National Security (2003) : le test complet du DVD

Réalisé par Dennis Dugan
Avec Martin Lawrence, Steve Zahn et Colm Feore

Édité par Sony Pictures

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 21/01/2004
Critique

Avant de commencer la critique, je tiens à dire ceci. Je ne cherche ni à faire d’élitisme ni à dénigrer la comédie venue d’outre-atlantique. J’exprime ici mon avis illustré d’exemples. Je ne crois pas qu’il faille s’acharner contre un film parce que (forcément subjectivement), on a que peu apprécié ce dernier. Certains d’entre vous auront heureusement un avis différent du mien. Selon moi, une critique n’est pas destinée à influencer le spectateur ou le dévédénaute à voir ou acheter le film. Une critique doit servir une réflexion avant ou après la vision d’une oeuvre quelle qu’elle soit. Cependant, je reste bien conscient que devant la prolifération des films et DVD, la critique se substitue au libre-arbitre du spectateur ou du dévédénaute concernant le choix ou l’achat d’un film. C’est la raison de ce préambule qui sonne comme une mise en garde. J’ai mon avis sur ce film qui ne reste que mon avis. Ayez le votre. Si certains d’entre vous tiennent à le faire partager. N’hésitez pas !!! Qu’il aille dans mon sens ou qu’il me soit contraire, il sera le bienvenu et comptera tout autant que ce que je pourrai vous livrer sur  » National Security « .

Car j’hésite pour ma part entre stupéfaction et incompréhension. Comment en 2002, alors que Hollywood possède la troisième industrie cinématographique au monde en termes d’entrées et la première en termes de recettes ? Comment alors que scénaristes, acteurs, producteurs aux terme d’une sélection rigoureuse (qui ne laisserait passer que les meilleurs) s’entourent des plus grands spécialistes de l’action, de la comédie…, et ce grâce au brain drain (drainage des cerveaux) attirés par ce nouvel El Dorado que sont les Etats-Unis ? Comment alors que sortent d’Hollywood réalisateurs et auteurs à l’incontestable talent comique : de Howard Hawks à Billy Wilder, des Marx Brothers à Woody Allen, de Mel Brooks à Eddy Murphy ? Comment peut-on encore produire un insipide navet de ce genre ? Et le plus ahurissant est qu’une fois emballé dans un joli paquet cadeau marketing, on vous fasse croire qu’il s’agit là d’une oeuvre de création dans laquelle chacun des participants a mis tout son coeur. Ca n’a ni queue ni tête, c’est filmé avec les pieds et ça n’a de comique que l’outrageux label dont on a affublé cette misérable pitrerie scénarisée.

Fort heureusement, en France (qui malgré les Star Academy, Popstars, neuneu le millionnaire et autres âneries du genre conserve l’irréductible héritage d’un certain Molière), ce genre d’imbécillité tombe à plat. Rappelons que  » National Security  » a poussivement atteint les 150 000 entrées. Mais aux Etats-Unis, il arrive assez régulièrement que la bêtise fasse mouche. Sont-ils à ce point stressés pour ressentir le besoin de plébisciter des comédies à 2 neurones et demi ? Ou bien serait-ce l’influence de la star qui les incite à se précipiter en masse car Outre-Atlantique Martin Lawrence est un personnage très apprécié à la solide renommée. Comique vous avez dit comique ? Il est considéré à Hollywood comme un demi-dieu. Imaginez vous qu’on l’appelle le nouvel Eddy Murphy ! En quelques films de ce type, il a acquis ce qu’on pourrait appeler « le respect » de la profession et l’estime des spectateurs. En France, Martin Lawrence n’arrive pas à percer. On peut en vouloir à ce Monsieur de gâcher son talent (car il en a sous ce fatras de niaiseries dont il a le mauvais esprit de nous abreuver) mais il y a bien une chose qu’on ne peut pas lui reprocher ; c’est pourtant bien d’essayer car il ne ménage pas sa peine l’ami Lawrence. Il chante, danse, se déguise, parle à la vitesse de la lumière, tire sur tout ce qui bouge, danse et chante encore pour terminer par endosser la casquette (tenez-vous bien) de producteur exécutif sur « National Security ». Mais tout ceci en pure perte ! Sorti en janvier 2003, le film n’a recueilli au Box Office U.S que 35 millions de dollars. Ouf ! nous n’aurons pas à subir une suite. Il faut franchir la barre des 100 millions de dollars pour automatiquement déclencher un 2, un retour, une revanche…bref un épisode supplémentaire. « National Security » en est loin. Loin du retentissant succès de Big Mamma (120 millions de dollars), il est aussi loin de Flic de haut Vol et de ses 68 millions de dollars…des chiffres astronomiques au vu de ce que sont les films.

