Les Garçons de la bande (1970) : le test complet du DVD

Dans un appartement de l’Upper East Side de New York, Michael, catholique fervent et ancien alcoolique, donne une fête d’anniversaire pour son ami Harold. Les invités arrivent un à un. Tous ont réservé à Harold un présent peu commun : un beau jeune homme. La soirée se déroule tranquillement mais commence à se dégrader sous l’effet de l’alcool. Chacun laisse alors éclater ses rancoeurs…

William Friedkin fait ses armes comme réalisateur de fictions et de documentaires pour la télévision avant de mettre en scène son premier film pour le cinéma, Good Times (1967), une comédie musicale mettant en vedette le couple Sonny Bono et Cher. En 1968, il réalise L’Anniversaire, écrit par Harold Pinter (d’après sa pièce) et, en 1970, Les Garçons de la bande, adapté de la pièce éponyme à succès de Mart Crowley, première pièce gay intentionnellement écrite.

Sans tabou et en totale liberté, William Friedkin respecte l’oeuvre originale et les dialogues réalistes mais provocateurs (pour l’époque) sous l’égide de l’auteur lui-même, reprend l’intégralité du casting de la pièce et s’empare habilement de l’histoire pour livrer une comédie-dramatique saisissante et percutante.

La mise en scène est sans cesse inspirée (on pense à La Corde d’Alfred Hitchcock) et évite toute théâtralité grâce à un usage intelligent de l’espace (dont les scènes géniales dans les rues de l’Upper East Side), du temps (l’action se déroule quasiment en temps réél), des mouvements de caméra et du montage. Les comédiens sont tous exceptionnels, les personnages drôles et bouleversants, le rythme soutenu, la photo soignée. Considéré comme l’un des premiers jalons du cinéma gay, Les Garçons de la bande demeure toutefois un film méconnu de la filmographie de William Friedkin et mérite d’être redécouvert, d’autant plus que son goût pour l’humour noir et perturbateur y est déjà bien affirmé.

De la jaquette, en passant par l’élégance du menu principal, animé, coloré et musical, ce bel objet livré par Carlotta s’intègre directement dans toutes les dvdthèques qui se respectent.

En guise de supplément, l’éditeur nous livre un excellent documentaire rétrospectif de 2008 (42’), scindé en trois parties, plus précisément en trois actes. La pièce originale est passée en revue avec le dramaturge et auteur Mart Crowley (qui avoue avoir mis beaucoup de lui-même dans le personnage principal), dont l’entretien est croisé avec ceux de Dominick Dunne (producteur exécutif du film), Laurence Luckinbill (Hank), Peter White (Alan), Tony Kushner (dramaturge) et William Friedkin (metteur en scène du film). Chacun s’exprime sur la genèse et le triomphe inattendu de la pièce (1001 représentations), le casting (les mêmes comédiens aussi bien sur scène qu’à l’écran), l’adaptation cinématographique, les partis-pris visuels du film, sa réception et son héritage. Le tout est illustré par de nombreuses photos issues du tournage du film et de la pièce de théâtre. Ce documentaire écrit, produit et réalisé par l’incontournable Laurent Bouzereau, se clôt sur un vibrant hommage à la moitié des comédiens du film emportés par le SIDA.

La bande-annonce et les credits du DVD sont également disponibles.

Le nouveau master restauré du film de William Friedkin (jusqu’alors inédit en DVD dans nos contrées) proposé par Carlotta présente encore quelques poussières, qui n’entravent cependant en rien le visionnage, d’autant plus que le lifting demeure plutôt plaisant. Si quelques fourmillements restent constatables, et les séquences sombres trop contrastées et parfois sensiblement poreuses, les noirs ne manquent pas de densité. Les nombreux gros plans sont suffisamment détaillés et quelques scènes se déroulant dans l’appartement possèdent un aspect laqué et tamisé bienvenu. Notons tout de même diverses pertes de la définition, un manque de naturel de la colorimétrie (la carnation des visages est cireuse) et le format original 1.85 non respecté (ici en 1.77).

Seule la version originale est disponible. La piste Stéréo et la bande-son ont subi un dépoussiérage conséquent. La restitution des dialogues, qui prédominent dans le film, est exemplaire et profitent d’une belle ouverture sonore, aucun souffle sporadique n’est à déplorer. Le mixage se révèle ardent, limpide et riche, et permet aux spectateurs de se plonger complètement dans l’ambiance du film. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © Carlotta Films