que crée Jean-Max Causse pour raviver ses souvenirs et exprimer son admiration pour François Truffaut, Henri Langlois et Claude Chabrol. Et rappeler que Jim Morrison avait vu dans sa salle La Vallée de la peur (Pursued, Raoul Walsh, 1947), juste avant de mourir dans la nuit d’une overdose.

Bande-annonce (1’41”).

Le Franc-tireur

Image - 4,5 / 5

L’image, au ratio originel de 1.85:1, encodée au standard 1080p, AVC, stable, soigneusement débarrassée des marques de dégradation de la pellicule, garantit, tout en préservant le grain du 35 mm, une bonne résolution, toutefois légèrement affectée dans les scènes de nuit. L’étalonnage déploie une palette de couleurs naturelles, agréablement contrastée entre des blancs lumineux et des noirs denses.

Le Franc-tireur

Son - 5,0 / 5

Le son mono d’origine, réencodé au standard DTS-HD Master Audio 2.0, d’une étonnante propreté, sans souffle, garantit la clarté des dialogues. Une bonne dynamique et une large ouverture de la bande passante assurent le réalisme de l’ambiance, le cliquetis et les tirs des armes, les bruits de la nature, le chant des oiseaux, parfois à la limite de l’agressivité.

Crédits images : © Unité Un

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 9 octobre 2024
Ce film, le seul que réalisèrent deux cinéphiles passionnés, est resté trente ans au placard parce qu’il ne collait pas à l’histoire officielle. Une curiosité à découvrir !

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Le Franc-tireur
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