Réalisé par François Ozon
Avec
Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder et Isabelle Huppert
Édité par Gaumont
Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans rôle, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur qui tentait d’abuser d’elle. Aidée de sa meilleure amie et colocataire Pauline, jeune avocate sans cause, elle plaide la légitime défense et est acquittée. Avec la médiatisation du procès, commence alors une nouvelle vie pour les deux jeunes femmes, faite de gloire et de succès… jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour.
Mon crime est l’adaptation par François Ozon et Philippe Piazzo de l’une des quelques vingt pièces écrites par Georges Berr et Louis Verneuil entre 1916 et 1938, montée au Théâtre des Variétés en 1934. Georges Berr fut aussi en 1931 le scénariste de Le Million de René Clair. Le film, sorti en mars 2023, bien accueilli par la critique, totalisa un peu plus d’un million d’entrées dans nos salles en quatre semaines.
Mon crime, dans la lignée de 8 femmes et de Potiche, revisite la screwball comedy, un genre lancé par Frank Capra en 1934 avec New York - Miami (It Happened One Night) qui fit florès aux USA tout au long des années 30. Dans un plan du Palais de la Mutualité déguisé en cinéma, avec l’affiche de Mauvaise graine, le premier film de Billy Wilder, sorti en 1934, François Ozon rend hommage à un autre spécialiste du genre.
Mon crime garde la pièce dans son jus, le Paris des années 30, habilement reconstitué dans les scènes d’extérieur par les voitures de l’époque et un des autobus à plateforme qui remplacèrent les tramways et qu’on put voir circuler jusqu’en 1971. Les rebondissements improbables, la place réservée aux dialogues et le tournage de la plupart des scènes en studio soulignent sans équivoque les racines théâtrales d’une comédie, affirmées par le sur-jeu des acteurs.
Servi par une belle distribution, Mon crime met sous les feux de la rampe deux jeunes actrices entre lesquelles le courant passe facilement, Nadia Tereszkiewicz (Seules les bêtes) dans le rôle de Madeleine, et Rebecca Marder (Simone, le voyage du siècle), dans celui de Pauline. Le réalisateur a réussi à réunir autour d’elles des acteurs chevronnés, Fabrice Lucchini, le juge d’instruction, Danny Boon, l’affairiste, Daniel Prévost, le président de la cour d’assises, André Dussollier, le père du prétendant de Madeleine… Mais on se souviendra surtout d’Isabelle Huppert, pétulante et pétillante dans son incarnation d’Odette Chaumette, une star déchue du muet à l’arrivée du parlant.
Mon crime, avec un humour politiquement incorrect, contredit ouvertement la maxime affirmant que le crime ne paie pas, soutient la cause des femmes dans un environnement machiste… tout en soulignant leur capacité à mentir éhontément, plusieurs plans en noir et blanc illustrant leur version arrangeante des faits.
Les moyens techniques conséquents révélés par le documentaire sur le tournage permettent des mouvements de caméra fluides, parfaitement maîtrisés. Pour un résultat soigné, François Ozon s’est entouré de collaborateurs fidèles, Manuel Dacosse pour la photographie, Philippe Cord’homme pour les décors, Pascaline Chavanne pour les costumes (leur vingtième collaboration), Laure Gardette pour le montage et, pour l’accompagnement musical, une composition originale de Philippe Rombi, la treizième qu’il signe pour le réalisateur.
Le soin apporté à la mise en scène, la qualité de la distribution, les cinglantes rafales de dialogues, la beauté de la photographie, des décors et des costumes sont autant de bons points pour que cette comédie loufoque fasse passer un bon moment.
Mon crime (99 minutes) et une partie des suppléments (83 minutes) tiennent sur un DVD-9, le reste des bonus (31 minutes) étant supporté par un DVD-5. Les deux disques sont logés dans un boîtier non fourni pour le test.
Le menu propose le film avec le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.
Piste d’audiodescription Dolby Digital 2.0.
Sous-titres pour malentendants.
Une édition Blu-ray est disponible avec le même contenu sur un disque.
Sur le DVD du film :
Making of Mon crime (81’, 1.78:1, Dolby Digital 2.0). La caméra fouineuse, en captant sous tous les angles le tournage, donne une vue d’ensemble de la fabrication d’un film, un travail d’équipe, orchestré par le réalisateur, mobilisant, outre les acteurs, différents artistes, décorateur, costumier, maquilleur, coiffeur… et des techniciens dans plusieurs spécialités, photographe, ingénieur du son, perchman, éclairagiste, machiniste… Chacun, absorbé par sa tâche, semble ne pas remarquer la présence de la caméra, pourtant là, sur les marches de La Madeleine, au moment opportun pour filmer la chute spectaculaire d’Isabelle Huppert qui se solde par un accroc dans sa cape, vite réparé. Pas de commentaire, donc pas une seule seconde d’échanges de flagorneries qui polluent trop souvent ce genre d’exercice.
Bande-annonce (1’36”).
Sur le DVD de bonus :
Entretien avec François Ozon, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder (16’). François Ozon avait envie de revenir à la comédie avec ce nouveau film sur « le triomphe de la sororité (…) dans une période très dure pour les femmes ». Un thème qui a donné à Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder l’envie de « défendre » leurs personnages. Les années 30 étaient emblématiques à cet égard, avec leur univers patriarcal et des femmes meurtrières, les soeurs Papin et Violette Nozière. C’est aussi « une mise en abyme de la condition de l’actrice », dont le jeu exprime « une part de vérité et une part de mensonge », et une mise en parallèle d’un procès et d’une pièce de théâtre. Le réalisateur a sensiblement transformé une pièce plutôt misogyne et s’est efforcé, avec Pascaline Chavanne, d’être fidèle au style vestimentaire des années 30. Beaucoup d’immeubles art déco ayant été détruits à Paris, certaines scènes ont été tournées à Bruxelles, à Charleroi et à Bordeaux, où l’on trouve encore des rues pavées.
Essais costumes et lumières (6’) avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder et d’Isabelle Huppert.
Projets d’affiches (2’) diaporama en musique de près de 80 projets.
Bêtisier (18’).
9 scènes coupées (5’).
L’image, 720p, Mpeg2, au ratio 2.35:1 (1.33:1, pour les inserts en noir et blanc), finement résolue, lumineuse, bien contrastée, déploie des couleurs agréablement saturées avec une restitution délicate des tons de peau. Le mieux que puisse donner le DVD.
Le son Dolby Digital 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure un bon équilibre entre l’ambiance, l’accompagnement musical de Philippe Rombi et les dialogues, clairement articulés et restitués. Une sollicitation trop discrète des canaux latéraux limite l’effet immersif et atténue les différences entre les deux options proposées.
Crédits images : © Carole Bethuel © 2023 - MANDARIN ET COMPAGNIE - FOZ - GAUMONT - SCOPE PICTURES - FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME PRODUCTION