Réalisé par Tim Burton
Avec
Mark Wahlberg, Tim Roth et Helena Bonham Carter
Édité par 20th Century Fox
L’évolution darwinienne et les théories sur l’espace-temps
prennent un sérieux coup de massue, lorsqu’un jeune militaire
est projeté dans le futur, dans une planète où les singes sont
les maîtres et les humains les esclaves, où il découvre
d’avoir été l’architecte involontaire de ce renversement
cosmique des rôles.
Histoire de jeter une allumette dans le bidon d’essence,
disons-le tout de suite : dans plusieurs aspects, ce remake de
Tim Burton est supérieur à l’original. Ou peut-être pas
supérieur, mais plutôt différent.
Tim Burton oppose à l’aventure rude de
La Planète des singes de Schaffner une relecture plus
soucieuse du roman de Pierre Boulle, qui donne vie à une « dark
ride » aux sources des notions du mot humanité. Contraint par
le temps - et sans doute par les producteurs - il ne
s’aventure pas dans la provocation sociologique : il reste
dans les limites oniriques d’un conte de fées hi-tech aux
images troublantes. Toute la technologie du 21ème siècle est à
son service pour réaliser des singes plus vraies que nature
(le dieu Rick Baker frappe encore).
Face à un tel déferlement des éléments, les acteurs « humains »
sont laissés à eux-mêmes - et un peu on le comprend. Si Mark
Wahlberg fatigue un peu pour prendre la stature de son rôle,
Tim Roth est parfait depuis la première image dans le cruel
général simiesque. Et que dire de l’étrange trip de Charlton
Heston, qui se retrouve ici dans un cameo simiesque, où il se
lance dans une tirade contre les armes à feu ?
D’autres singes verront sans doute le jour, mais sans les
rêveries de Tim Burton, qui a préféré d’abandonner les humains
et les primates à leur destin, c’est à dire aux captrices…
des producteurs.
Disons-le haut et fort : cette édition de la « Planète des
singes » est le DVD qui tue.
Si l’argent n’apporte pas le bonheur, il permet tout de même
de financer et packager une de ces éditions ultimes dont Fox
commence à avoir le secret. Bien sûr, à la base de tout il y a
l’intérêt et le poids commercial du film de Tim Burton. Mais à
partir de là, la Major assemble un double DVD-9 de rêve, avec
un packaging très séduisant, des menus ultra hi-tech en style
démo PlayStation, avec un sens ludique qui a échappé à
Paramount pour son Lara Croft - Tomb Raider, et un univers entier
de bonus.
Très bien, mais alors pourquoi pas le 10 / 10 absolu,
pourquoi pas le sans faute. Pour une simple raison politique :
la contrainte de l’audio « bloqué » en cours de route, notamment
dans une édition si riche en pistes et commentaires audio. Ce
n’est même pas incompréhensible, c’est tout simplement bête..
Trop, c’est trop ??
On serait presque tentés de le dire. Les bonus de « La planète
des singes » ne sont pas que des bonus, mais un univers
à part, avec ses mini-mondes, quelques trésors enfouis et
d’autres éléments franchement pas terribles. Fox ne sépare pas
la bonne graine de l’ivraie. Elle finalise un DVD qui a
visiblement suivi un planning de production parallèle au
tournage du film.
D’abord, quelques repères géographiques. Mis à part les
contenus du disque 1, le 2ème DVD est reparti en 5 mondes :
« Les coulisses du tournage », « les documents multi-angle », « les
scènes intégrales », « les outils promotionnels » et « les
galeries d’images ».
Note : pour simplifier la lecture, tous les bonus sont
sous-titrés en français, sauf indication contraire.
Histoire de déranger un peu l’ordre établi, on peut commencer
l’exploration par le making of HBO de 27 minutes
(section 4) car, une fois n’est pas coutume, il est
magnifique. Le document suit le (pénible) réveil de Michael
Duncan Clarke et sa préparation pour une journée-type,
entrecoupée par une panoramique sur la production. Un
excellent point de départ.
