Réalisé par Lee Jung-jae
Avec
Lee Jung-jae, Kim Nam-gil et Go Yoon-Jung
Édité par The Jokers
Dans les années 80, en Corée du Sud. Après l’assassinat du président Park Chung-hee par la CIA coréenne, l’armée prend à nouveau le pouvoir. La Corée du Nord y voit l’opportunité d’une future invasion, et y envoie un de ses espions. Park Pyeong-Ho et Kim Jung-Do, deux hauts responsables de la sécurité sud-coréenne, sont missionnés pour identifier et arrêter Donglim, la taupe infiltrée dans la KCIA.
Hunt (Heon-teu) est le premier film de l’acteur Lee Jung-jae qui s’était acquis une notoriété planétaire dans la peau de Seong Gi-hun, le personnage principal de la fameuse série Squid Game, écrite, réalisée et produite en 2021 par Hwang Dong-hyuk, scénariste et réalisateur de l’impressionnant The Fortress (Namhansanseong, 2017).
Hunt est fortement marqué par l’empreinte de Lee Jung-jae, non seulement réalisateur, mais aussi scénariste, producteur et acteur principal du film, à côté de Jung Woo-sung, aujourd’hui l’une des stars du cinéma coréen, avec lequel il avait déjà joué dans City of the Rising Sun (Taeyangeun eobda, Kim Sung-su, 1998). L’histoire fictive, une tentative de réunification par la force des deux Corées par Kim Il-sung, le président de la Corée du Nord, est située en 1983, sous la présidence du général Chun Doo-hwan, à la tête de la Corée du Sud depuis l’assassinat de Park Chung-hee en 1979.
Hunt s’inscrit dans le contexte d’un des moments troubles de l’histoire de la Corée, très bousculée tout au long du XXe siècle : occupée par le Japon de 1905 à 1945, divisée en deux avant d’être le théâtre d’une guerre sanglante de 1950 à 1953 qui fit au moins deux millions de morts, pour un retour au statu quo antérieur constaté par l’armistice de Panmunjeom. Suivit une succession de dictatures soutenues par les USA, dont la brutalité atteignit son paroxysme en mai 1980 à Gwangju où plus plusieurs milliers de manifestants contre la dictature militaire furent tués. En 1983, quand commence l’histoire du film, le général Chun Doo-hwan est à la tête du pays depuis l’assassinat de Park Chung-hee en 1979 par la KCIA.
Hunt restera dans la mémoire du spectateur pour ses scènes d’action, un véritable feu d’artifice du genre, avec deux pics spectaculaires de course-poursuites, en voiture en plein Tokyo, puis à pied dans une salle de concert de Washington, avant le bouquet final à Bangkok. Des scènes paroxystiques, scandées par le crépitement des armes automatiques et une explosion d’anthologie.
Hunt ajoute une vision impressionniste des violations répétées des libertés publiques et par le pouvoir militaires et la KCIA, commises impunément avec le soutien des USA, illustrées, çà et là, par des scènes de tortures difficilement soutenables. La médaille a son revers : la complexité du scénario, aggravée jusqu’à la confusion par de multiples flashbacks à plusieurs moments du passé et la profusion de personnages.
Cet élément déroutant explique probablement que Hunt, en dépit d’atouts qui lui ont valu d’être sélectionné à Cannes pour la Caméra d’or, n’est pas sorti dans nos salles.
Hunt (125 minutes) et ses suppléments (20 minutes) tiennent sur deux Blu-ray, un 4K UltraHD BD-66 et sur un BD-50 logés dans un boîtier SteelBook.
Le menu propose le film dans sa version originale, le coréen, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas, sous l’image, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.
Une édition DVD est disponible, sans bonus.
Entretien avec David Tredler, chef programmeur du Festival du Film Coréen à Paris (2023, 18’). Dans cet entretien conduit par Nicols Billon, David Tredler évoque l’environnement historique du film en pleine guerre froide, la dure répression du gouvernement de Chun Doo-hwan, obsédé par la crainte d’une infiltration d’espions du Nord et de communistes dans les institutions. L’action commence trois ans après le massacre de Gwangju, évoqué par plusieurs films coréens à partir des années 90, largement distribués hors de la péninsule. Les deux acteurs principaux sont secondés par d’autres bien connus en Corée. Après la projection à Cannes, Lee Jung-jae a retouché le montage avec l’intention de clarifier un récit qui reste complexe.
Bande-annonce (1’24”).
L’image numérique, captée par caméra Arri Alexa Mini LF, au ratio 2.39:1, finement résolue, lumineuse dans les extérieurs, bénéficie d’une bonne fermeté des contrastes et de noirs denses garantissant une lisibilité confortable des nombreuses scènes en très basse lumière.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 tire profit d’une bonne dynamique, d’une large ouverture de la bande passante et d’une répartition équilibrée du signal sur les cinq voies pour assurer efficacement une sensation d’immersion dans l’action, saisissante dans le crépitement des armes automatiques, et renforcée, à bon escient par l’entrée en jeu du caisson de basses.
Ces observations valent pour le doublage en français, au même format, avec des dialogues au timbre un peu mat, moins intégrés dans l’ambiance.
Crédits images : © Artist Studio