Réalisé par Steven Soderbergh
Avec
George Clooney, Jennifer Lopez et Jim Robinson
Édité par Rimini Editions
Jack Foley n’a pas son pareil pour braquer les banques sans arme ni violence. Mais, poursuivi par la poisse, il se retrouve pour la troisième fois en prison. Il réussit à s’enfuir avec l’aide extérieure de l’un de ses complices. Karen Sisco, US marshal, tente de s’interposer. Les deux hommes enferment la jeune femme dans le coffre de la voiture avec laquelle ils s’évadent…
Hors d’atteinte (Out of Sight), l’adaptation d’un roman d’Elmore Leonard, révélé dès 1957 par l’histoire de 3H10 pour Yuma de Delmer Daves, est réalisé par Steven Soderbergh en 1998, neuf ans après le film, salué par la Palme d’or qui avait révélé son particularisme, Sexe, mensonges et vidéo (Sex, Lies, and Videotape), et dévoilé le charme d’une nouvelle star, Andie MacDowell, suivi par l’émouvant King of the Hill, sélectionné pour la Palme d’or en 1993.
Steven Soderbergh eut du mal à trouver les faveurs du grand public bien qu’il fût reconnu par la critique comme un des porte-drapeaux du nouveau cinéma américain, notamment avec L’Anglais (The Limey, 1999, récemment réédité par L’Atelier d’Images), tourné dans la foulée de Hors d’atteinte, deux films qui ont en commun une déstructuration de la chronologie contribuant largement à leur originalité.
Hors d’atteinte aurait pu n’être qu’un banal jeu du chat et de la souris entre un policier et un voleur sans un découpage du temps, un bouleversement de la chronologie, suffisamment habile pour ne jamais faire perdre le fil du récit.
La popularité de George Clooney et Jennifer Lopez, aux côtés desquels sont réunis Ving Rhames, Don Cheadle, Albert Brooks et Dennis Farina, a contribué au succès commercial du film qui permettra à Steven Soderbergh de réaliser, deux ans plus tard, Erin Brockovich, avec Julia Roberts en tête d’affiche, et de commencer d’enchaîner les réussites, avec, notamment, Traffic, salué par quatre Oscars, dont celui du Meilleur réalisateur, Ocean’s Eleven (2001), le touchant biopic Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra, 2013) et la création d’une des plus remarquables séries de la dernière décennie, The Knick (2014-2015, 21 épisodes).
Hors d’atteinte ajoute, à sa forme recherchée et à l’humour de sa mise en scène, les attraits d’un plaisant divertissement soutenant l’attention, sans temps morts.
Hors d’atteinte (123 minutes) et ses suppléments (79 minutes, sans compter le commentaire du film) tiennent, pour cette édition combo, sur un BD-50 et un DVD-9 logés dans un digipack, non fourni pour le test, effectué sur le seul Blu-ray.
Le menu animé et musical propose le film dans sa langue originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux avec le choix entre deux formats audio DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.
Un supplément exclusif, produit par Rimini Éditions :
Conversation entre Frédéric Mercier et Mathieu Macheret (32’). Les critiques de Transfuge et Le Monde situent Hors d’atteinte à un moment charnière de la filmographie de Steven Soderbergh. Bien que perçu par la critique comme un chef de file du cinéma indépendant, ses films n’attiraient pas le grand public. Le succès commercial de Hors d’atteinte va relancer sa carrière et lui permettre de tourner Erin Brockovich. Le mélange des genres, entre action et histoire d’amour d’un « couple antagoniste (…) autorisant le surjeu », « l’absence de gravité des personnages » et, surtout, « le jeu formel avec le spectateur », avec jump cuts, faux raccords, arrêts sur image et le bouleversement de la chronologie, entraînent le spectateur « entre le présent et le passé (…) entre le rêve et la réalité. »
Les autres suppléments sont repris des cinq précédentes éditions par Universal Pictures :
Commentaire audio de Steven Soderbergh et Scott Frank (en anglais, avec sous-titres optionnels). Steven Soderbergh évoque d’emblée le découpage du temps décidé après un premier montage chronologique, le souci de réalisme qui l’a conduit à filmer dans des décors naturels, notamment dans la prison d’Angola, en Louisiane. Un modèle du genre, avec la justification des choix de mise en scènes, des libertés prises avec le roman…
Making of Out of Sight (24’). Steven Soderbergh, le scénariste Scott Frank et les acteurs font échange de compliments, pratique trop courante dans ce genre d’exercice. Le réalisateur nous indique toutefois qu’il a décidé de bouleverser l’ordre du roman, qu’il a opté pour une dominante orange pour les scènes tournées à Miami, bleue pour celles tournées à Detroit, qu’il a pris 45 fois la scène où Jack et Karen sont enfermés dans le coffre d’une voiture…
Scènes coupées (21’, sous-titrées).
Bande-annonce (2’24”).
L’image (1.85:1, 1080p, AVC), assez propre en dépit de minuscules taches, avec une fine résolution respectant le grain du 35 mm, déploie une palette de couleurs agréablement saturées, chaudes sous le soleil de Floride, froides sous la lumière hivernale du Michigan.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 mono de la version originale, très propre, restitue les dialogues avec clarté. La timide sollicitation des canaux latéraux cantonne l’image sonore sur le plan frontal, bridant ainsi la sensation d’immersion dans l’action, au point de rendre difficile la distinction entre le remisage 5.1et la stéréo originelle.
Ces observations valent pour le doublage en français, assez bien fait.
Crédits images : © Jersey Films