Détour maintenant par le disque 1. Le clou du DVD - ou plutôt
au pluriel - ce sont le commentaire audio de Tim
Burton, et celui de Danny Elfman. A première vue
décevant (après tout, il ne parle pas des problèmes sur le
tournage..), le récit du réalisateur prend éventuellement de
l’ampleur à fur et mesure que le film progresse. Mais on
ressent que cet exercice d’éloquence est avant tout dicté par
les contraintes marketing du DVD. Le commentaire de Danny
Elfman est plutôt une piste musicale seule de la B.O. (en
2.0), entrecoupée par quelques interventions du compositeur,
et est à notre avis beaucoup plus intéressant du premier.
L’autre feature « killer app » du disque 1 est la vision
plus. De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’une version
revue et corrigée du mode « lapin blanc » de Matrix.
Dans la plupart des cas, on ne quitte pas le film, mais on
incruste dans l’image des cadres avec des mini-featurettes
contextuelles sur la production. D’autres séquences appellent
en revanche des plans fixes plein écran.
A moitié entre le suivi contextuel et les factoids à la
Final Fantasy - Les créatures de l’esprit, la vision plus est très réussie.
Dans la pratique, nous avons constaté quelques petits
cafouillages au niveau des pistes audio et sous-titres
additionnels. Il reste à voir si tous les lecteurs sauront
passer le cap..
Le DVD 1 héberge également des fiches biographiques et des
filmographies très complètes - mais uniquement en langue
anglaise.
Place maintenant au disque 2 :
1 - Coulisses du tournage
- Maintenant qu’on sait un peut plus sur le film, on peut
rentrer dans le vif du sujet : comment les hommes ont joué aux
singes, et les singes aux hommes. En allant à l’école…
simiesque, comme le démontre le documentaire L’Académie des
singes (24’). Et pour créer les prothèses, il n’y avait
qu’un homme dans la planète : le maquilleur Rick Baker.
Ressembler à un singe (30’) est dédié aux subtilités de
son art. On a cependant la nette impression que le réalisateur
de la featurette ignorait tout du passé de Rick Baker
(« Greystoke » & C). On aurait aimé une approche plus fan..
- Comme leurs titres l’indiquent, Singes et haute
couture (7’) se préoccupe du design des costumes ; La
symphonie des chimpanzés nous fait passer 10 minutes avec
Danny Elfman lors de l’enregistrement de la BO (quelques
semaines seulement avant la sortie du film !) ; En
extérieur : le lac Powell (12’) rappelle que le film
original fut également tourné par ici. Petit arrêt sur image
sur Se balader de branche en branche (10’), l’un des
morceaux de choix du DVD, qui illustre la préparation
magnifique des cascadeurs et les « props » ingénieux pour les
faire bondir et courir à quatre pattes. Magnifique.
- Il ne faut pas oublier la mini-section Tests à
l’écran, qui réunit 5 essais (maquillage, groupe
d’acteurs, mouvement, costumes et cascades). Encore une fois,
ce dernier est le plus intéressant du lot.
2 - Documents en multi-angle
- Comme son nom l’indique, on peut décortiquer 4 scènes à
travers trois angles différents (deux plans séparés, et
un troisième avec l’incrustation des deux). Le but de la
section est d’admirer la subtilité et la dextérité de Tim
Burton sur le plateau de tournage. On admire et on reste sans
voix… et on se demande comment Tim réagissait lors de ses
engueulades quotidiennes avec la production. Seul hic de
l’ensemble : on a constaté quelques petits cafouillages avec
l’audio et les sous-titres supplémentaires, pendant les
changements d’angle.
- Mais attention, cette section offre d’autres trésors
beaucoup moins visibles ! En plus du multi-angle, on peut
visionner des mini-galeries de croquis et
illustrations, comparer le tout avec les scènes
finales, ou jeter un oeil aux pages correspondantes du
scénario (en anglais uniquement). Très instructif.
3 - Scènes intégrales
- Pour appeler un chat un chat, c’est de loin la partie la
plus décevante du DVD. Les 5 scènes présentées ne sont pas des
inédits, mais plutôt des versions allongées de
séquences existantes. Mais le problème n’est pas là. Le point
est que la qualité des extraits est simplement affreuse
(imaginez une VHS restée au soleil pendant 10 ans, et vous
voyez le topos..). Franchement, avec tous les moyens que Fox a
consacré au DVD - sans oublier les recettes planétaires du
film - ils viennent nous dire qu’ils n’avaient plus quelques
centaines de dollars pour télescoper les négatifs originaux ?
Et pourquoi pas de commentaire de Tim Burton sur le pourquoi
du comment de ces coupes ?