La raison principale ; une volonté de trop bien lisser ce véritable produit marketing qui laisse apparentes les (énormes) ficelles utilisées pour maintenir à flot une action qui tend significativement à sombrer. Premières minutes, premières interrogations sur le sens de ce qui nous est montré. Un vol dans un entrepôt, une intervention qui tourne mal et un drame qui prête à rire mais où peut-on bien vouloir en venir ? C’est l’occasion de présenter Steve Zahn. Ben oui c’est tout ! On enterre son copain, l’officier abattu (voyez un peu la subtilité de la transition) et puis on passe aux pitreries de Martin Lawrence très certainement échappé de l’asile et qui nous livre ici une parodie (?), une copie (?), à moins que ce soit une copie parodique de Police Academy. « Il y a un problème ? » nous dit Lawrence. Oui et de taille…on ne sait toujours pas s’il s’agit d’un film comique ou policier. Passons ! Voici venu le temps de la rencontre entre les deux têtes d’affiche. Va-t-on assister à un  » happening  » original ou une resucée de tout ce qu’il y a de plus commun…à savoir le noir et le blanc se télescopant sur une méprise qui aura pour objet la couleur de la peau. Bingo ! Les deux lascars nous font le coup de la énième parodie sur l’arrestation musclée de Rodney King. Qu’est-ce que c’est drôle !!! C’est à mourir…d’ennui et on continue avec le procès, les blagues racistes, anti-racistes on ne sait plus bien. Où en est-on ??? Ha oui, l’enquête !!! Parsemée de trouvailles façon y-a-ici-tout-ce-qu’on-a-déjà-vu-1000-fois-ailleurs-et-en-mieux, elle progresse poussivement vers une résolution hasardeuse avec des coupables sortis du chapeau.

Une intrigue, des indices ??? Mais vous n’y pensez pas !!! C’est ni du Hitchcock, ni du Scorcese, ni du De Palma ni même du Breast ou du Donner. C’est du Dennis Dugan ! Alors tout ce à quoi vous aurez droit, c’est à de la bouillie prédigérée avec indices magiques et méchants caricaturaux pour vous tenir éveillé durant les 84 trop longues minutes de cette autoproclamée comédie policière. Côté réalisation, c’est le néant, le degré 0 de la narration. On illustre et mal en plus de cela. Pas besoin de making of, vous aurez droit aux techniciens dans le plan et à la perche dans le cadre. Il ne manque plus que les interviews des deux et vous tenez vos coulisses du tournage. Remarquez ! Les visages décomposés de Zahn et Lawrence parlent d’eux-mêmes. Le premier atterré donne sans conviction la réplique au second dont le moulin à paroles tourne à vide. Au bout du 125ème « c’est parce que je suis noir ? », on a plus tellement d’illusions sur le potentiel comique de « National Security ». Quant au malheureux Eric Roberts, ce film est un peu pour lui la soupe populaire. Quel dommage !!! Quel gâchis ! Demeurent explosions et gunfight filmés façon Agence tous risques. Logique !!! Le réalisateur vient de la télévision et fait ce qu’il sait faire de mieux ; Un film de commande sans imagination, sans originalité et sans envergure répondant au cahier des charges de producteurs omniscients sur les soit-disant penchants des foules. Tout simplement consternant !!!

Présentation - 2,5 / 5

Tout, de la jaquette à la présentation, concourt à mettre le dévédéphile dans l’ambiance. On sent que l’éditeur a porté l’accent sur le packaging de « National Security » afin de lui donner une coloration ludique et énergisante. Ceux que le film aura séduits apprécieront cette marque d’attention. Les autres trouveront à la présentation un sérieux manque de finesse et d’originalité. Certains menus fixes (notamment le son et le chapitrage) dégagent même un sentiment de laideur sans égale tant la prédilection pour le bariolé bon marché jure.

Mais c’est de bonne guerre lorsqu’on veut attirer l’oeil à tout prix. Encore une fois, la conception est à l’image du film. Tout dépend la perception que vous en aurez. Vulgaire et sèche de création pour les uns. Osée et drôle pour les autres. Côté technique, c’est un sans faute si ce n’est deux ou trois détails insignifiants. L’éditeur montre une nouvelle fois son indéniable savoir-faire à travers une image remarquable et une bande-son parfaitement maîtrisée.

