Nous sommes tous des voleurs (1974) : le test complet du Blu-ray

Thieves Like Us

Édition collector - Master HD restauré

Réalisé par Robert Altman
Avec Keith Carradine, Shelley Duvall et John Schuck

Édité par L'Atelier d'Images

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Le 17/02/2023
Critique

Réédition attendue, la première en haute définition, d’un film méconnu de Robert Altman, introuvable en vidéo depuis plus de 10 ans.

Nous sommes tous des voleurs

Dans le Mississippi des années 30, Chicamaw, T-Dub et le jeune Bowie Bowers, condamnés à la perpétuité, s’échappent de prison. Armés et dangereux, ils s’emploient à la seule chose qu’ils savent faire : cambrioler des banques. Dans leur course effrénée vers le Midwest, ils laissent derrière eux une trainée de coffres vides tandis que les journaux retracent leurs exploits. Mais, blessé, Bowie est obligé de se cacher dans une ferme. Il y rencontre l’amour en la personne de Keechie, une jeune femme simple et naïve…

Nous sommes tous des voleurs (Thieves Like Us), sorti en 1974, en compétition à Cannes, est la deuxième adaptation d’un des deux romans du Texan Edward Anderson, publié en 1937, après celle de Nicholas Ray pour son film Les Amants de la nuit (They Live by Night, 1948).

Nous sommes tous des voleurs a été réalisé par Robert Altman qui, après une longue contribution à la télévision, attira l’attention de la critique et des cinéphiles avec M*A*S*H, Palme d’or à Cannes en 1970, avant d’enchaîner les réussites avec Brewster McCloud (1970) et John McCabe (McCabe & Mrs. Miller, 1971), Images, sélectionné en 1972 pour la Palme d’or et Le Privé (The Long Goodbye, 1973)…

Les temps de la dépression sont rappelés par les costumes, coiffures, maquillages, accessoires et par la radio qui diffuse des serials, des chansons et des extraits des discours sur le New Deal de Franklin Delano Roosevelt pendant sa campagne électorale. Le Coca Cola coule à flots, comme le whisky de contrebande servi dans des bocaux sans étiquette.

Nous sommes tous des voleurs

Attaché à l’authenticité, soucieux de garder son indépendance vis-à-vis des studios, Robert Altman, coproducteur du film, a placé en tête de distribution deux jeunes acteurs en début de carrière. Bowie Bowers, le personnage principal, est interprété par Keith Carradine qui venait, trois ans plus tôt de faire sa première apparition sur les écrans dans John McCabe, puis de commencer à se faire connaître en donnant la réplique à Ernst Borgnine et Lee Marvin dans un des derniers grands films de Robert Aldrich, L’Empereur du Nord (Emperor of the North Pole, 1973). L’autre, c’est Shelley Duvall qu’on avait vue dans Brewster McCloud et John McCabe et qu’on reverra dans quatre autres films de Robert Altman, dont Nashville (1975) et l’émouvant Trois femmes (3 Women, 1977).

Les deux truands sont interprétés par des acteurs surtout connus à la télévision. Chicamaw, une brute, par John Schuck et T-Dub par Robert Remsen deux acteurs que Robert Altman avait déjà employés, le premier dans le rôle du capitaine ‘Painless’ Waldowski dans M*A*S*H*, le second dans Brewster McCloud et John McCabe. On retrouve aussi Louise Fletcher qui allait bientôt recevoir son Oscar d’interprétation féminine pour le rôle de l’infirmière Ratched de Vol au-dessus d’un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo’s Nest, Miloš Forman, 1975).

Nous sommes tous des voleurs, s’il n’est pas l’un des films les plus réputés de Robert Altman, s’inscrit néanmoins dans son âge d’or, la décennie des années 70 après laquelle il traversera dans les années 80 une période difficile avant de donner, à nouveau, toute la mesure de son talent et de son originalité avec trois films inoubliables, The Player (1990), Short Cuts - Les Mméricains (1993) et Gosford Park (2001).

Nous sommes tous des voleurs

Présentation - 2,5 / 5

Nous sommes tous des voleurs (123 minutes) et ses suppléments (48 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Est aussi disponible une édition DVD, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Robert Altman ou l’art de la déconstruction (46’, L’Atelier d’Images, 2022). Olivier Père, critique et directeur général d’ARTE France Cinéma, rappelle les débuts de Robert Altman à la télévision, le succès critique et commercial de M*A*S*H* inaugurant une suite de films « réalisés en totale liberté (…) ne ressemblant pas au cinéma américain de l’époque », mais plus au cinéma européen. Il s’entoure d’une équipe fidèle et réalise quelques films choraux, comme M*A*S*H*, Nashville, The Player, laissant une grande place à l’improvisation. Et aussi des films intimistes, comme Images, Trois femmes, Quintet, ou sur des individus solitaires, comme Le Privé et John McCabe. Olivier Père évoque le roman d’Edward Anderson, l’achat des droits pour 500 dollars, la remarquable adaptation faite par Nicholas Ray, Jerry Bick, le producteur de Thieves Like Us, les acteurs, le chef-opérateur français Jean Boffety, familier du cinéma de Claude Sautet. Altman observe ses personnages en gardant une « distance émotionnelle (…) sans chercher à embellir les choses (…) sans musique extradiégétique (…) avec le commentaire ironique de la radio (…) et une critique sous-jacente du capitalisme ». En dépit d’un chaleureux accueil de la critique, le film attira peu le public américain. Après un « âge d’or » allant de M*A*S*H* à Popeye (1980) vient pour Altman une « traversée du désert ». « Il reviendra en force » en 1992 avec The Player.

Bande-annonce originale (1’54”).

Espace découverte avec les bandes-annonces de trois films importants, devenus introuvables et récemment réédités par L’Atelier d’Images : Les Chiens de guerre (The Dogs of War, John Irvin, 1980), La Chaîne (The Defiant Ones, Stanley Kramer, 1958) et Sanglantes confessions (True Confessions, Ulu Grosbard, 1981).

Nous sommes tous des voleurs

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), après la restauration opérée par MGM pour la première édition en haute définition sortie aux USA en 2014, a été soigneusement débarrassée des marques de dégradation de la pellicule, à l’exception de quelques minuscules points blancs. Stable, agréablement contrastée, elle déploie des couleurs naturelles. Un affinement du grain donne une définition assez pointue sans dénaturer la texture du 35 mm.

Nous sommes tous des voleurs

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, reste, après élimination des bruits parasites, affecté par un souffle d’un niveau assez raisonnable et régulier pour n’être pas trop gênant. Les dialogues sont occasionnellement étouffés et l’accompagnement musical diffusé par la radio affecté par des saturations.

Ces remarques s’appliquent au doublage en français qui manque terriblement de naturel.

Crédits images : © George Litto Productions, Jerry Bick

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 19 février 2023
Ce grand film, pourtant méconnu, de Robert Altman, introuvable depuis une quinzaine d’années, est désormais disponible en haute définition, complété par une utile analyse exclusive.

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Nous sommes tous des voleurs
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