L'Affaire de la fille au pyjama jaune (1977) : le test complet du DVD

Près de Sydney, le corps d’une jeune femme est retrouvé dans une carcasse de voiture abandonnée sur une plage. Son visage est incinéré et rend impossible son identification. Thompson, inspecteur à la retraite, fait équipe avec la police locale pour résoudre ce mystère. Seul indice : les restes d’un pyjama jaune…

Totalement inédit en France malgré un casting aussi attractif qu’hétéroclite composé de Dalila Di Lazzaro (Trois hommes à abattre, Chair pour Frankenstein), grande révélation du film, Howard Ross (Maciste dans Le Grand défi : Hercule, Samson, Maciste, et Ursus, les invincibles), Michele Placido (Arrivederci amore, ciao et réalisateur de Romanzo Criminale) et Mel Ferrer (Le Jour le plus long, Guerre et paix version King Vidor), L’Affaire de la fille au pyjama jaune (La ragazza dal pigiama giallo) est le seul giallo réalisé par Flavio Mogherini (1922-1994). Egalement décorateur et chef costumier réputé, il était alors habituellement metteur en scène de comédies aux titres explicites comme Paolo Barca, maestro elementare, praticamente nudista ou Per vivere meglio, divertitevi con noi. Tiré d’une histoire vraie, d’après un meurtre irrésolu dans les années 30, ce giallo atypique et hors norme, situé en Australie, mis en musique par l’immense Riz Ortolani (Cannibal Holocaust), est l’un des derniers représentants d’un genre qui allait disparaître peu après puisque le film a été réalisé en 1977.

Du giallo (entre autres la couleur du pyjama dans le titre original) nous ne retrouvons d’ailleurs que divers éléments propres au genre comme une légère touche d’érotisme et de gore caractérisé par le visage carbonisé d’une jeune femme, qui contraste avec la nudité de son corps affriolant offert aux yeux des quidams qui font la queue pour accéder à la cage en verre. Par ailleurs, c’est cette véritable anecdote, l’exposition au public de ce corps non-identifiable afin d’aider la police à mettre un nom sur la victime, qui a poussé Flavio Mogherini à réaliser ce film. En dehors de cela, pas de meurtres à foison, juste un assassinat à résoudre, auquel nous n’assistons d’ailleurs qu’à la fin en flashback.

L’Affaire de la fille au pyjama jaune s’apparente à une relecture du film noir américain avec notamment le vieil inspecteur sur le retour, interprété par Ray Milland (Le Crime était presque parfait), très heureux de sortir de sa retraite pour aller enquêter sur cette enquête peu commune. Ce personnage atypique semble anachronique et tout droit sorti d’un roman de Raymond Chandler avec son imper et son galurin, ce qui créé un savoureux décalage avec la violence du meurtre et surtout avec le lieu de l’intrigue, en l’occurrence Sydney. Parallèlement, une jeune femme est partagée entre trois hommes, son mari et deux amants. Qui est-elle et pourquoi l’histoire se focalise-t-elle sur cette personne en particulier alors qu’elle semble ne rien à voir avec la victime ?

Le cinéaste n’oublie jamais de distiller un humour noir bienvenu, surtout avec quelques répliques qui font mouche et une bande-originale marquée par deux chansons entêtantes pop-disco en anglais entonnées par… Amanda Lear. Flavio Mogherini n’a pas la folie de Mario Bava, Dario Argento ou de Lucio Fulci, mais il soigne sa mise en scène et joue avec les codes stylistiques du giallo avec un évident sens du cadre et du zoom, de l’espace urbain avec la présence de l’architecture australienne, une solide direction d’acteurs et une conduite élégante du suspense.

Si le scénario patine légèrement, L’Affaire de la fille au pyjama jaune demeure un exemple savoureux d’un cinéma aujourd’hui disparu, un polar sympathique qui fera le bonheur des cinéphiles déviants… et les autres aussi !

Le DVD repose au centre d’un superbe slim Digipack à trois volets, illustré par la photo tirée de la plus célèbre séquence du film. Le menu principal est tout aussi soigné, élégant, animé et musical.

Outre quelques films-annonces de films (indispensables) disponibles chez l’éditeur, nous trouvons un sympathique entretien (13’) avec le comédien Howard Ross, très en forme pour ses 75 ans. A noter que le module s’intitule Giallo en Australie et non pas Giallo en Italie comme l’indique le menu des bonus. Notre interlocuteur évoque le cinéma italien des années 60-70 et partage quelques anecdotes liées au tournage de L’Affaire de la fille au pyjama jaune, notamment le travail avec ses partenaires et en dévoilant qu’il n’a jamais mis les pieds en Australie pour les besoins du tournage !

Le Chat qui fume livre un très beau master de L’Affaire de la fille au pyjama jaune. D’emblée, l’image au format respecté 1.85:1 (16/9 compatible 4/3), affiche une propreté jamais prise en défaut, la clarté est de mise, les couleurs retrouvent une vivacité bienvenue, le grain cinéma est bien géré, les contrastes plutôt riches, le piqué agréable. Certains pointilleux peuvent noter quelques points, tout comme certains flous, mais cela reste anecdotique. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète, c’est vraiment du très bon travail.

Propre et dynamique, l’unique mixage italien Dolby Digital Mono 2.0 ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, les effets annexes, et laisse une belle place à la musique de Riz Ortolani et aux chansons d’Amanda Lear. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © Le Chat qui fume