Réalisé par Quentin Dupieux
Avec
Alain Chabat, Jonathan Lambert et Élodie Bouchez
Édité par Diaphana
Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d’horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma…
BIENVENU DANS LE MONDE RÉEL
Ou en plein rêve, mais où tout sonne réel. Et en même temps, Réalité est un film, avec un film dedans et un rêve dans le film et de la réalité pas vraie, mais sur un ton réaliste… déjà perdus ? C’est pourtant clair et limpide !
Quentin Dupieux (Steak, Rubber, Wrong, Wrong Cops) sait décidément y faire pour catapulter son audience dans un univers qui lui est propre et qui paraît en même temps fortement familier. Après quelques minutes de Réalité, on se dit qu’il vient d’accoucher de son premier film accessible et limpide… et puis, rapidement, les frontières de la banalité se fissurent, plusieurs univers se mélangent, les pistes se brouillent, on s’enfonce dans les rêves et/ou les réalités de plusieurs personnages à la fois… mais qui rêve bon sang ??? Et on finit par décoller, totalement, irrémédiablement, dans la cervelle pleine d’eczéma de ce trip génial qui laisse rapidement penser à un Inception rebooté par Michel Gondry sur fond de musique Glass-ante.
Pour porter ce trip hallucinogénial, il fallait des acteurs à la folie avérée, on est alors peu surpris de trouver dans les rôles principaux Alain Chabat et Jonathan Lambert qui plongent manifestement la tête la première dans ce doux délire que Quentin Dupieux nourrit en son sein depuis 8 ans. Écrit POUR Alain Chabat, il aura fallut en effet attendre que les plannings des deux hommes soient compatibles pour que le film puisse voir le jour.
Mais toute cette attente permet surtout au réalisateur d’apporter enfin des éléments de réponse absolument capitaux qui vont enfin pouvoir apaiser des millions d’êtres humains, quant à LA question qui torture l’Humanité en cette période de troubles divers et variés, question que seul Quentin Dupieux ose poser au travers de Réalité, avec courage, science et persévérance, une question qui pourra peut-être, c’est plausible, permettre de régler une bonne fois pour toutes les grands maux de ce siècle : un sanglier peut-il avaler une cassette VHS bleue sans l’abimer ?
Je sais, c’est culotté. Mais quand il faut, il faut. Dupieux l’a fait, j’en suis encore bouleversé, l’émotion m’étreint électrique…
Testé sur check disc, le DVD final est proposé dans un boîtier DVD classique noir. Dès l’insertion de la galette, les menus se chargent de vous faire comprendre que vous venez de quitter notre dimension.
Très maigre section bonus, avec une double interview (12’) de Jonathan Lambert et Élodie Bouchez qui leur permet surtout de clamer leur admiration du réalisateur… un peu plat. Bande-annonce du film et d’autres oeuvres du catalogue Diaphana, et c’est terminé. Avec un tel film, on rêve au moins d’un bêtisier !
La caméra est très très sage dans Réalité. Chaque plan respire la composition et les mouvement sont rares. Du coup, l’encodage MPEG prend ses aises, n’a pas beaucoup à forcer et délivre une image parfaite. Ne déréglez pas votre diffuseur, la photographie de Réalité est manifestement volontairement « blanche », comme si le voile du rêve était posé sur l’objectif en permanence, donnant cet aspect froid et laiteux, un comble pour des extérieurs tournés en Californie.
Bande son unique qui mélange français et nombreux passages en anglais sous-titré, le tout proposé en 5.1 et 2.0. Avec son calme relatif, le film profite agréablement du mixage 5.1, surtout dans les extérieurs et pour l’ambiance parfois un brin stressante assurée en bonne partie par la musique de Philip Glass. La piste 2.0 éteint forcément quelque peu cette immersion.
Une piste en audiodescription et un sous titrage pour sourds et malentendants sont présents.
Crédits images : © Realitism Films
Bande-annonce de Réalité :