Réalisé par James Strong
Avec
Olivia Cooke, Claudia Jessie et Tom Bateman
Édité par Koba Films
Au début du XIXème siècle, Rebecca ‘Becky’ Sharp, la fille d’une danseuse et d’un artiste peintre français, a été recueillie dans une pension pour jeunes filles de familles aisées, Miss Pinkerton’s Academy for Young Ladies, dans laquelle, en échange de l’éducation reçue, elle est répétitrice de français. Le moment est venu de quitter l’école. Miss Pinkerton lui a trouvé un emploi de gouvernante chez un hobereau du Hampshire. Mais Becky, décidée à se faire une place dans la haute société, préfère tenter sa chance à Londres où elle se fait inviter par son amie Amelia Sedley, la fille d’un agent de change…
La Foire aux vanités (Vanity Fair), une coproduction des studios ITV et Amazon que vient de diffuser Arte, est une adaptation du roman Vanity Fair: A Novel Without a Hero, publié en 1846 sous forme de feuilleton dans le magazine satyrique Punch par l’écrivain victorien, contemporain de Charles Dickens, William Makepeace Thackeray, l’auteur des Mémoires de Barry Lyndon, également publié en feuilleton dans le Fraser’s Magazine, qui inspirera en 1975 à Stanley Kubrick un de ses chefs-d’oeuvre, Barry Lyndon.
La Foire aux vanités aura été adaptée pour l’écran une bonne quinzaine fois depuis 1911 ! Mais l’adaptation qui nous intéresse aujourd’hui, écrite par Gwyneth Hughes et réalisée par James Strong, se range parmi les meilleures, auprès de celle de Marc Munden en 1998, avec Natasha Little dans le rôle de Becky, celle, en 1972, de David Giles avec Susan Hampshire (saluée par un Primetime Emmy Award pour son interprétation de Becky) et celle coréalisée en 1987 par Diarmuid Lawrence et Michael Owen Morris, avec Eve Matheson. Ces quatre versions surpassent le Vanity Fair (La foire aux vanités) tourné en 2004 pour le grand écran par Mira Nair, avec Reese Witherspoon.
Everyone is striving for what is not worth having
Chacun s’efforce d’obtenir ce qui n’en vaut pas la peine… Cette phrase du roman symbolise le regard critique jeté par Thackeray sur la société victorienne. Bien que leurs histoires soient séparées d’un demi-siècle, Becky Sharp et Barry Lyndon ont en commun leur détermination, débarrassée de tout scrupule, à échapper à leur condition et à se faire accepter dans la haute société. La sentence est rappelée, en exergue de chaque épisode, par le romancier, incarné par Michael Palin, ex-Monty Python, l’inoubliable Ken Pile d’Un Poisson nommé Wanda (A Fish Called Wanda, Charles Crichton et John Cleese, 1988).
I wish to make sure that tomorrow is better than today… everyday!
La Foire aux vanités entre dans le vif du sujet avec cette résolution de Becky Sharp, le jour où elle quitte la pension de Miss Pinkerton, « je veux un lendemain meilleur qu’aujourd’hui… tous les jours ! » Une obsession qui commandera tous les choix de Becky, persuadée que son intelligence, l’éducation qu’elle a reçue, sa beauté, ses dons pour le chant et le piano lui permettront d’arriver à ses fins.
Olivia Cooke dont on avait déjà apprécié le talent dans le touchant mélodrame d’Alfonso Gomez-Rejon, This Is Not A Love Story (Me and Earl and the Dying Girl, 2015) et dans la série Bates Motel, réussit à exprimer avec naturel le charme du personnage principal, mais aussi sa duplicité.
Elle est entourée par une belle galerie d’acteurs, Claudia Jessie (Line of Duty (Enquêtes internes), saison 4) dans le rôle d’Amélia, et, dans ceux de trois jeunes prétendants, par Tom Bateman (Da Vinci’s Demons), par Johnny Flynn (Sils Maria) et par Charlie Rowe (Auprès de moi toujours / Never Let Me Go). On remarque aussi, dans une large distribution, Frances de la Tour, Martin Clunes et Anthony Head, le Rupert Giles de la série Buffy contre les vampires (Buffy the Vampire Slayer).
La Foire aux vanités vaut aussi pour le soin apporté à la reconstitution de l’Angleterre sous le règne de George IV, pour la diversité et la beauté des décors, des costumes, des coiffures, des attelages… le tout à la hauteur des meilleures productions britanniques. La reconstitution de la bataille de Waterloo, avec un nombre suffisant de figurants, à pied et à cheval, et ses effets pyrotechniques, fait correctement illusion.
Une série très recommandable dont le succès outre-Manche a généré la rumeur d’un projet de saison 2. Si elle se vérifiait, les scénaristes auraient à sortir du cadre du roman.
La Foire aux vanités (7 épisodes de 47 minutes) tient sur deux Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier non remis pour le test, effectué sur check discs.
Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale, avec sous-titres optionnels et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.
Une édition DVD est également disponible sur trois disques.
Koba Films et L’Atelier d’Images nous ont gâtés : pas d’édition Blu-ray au Royaume Uni !
Dans la peau de Thackeray (16’). La scénariste Gwyneth Hughes rappelle que Thackeray, dans son roman, est le narrateur de l’histoire. Ce qui lui a donné l’idée de lui faire introduire chaque épisode par Michael Palin. Vickie Lang, responsable des coiffures et des maquillages, s’est efforcée de respecter les canons de la mode du début du XIXème siècle, une époque où les femmes se maquillaient très discrètement. James Strong, le réalisateur, évoque le tournage, pendant 90 jours, en décors réels, dans le Londres géorgien, notamment à Fitzroy Square, et au Marble Hill House de Twickenham, au Chevening House Estate de Sevenoaks dans le Kent, à Bruxelles… jamais en studio. Les scènes finales, censées se dérouler en Allemagne, ont été prises à Budapest. On assiste enfin à l’entraînement des figurants pour les bals et la bataille de Waterloo, avec mousquets d’époque.
Espace découverte Koba Films avec la bande-annonce de quatre autres séries : Victoria, Poldark (BBC 2015), Harlots et Miniaturiste.
L’image numérique (1.78:1, 1080p, AVC) est parfaite, lumineuse, avec des couleurs éclatantes et fines, soigneusement étalonnées, des noirs bien denses et une définition poussée révélant tous les détails des intérieurs et des paysages.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale assure la clarté des dialogues et donne une belle présence à l’accompagnement musical. L’utilisation des voies latérales est parfois trop timide mais pas dans les scènes de la bataille de Waterloo : le spectateur, au premier rang, est exposé aux tirs ennemis, ceux des Français !
Olivia Cooke est assez bien doublée, ce qui n’est pas le cas pour tous les acteurs.
Crédits images : © MAMMOTH SCREEN for ITV