L’édition fait même preuve de ressources en la présence de bandes-annonces, de scènes coupées, d’une fin alternative et d’un commentaire audio de son réalisateur s’il vous plaît…Il est agréable de voir que pour certains éditeurs, le temps où le DVD ne présentait que le film agrémenté d’un défilant en guise de filmographie et d’une bande-annonce mono non retravaillée est bel et bien révolu. Qu’attendent les autres ? On se le demande ! « National Security » offre tout ce qu’on aurait pu souhaiter sur le film sauf peut-être une interview-vérité sur les raisons d’un tel ratage artistique. Mais, ce making « off » aurait été en contradiction avec l’orientation résolument promotionnelle des suppléments.

Bonus - 2,5 / 5

Car il ne faut pas s’y tromper. Si suppléments il y a, c’est dans le seul et unique but de vanter les mérites du film. La palme revenant au commentaire audio de son réalisateur dont on vous épargnera l’analyse tellement il est navrant. Sans complexe et avec un aplomb qui frise l’inconscience, Dennis Dugan (heureux réalisateur de cet autre chef d’oeuvre qu’est Big Daddy nous introduit le film en commençant par « ma vie, mon oeuvre ». Et ça se résume par « Je fais des films pour le grand public afin d’amuser les foules ». Ben voyons…après Intervilles et ses vachettes, Dennis Dugan réclame le label de l’utilité publique. Et pourquoi pas une médaille tant qu’on y est ? Soyons sérieux 2 secondes ! On ne lui en veut pas d’essayer mais ça sent la promotion à plein nez. Il a toute de même le mérite de s’y coller, lâché par ces deux têtes d’affiches trop occupées à faire oublier cette énorme erreur de parcours.


Les Scènes coupées (21’19 – VOST)

Cette section est la pièce de résistance et la bonne surprise de ce DVD. Elle comprend 3 sous-sections que sont l’improvisation de Martin Lawrence pour apprécier l’étendu de son talent d’interprète, le tournage de la scène du couloir montrant le métier du réalisateur et la fin alternative livrant les choix de création ainsi que quelques uns des secrets de fabrication du film. Seules les séquences sur l’impro et la fin alternative valent le détour tant le sujet (?) sur la scène du couloir est bâclé. Comment vanter les mérites d’un réalisateur en exposant un séquence de 28’ sans presque aucun commentaire et qui n’a pour seul intérêt de montrer que Dennis Dugan est capable de diriger un panorama droite / gauche en grand angle ? Je n’en vois aucun surtout lorsqu’il n’y a pas l’ombre d’une comparaison avec le storyboard et / ou d’une image de la préparation d’une telle séquence. L’impro vous donnera une idée du talent verbal de Martin Lawrence, utilisé ici en pure perte (il faut bien l’avouer) en l’absence de dialogues consistants. Quant à la fin alternative, elle montre à quel point les spectateurs ont rattrapé au vol une fin qui promettait de taper encore plus bas dans l’indigeste et le mauvais goût. On en vient à bénir l’existence des projections-tests dans le cas présent !

Clip « N.S.E.W. » par Disturbing the Peace (4’17 – VOST)

C’est la curiosité de ce DVD. D’habitude, la réalisation des clips reprennent les images du film et revendiquent leur étroite appartenance. Nulle autre influence n’est admise. Ici, vous aurez tout de même le droit à une introduction de type « Matrix ». Peut-être que ce clip devait servir aux deux films à moins que les Disturbing Peace n’aient eu le sentiment que « National Security » pourrait nuire à leur image. Quoiqu’il en soit, le son en dolby surround souligne des images dont Dennis Dugan aurait dû avoir la bonne idée de s’inspirer. Mieux que le film. A voir !

Bande-annonce (1’50 – VOST)

C’est une telle joie de voir une belle bande-annonce encodée en Dolby Digital 5.1 que sa présence vaut à elle seule tous les autres bonus présents. ! Elle vous montrera les meilleurs passages du film (et on peut aisément imaginer combien cela a dû être dur) et la manière habile dont le montage les a mis en valeur. Une véritable leçon de marketing / vente. Deux autres bandes-annonces accompagnent celle du film ; il s’agit de Bad Boys II et de Charlie’s Angels : