Vienne avant la nuit (2017) : le test complet du DVD

DVD + Livre

Réalisé par Robert Bober

Édité par Éditions Montparnasse

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Le 12/03/2019
Critique

Vienne avant la nuit

Le documentariste Robert Bober regarde sur son ordinateur la première scène de La Ronde de Max Ophüls dans laquelle Anton Walbrook, le narrateur, change de costume pour entrer dans la Vienne de 1900. La ville où, cette année-là, Wolf Leib Fränkel, l’arrière-grand-père du réalisateur, après avoir quitté sa Pologne natale et vainement tenté d’émigrer aux USA, s’est réfugié et a été enterré, en 1929. Robert Bober nous propose d’imaginer une promenade dans la ville en compagnie de son arrière-grand-père, à la rencontre des écrivains Arthur Schnitzler, Stefan Zweig, Joseph Roth, Franz Kafka… et de voir les lieux qu’il a pu fréquenter, rappeler les événements dont lui et ses descendants ont pu être les témoins.

Vienne avant la nuit est écrit et réalisé par Robert Bober, né en 1931, venu au cinéma comme assistant de François Truffaut pour Les Quatre cents coups (1959), Tirez sur le pianiste (1960) et Jules et Jim (1962), réalisateur d’une centaine de documentaires et écrivain, auteur, notamment, des Récits d’Ellis Island : Histoires d’errance et d’espoir, coécrit avec Georges Perec, en 1979.

Vienne avant la nuit

Vienne avant la nuit tente de faire revivre Wolf Leib Fränkel dont les signes encore visibles sont, dans un cimetière habité par des biches, une stèle « enlacée par le lierre » et quelques photos, dont celle, émouvante, prise à Vienne en 1926, le jour anniversaire de ses 73 ans, qui le montre entouré de vingt membres de sa famille, dont onze d’entre eux finiront leur vie, quelques années plus tard, dans des camps de concentration.

L’évocation du passé est l’occasion de rappeler que Vienne fut une des capitales culturelles de l’Europe avant d’être gangrenée par le nazisme, d’accueillir à bras ouverts Adolf Hitler, de plébisciter l’Anschluß à une écrasante majorité et d’apporter une contribution majeure à la « solution finale ». Cette période sombre que n’a pas connue Wolf Leib Fränkel mais dont ont pâti ses descendants, est évoquée par diverses archives : la foule compacte amassée sur l’immense Heldenplatz le 15 mars 1938 pour acclamer le Führer, les livres brûlés en autodafé, l’effacement de la culture yiddish…

Une balade en calèche au rythme de la valse d’Oscar Strauss qui accompagnait La Ronde, l’adaptation d’une pièce d’Arthur Schnitzler, nous amène sur les lieux sur lesquels était tombée la nuit en 1938, le Prater sur lequel Max Ophüls tournera en 1948 Lettre d’une inconnue (Letter from an Unknonw Woman), l’adaptation du roman de Stefan Zweig, le Café Central où est attablée une effigie de l’écrivain Peter Altenberg…

Un documentaire très personnel, discret, intimiste, émouvant.

Vienne avant la nuit

Édition - 8 / 10

Vienne avant la nuit (73 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm, glissé dans un étui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en français, avec sous-titres automatiques des passages en yiddish, au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo.

L’absence de bonus vidéo (hormis les teasers de trois documentaires, La dernière femme du premier train, Festins imaginaires et Ce qu’ils savaient : Les alliés face à la Shoah) est, en partie, compensée par un livret de 20 pages.

Préfacé par Élisabeth de Fontenay, ce livret de 20 pages relate une conversation, recueillie par Michèle Tauber, entre Robert Bober, le pianiste et compositeur Denis Cuniot et le clarinettiste et compositeur Yom, tous deux auteurs et interprètes de la musique qui accompagne Vienne avant la nuit, un travail collectif, le résultat « d’une complicité amicale », une composition originale « entrelacée » avec la sonate Arpeggione de Franz Schubert. Le livret se referme sur Supplément d’âme où Philippe Roger analyse le documentaire et souligne la dimension spirituelle que lui a apportée Rober Bober.

L’image (1.78:1) est un peu douce, mais agréablement contrastée, avec des couleurs bien étalonnées. Les nombreuses archives filmées sont insérées, sans recadrage, dans leur format d’origine (1.33 :1, le plus souvent).

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo, fin et aéré, met en valeur le bel accompagnement musical et restitue avec clarté les commentaires.

Vienne avant la nuit

Crédits images : © Éditions Montparnasse

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8 / 10
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Philippe Gautreau
Le 12 mars 2019
Le réalisateur essaie d’imaginer la vie d’un arrière-grand-père qu’il n’a pas connu, réfugié dans la Vienne d’entre-deux guerres, quand elle fut une des capitales culturelles de l’Europe avant que ne tombe la nuit du nazisme. Un documentaire intimiste et émouvant.

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