4 - Outils promotionnels
- Si vous n’avez pas encore visionné le making of HBO
cité plus haut, c’est le moment de le faire (quitte à se
mordre les doigts pour ne pas l’avoir vu plus tôt..).
- La suite est beaucoup plus prévisible : tout d’abord, le
clip vidéo, et ensuite les bandes-annonces (2 B.A., 6
spots TV, des film-annonces sur la saga des Singes et la B.O.
de Danny Elfman, et en contour ceux de « Moulin Rouge » et
« Docteur Dolittle 2 ». Inutile d’appuyer sur le bouton des
sous-titres, il n’y en a pas. Ce passage brutal vers la VO
pure s’explique probablement par le fait que le DVD a été
bouclé alors que les éléments internationaux n’étaient pas
encore finalisés. Mais d’autre part, c’est la rançon pour
vouloir tout centraliser aux US, et ne pas laisser davantage
d’autonomie aux filiales européennes…
- On trouve également dans le lot quelques jaquettes, suivies
par le dossier de presse du film (lui aussi en
anglais).
5 - Galeries
- Cette section est faite exprès pour les fous de la
gâchette… de la télécommande. Une collection
impressionnante de story-boards, croquis, illustrations et
autres visuels est dédiée aux principaux concepts (l’Oberon)
et accessoires (armes, costumes, etc.) du film. Une expérience
douloureuse pour les doigts face à une telle iconographie,
mais les plus zen d’entre nous atteindront le nirvana, et
découvriront l’extrême richesse artistique à la base du film
de Tim Burton.
Et la section 6 ??
- Les acquéreurs ne pourront pas s’empêcher de se demander
qu’est ce qu’il y a dans la sixième partie du disque, et
comment faire pour l’atteindre. Réponse : inutile d’essayer,
elle est inaccessible… du moins sur le Zone 2. Sur le Z1, la
section 5 était en fait la 6, et au numéro 5 on trouvait un
rappel des bonus DVD-Rom du disque, bonus qui ont été gommées
de l’édition Zone 2.
Dommage que les authoreurs n’aient pas pensé à retravailler le
menu pour effacer la balise de la section 6, qui ne fait que
narguer les esprits..
Et Nuon ??
- Petit rappel des faits. Le DVD Z1 était « optimisé Nuon », une
extension propriétaire qui offre une interactivité plus
poussée sur les rares appareils compatibles aux US. Selon FPE,
les suppléments Nuon ont été enlevés de l’édition Z2 (de toute
façon, cette technologie n’existe pas en Europe, à l’heure où
nous écrivons). Nous n’avons pas pu faire la contre-
vérification car… nous n’avons pas de lecteurs compatibles
avec Nuon.
Et les bonus cachés ??
- Il y en a deux (dont un absolument tordant), et nous en
parlerons uniquement après la sortie officielle du DVD. Pour
l’instant, on dira juste qu’ils se trouvent dans le disque 1..
Circulez, il n’y a rien à dire. Ce qu’on a en face de nous,
est la killer app la plus accomplie du moment. L’encodage
vidéo est si parfait, que toute autre considération serait
inutile.
Et pourtant, ceux qui ont visionné le film en salle savaient à
quel point Tim Burton avait pris un pari visuellement risqué,
avec le choix de partir avec un look gris-militaire, de
s’enfouir dans une végétation sombre - avec des couleurs
riches mais difficiles à équilibrer, et enfin d’exploser la
confrontation au grand jour, dans un paysage désertique. Que
dire d’autre, sinon que les authoreurs de la Fox ont accompli
le miracle, et on conservé la vision de Tim Burton dans toutes
ses facettes ?
Pour faire mieux, soit on rentre dans le terrain des SuperBit
Columbia, ou alors on attend l’haute définition et la vidéo
progressive. C’est aussi simple que ça.
On pleure l’absence de la VO DTS, restée sur le Z1 pour des
problèmes d’espace utile. Mais les larmes sont vite séchées
grâce à la richesse sonore, au sens du détail et à la
dynamique explosive de la version française DTS.
La différence entre le DTS et le Dolby Digital relève
essentiellement des détails, et pas de la puissance brute. La
VO et la VF en DD 5.1 soutiennent la comparaison à tête haute,
avec une excellente localisation de l’espace sonore.
Quel dommage - par contre - que le changement de langue soit
toujours impossible en cours de route !