Réalisé par Michale Boganim
Avec
Olga Kurylenko, Andrzej Chyra et Ilya Iosifov
Édité par France.TV Distribution
26 avril 1986, Pripiat, à quelques kilomètres de Tchernobyl. En cette belle journée de printemps, Anya et Piotr célèbrent leur mariage, le petit Valery et son père Alexeï, ingénieur à la centrale, plantent un pommier, Nikolaï, garde forestier, fait sa tournée habituelle dans la forêt… C’est alors qu’un accident se produit à la centrale. Piotr est réquisitionné pour éteindre l’incendie. Il n’en reviendra jamais. La radioactivité transforme la nature immédiatement affectée par ce sinistre. Les populations sont évacuées brutalement. Alexeï, condamné au silence par les autorités, préfère disparaître… Dix ans plus tard. Pripiat, ville fantôme désertée par ses habitants, est devenue un No Man’s Land, gigantesque Pompéi moderne érigé en un étrange lieu de tourisme… Anya est aujourd’hui guide dans la zone, tandis que Valery y cherche les traces de son père et que Nikolaï, lui, persiste à cultiver son jardin empoisonné… Le temps faisant son oeuvre, l’espoir d’une nouvelle vie leur sera-t-il permis ?
La Terre outragée est la première fiction autorisée à être tournée sur les lieux de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) survenue le 26 avril 1986. Malgré de très violentes oppositions et pressions venant de certains hauts responsables politiques ukrainiens ayant eu vent du projet de la réalisatrice franco-israélienne Michale Boganim (Odessa… Odessa!), ce premier long métrage très réussi réalisé à partir de dizaines de témoignages de victimes de l’accident nucléaire, fait froid dans le dos, s’impose par sa maîtrise étonnante du cadre et offre à la lumineuse Olga Kurylenko, découverte en 2005 dans L’Annulaire et qui a depuis enchaîné les superproductions dont le James Bond Quantum Of Solace, retrouve sa langue natale et un superbe rôle dans lequel elle s’investit totalement.
Drame intimiste souvent saisissant, La Terre outragée relate dans sa première partie le lendemain d’un des plus graves accidents nucléaires, tandis que dans un second temps, peut-être moins viscéral mais néanmoins très fort, le film relate ses conséquences du point de vue sanitaire, écologique (la nature tient une grande place dans le film) et humain (près d’un million de décès), dix années après alors que la faune et la flore ont repris leurs droits. Malgré le fait que cette catastrophe soit encore fortement ancrée dans la mémoire des peuples soviétiques, Michale Boganim s’immisce dans la zone interdite de manière presque documentaire.
Au-delà de la catastrophe, La Terre outragée se penche sur la vie qui s’est arrêtée d’un seul coup pour ceux qui étaient sur place. Les tragédies intimes s’entrecroisent, chacun doit vivre avec les fantômes du passé dans un décor qui leur rappelle constamment la catastrophe comme si le temps avait été suspendu. Malgré les possibles échappatoires, les radiations ramènent celles et ceux qui tentaient de prendre la fuite de ce décor post-apocalyptique au milieu duquel trône une grande roue qui, comme le destin des protagonistes, n’a jamais tourné.
France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé et musical.
Quatre excellentes scènes coupées (11’30”) sont disponibles au début de cette interactivité. On y retrouve un chant patriotique entonné par le marié, une séquence rallongée des premières pluies radioactives où des enfants jouent à sauter dans les flaques d’eau, sous le regard perdu d’Alexeï. Les deux autres scènes sont plus marquantes, l’une montrant Nikolaï en prise avec les Tadjiks qui s’introduisent dans la maison d’Anya, et l’autre centrée sur la rupture entre Anya et son compagnon russe.
Un segment de 14 minutes intitulé Visite guidée de la zone (été-hiver) est en réalité un montage en version longue de la visite réalisée en français par Anya pour les touristes. De nouvelles images très impressionnantes sont disponibles, à l’instar d’une caméra embarquée à bord du bus. Dommage que la musique omniprésente gâche un peu la réflexion.
S’ensuit un dialogue (20’35”) entre la réalisatrice Michale Boganim et l’historien, critique de cinéma et de théâtre Antoine de Baecque. Installés dans un canapé face au film, les deux interlocuteurs commentent quelques séquences clé de La Terre outragée, s’expriment sur certains pris esthétiques, les thèmes abordés, et le casting. Si les propos ne manquent pas d’intérêt, la réalisation et le montage sont vraiment ratés, la musique prend trop de place et noient même certains échanges.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
En dépit de quelques séquences trop douces, nous n’hésitons pas à mettre un joli 4/5 en raison de la clarté d’ensemble, de la vivacité de la colorimétrie et du respect des volontés artistiques du chef opérateur Antoine Héberlé, habitué des photos naturalistes (Mademoiselle Chambon, Sous le sable). Si les contrastes et le piqué manquent parfois de mordant, les détails sont appréciables sur les plans larges comme sur les plus rapprochés, le relief est notable, l’encodage solide et les ambiances nocturnes plutôt jolies.
Le mixage Dolby Digital 5.1 a d’abord du mal à créer une spatialisation conséquente. Et puis au fil de l’histoire, les latérales commencent à distiller un lot d’effets appréciables comme les hélicoptères qui survolent la zone contaminée, les ambiances naturelles qui commencent à s’affoler, tandis que les dialogues demeurent solidement plantés sur la centrale. Quelques envolées musicales sont habilement exploitées par l’ensemble des enceintes, la pluie martèle les frontales et quelques basses parviennent à sortir du lot. La version stéréo n’a rien à envier à son homologue, révèle une richesse inattendue, des voix exsudées avec force et des effets annexes saisissants. Les dialogues français et anglais sont également disponibles. Notons que La Terre outragée n’est disponible qu’en version originale alliant le russe et le français.