Réalisé par Fabienne Godet
Avec
Benoît Poelvoorde, Ariane Labed et Max Baissette de Malglaive
Édité par France.TV Distribution
Antoine, photographe joyeusement désabusé, a pour seul ami Matéo, le jeune fils de sa voisine souvent absente, auquel il donne une éducation fantaisiste. Un matin, des notes de piano venues de l’immeuble d’en face captent son attention. Antoine ne sait pas encore que celle qui les joue, Elena, étudiante idéaliste et sans concession, va bouleverser sa vie…
L’auteur de ces mots considère déjà Une place sur la Terre comme un chef-d’oeuvre. Un film qui bouleverse quand on le découvre - avec les larmes qui continuent de couler même en sortant de la salle de cinéma - et qui reste gravé en mémoire de manière indélébile.
Le film de Fabienne Godet (Sauf le respect que je vous dois, Ne me libérez pas je m’en charge) touche, que dis-je, explose le coeur grâce à des comédiens sensationnels, Benoît Poelvoorde en tête dans son plus grand et son plus beau rôle, mais également la magnifique et magnétique Ariane Labed, découverte en 2010 dans Attenberg d’Athina Rachel Tsangari, qui lui avait valu la coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise. Comme dans ses précédents films, Fabienne Godet se focalise ici sur des personnages en marge de la société, qui ont leur vérité, qui oscillent entre une volonté de solitude, une soif de se retirer du monde qui contraste avec une envie simultanée de vivre et d’assumer leur désir.
A ce titre, Benoît Poelvoorde est sublime de retenue - les femmes cinéastes semblent être les seules à savoir le maîtriser - dans le rôle de ce photographe désabusé, peu bavard, le regard triste (Fabienne Godet exploite chaque ride du visage creusé du comédien), porté sur la bouteille et toujours la clope au bec, qui se cloître dans son appartement comme un James Stewart dans Fenêtre sur cour, qui va soudain retrouver l’inspiration en observant Elena, sa jeune voisine, plongée dans son Etude de l’Opus 10 n°12 de Chopin. Il se met à la photographier clandestinement, dans tous ses états, hypnotisé par son regard profondément mélancolique. Les clichés (signés par le photographe américain Michael Ackerman) de cette muse inattendue commencent à recouvrir les murs.
Ces deux tempéraments révoltés vont ensuite rentrer en contact à la suite d’un accident (pour ne pas dire suicide) où Elena sera à deux doigts de perdre la vie. Après cette rencontre, les deux ne pourront plus se détacher l’un de l’autre, comme deux aimants ou deux âmes soeurs écorchées, qui se regardent et s’écoutent. A ses côtés, Antoine retrouvera l’innocence et l’audace qu’il a perdues depuis longtemps. Avec cette entraide inespérée, tous deux essayent de trouver leur place sur la terre. Et c’est beau, parfois drôle, toujours grand, élégant, pudique, authentique et fort, cela ravit tous les sens, bouleverse et déchire les tripes. C’est du très grand cinéma.
Le menu principal reprend l’interface classique chère à France Télévisions. Animé sur la très belle musique du film, l’ensemble demeure efficace.
FTD prend soin du film de Fabienne Godet et l’on remercie !
Le making of (19’) donne la parole aux comédiens, mais la réalisatrice reste cachée et n’apparaît que furtivement sur le plateau. Les images de tournage montrent un Benoît Poelvoorde complètement allumé entre les prises, mais également une véritable et palpable alchimie du comédien avec la belle Ariane Labed. Les propos tenus à travers ce documentaire sont très intéressants et quelques séquences ratées sont même de la partie. Ces images complètent d’ailleurs parfaitement le bêtisier (19’ !) proposé ensuite, avec Benoît Poelvoorde prêt à tout pour faire rire sa camarade de jeu, même sur les séquences les plus difficiles.
Les scènes coupées (13’) n’apportent rien ou pas grand-chose, mais demeurent plaisantes à découvrir. Il en est de même pour les rushes bruts (7’) durant le concert de Schubert et le plan-séquence final initialement prévu dans la galerie.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et un magnifique diaporama des photos signées Michael Ackerman, qui a signé les photographies réalisées par le personnage principal dans Une place sur la terre.
Le transfert est correct et passe-partout. Les couleurs sont jolies sans en mettre plein les mirettes, le piqué est aléatoire, nettement plus vigoureux sur les scènes diurnes en extérieur. Les ambiances tamisées sont nettes et reposantes, les contrastes bien gérés. Cependant, les gros plans ne sont pas aussi ciselés que nous pouvions l’espérer, les visages sont un peu blafards. Malgré des petits défauts constatés et baisses de la définition, le master d’Une place sur la Terre instaure un confort de visionnage largement suffisant pour voir ou revoir ce petit bijou.
Une place sur la Terre est disponible en DD 5.1 et Stéréo. En dehors d’une légère spatialisation musicale, l’ensemble du mixage se focalise sur les enceintes avant avec une nette restitution des dialogues sur la centrale et des effets discrets. Malgré quelques résonances sur certains échanges, aucun accroc n’est à signaler. La piste Stéréo est largement suffisante pour un film de cet acabit et conviendra aisément à ceux qui ne seraient pas équipés sur les latérales. Le caisson de basses reste assoupi tout du long.
L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Le Pacte