Réalisé par Clint Eastwood
Avec
Morgan Freeman, Matt Damon et Tony Kgoroge
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Comme le vin, Clint Eastwood se bonifie en vieillissant : rien à jeter dans ses derniers films depuis Mystic River, réalisé en 2003, suivi par Million Dollar Baby, L’échange (Changeling, dont j’avais critiqué le DVD à sa sortie) et le touchant Gran Torino. Toutes des oeuvres personnelles qu’il réalise avec une grande liberté en assurant lui-même leur production et qui lui ont valu pas moins de quatre oscars et… plus de cent autres récompenses !
Invictus ne démérite pas, tout d’abord par le choix du sujet : Nelson Mandela, nouvellement élu à la tête de la nation, veut faire du rugby, sorte de religion pour beaucoup des Afrikaners, symbole de l’apartheid pour la population noire des townships (les Springboks comptent un seul joueur noir dans leur équipe, boycottée par les organisateurs des compétitions internationales). Comment ne pas voir également dans ce film un appel de Clint Eastwood à faire l’unité derrière le président Barack Obama ?
Le film se distingue aussi par ses qualités formelles. Le découpage ménage quelques moments de suspense, au début du récit, centré su la protection du nouveau président contre de possibles attentats, quand une camionnette fonce dans la nuit alors que Nelson Mandela, particulièrement vulnérable, se promène dans une rue déserte ; ou encore quand un jet fonce sur le stade juste avant le coup d’envoi de la finale de la coupe du monde. Pas besoin d’être un fan du ballon ovale pour être captivé par les 20 minutes de la fin du film retraçant la victoire de l’Afrique du Sud. L’enjeu primordial de la confrontation sportive n’explique pas tout, il y a aussi l’impressionnante photo de Tom Stern, un fidèle de Clint Eastwood, qui nous immerge dans l’immense stade de Johannesburg (63.000 places !) et nous jette en traître au coeur de la mêlée.
Morgan Freeman, qui doit à Clint Eastwood quelques uns de ses meilleurs rôles avec ce film après Impitoyable (Unforgiven) et Million Dollar Baby, a obtenu deux prix d’interprétation pour sa remarquable performance dans Invictus.
Si l’on peut reprocher au film peut donner une vision un peu trop angélique de l’histoire, pas à tortiller : c’est quand même du grand cinéma ! À voir absolument en attendant le prochain Clint Eastwood,Hereafter
, un thriller avec Matt Damon, qui devrait sortir en salles à l’automne 2010.Pour l’édition DVD, Warner opte pour un boîtier keep case « light » presque pliable, et un joli surétui cartonné.
La cure amincissante se fait sentir aussi dans les compléments, qui ont été reservés à l’édition Blu-ray du film. Seul rescapé, L’entraînement de Matt Damon est une featurette où la star hollywoodienne doit mouiller le maillot dans son incarnation de François Pienaar, l’ex-capitaine des Springboks, qui relate lui-même ses souvenirs. Le DVD contient aussi la bande-annonce alternative, la copie digitale du film, et c’est tout.
L’image au format scope est correcte. Le meilleur atout du disque est l’audio, avec une piste anglaise 5.1 de qualité, qui exploite efficacement les canaux surround dans les séquences des matchs. La VF est plus frontale - et dépourvue de l’accent sud-africain - mais elle s’en sort avec dignité.