Réalisé par Emanuele Crialese
Avec
Filippo Pucillo, Donatella Finocchiaro et Giuseppe Fiorello
Édité par France.TV Distribution
Une petite île au large de la Sicile, à proximité de l’Afrique. Filippo, sa mère et son grand-père n’arrivent plus à vivre de l’activité traditionnelle de la pêche. L’été arrivant, ils décident de louer leur maison aux touristes, qui arrivent de plus en plus nombreux chaque année. Un jour Filippo et son grand père sauvent des eaux un groupe de clandestins africains malgré l’interdiction des autorités locales. Les familles de pêcheurs, jeunes et anciens, se confrontent alors sur l’attitude à tenir : faut-il les dénoncer aux autorités pour la quiétude des touristes ou respecter les valeurs morales de solidarité héritées du travail de la mer ?
Le cinéaste Emanuele Crialese revient dans les îles Pélages dix ans après le magnifique Respiro. L’île paradisiaque a laissé place à un flot de touristes qui s’étalent sur le sable noir où reposent également des épaves de barques à moitié immergées, qui attendent d’être effacées par la mer, des vedettes à moteur avec canons et mitrailleuses. Conte moderne et humaniste traitant des flux migratoires massifs qui poussent certains à s’échouer sur les rives de Lampedusa dans l’espoir d’une vie meilleure, Terraferma est un bijou, justement récompensé par le Grand Prix du Jury à la 68ème Mostra de Venise, en 2011. Les comédiens sont magnifiques et criants de vérité, d’autant plus que le personnage de Sara est interprété par une véritable rescapée d’un naufrage survenu en 2009.
Emanuele Crialese rend hommage à la volonté de celles et de ceux qui ont tout quitté et bravé moult dangers dans l’espoir d’obtenir une vie meilleure. Jamais dans son film ne sont entendus les termes « clandestin », « immigré » ou « extra-communautaire », le cinéaste étant révolté à l’idée que l’on puisse apposer des étiquettes radicales aux échoués de Lampedusa. Ode à l’odyssée moderne, Terraferma, quatrième film du réalisateur, subjugue autant par sa beauté visuelle à couper le souffle que par le jeu lumineux et bouleversant des comédiens, notamment les magnifiques Donatella Finocchiaro et Filippo Pucillo.
France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé, musical et très élégant, comme la jaquette.
Outre la bande-annonce, nous trouvons un making of de 24 minutes, certes un peu décousu mais chaleureux et peu avare en images issues du tournage. L’ensemble des techniciens, des comédiens accompagnés par le réalisateur s’expriment sur les conditions de prises de vue. Nous y voyons également les habitants de l’île quelque peu décontenancés par l’arrivée de toute la machinerie.
L’interactivité se clôt sur une poignée de séquences laissées sur le banc de montage (8’). Si elles ne faisaient pas avancer l’intrigue, ces scènes coupées se révèlent tout aussi soignées, à l’instar d’un petit moment volé entre Filippo qui chasse le lapin avec son chien, ou le même Filippo qui prend le temps de parler avec son oncle après l’incident de scooter.
C’est en voyant des copies SD comme celle de Terraferma que l’on regrette sincèrement de ne pas bénéficier de la photo du chef opérateur Fabio Cianchetti (La Solitude des nombres premiers) en Haute Définition. Les contrastes sont superbes, les noirs denses et les bleus intenses. Ces partis-pris esthétiques nous rappellent d’ailleurs le Ferraniacolor (procédé italien de colorisation trichromique datant du début des années 50) utilisé à l’époque par le documentariste Vittorio De Seta. Si quelques baisses de la définition demeurent constatables, le piqué reste très appréciable, les détails abondent, la clarté est de mise et les teintes bleues flattent constamment les rétines.
Oublions la piste français stéréo qui, malgré une balance frontale équilibrée, demeure anecdotique. N’hésitez pas à sélectionner directement la Dolby Digital 5.1 italienne qui offre un réel confort acoustique, précis et enveloppant, délivrant les dialogues avec éclat et des effets concrets. La version italienne stéréo s’en tire également avec tous les honneurs malgré une immersion moins probante.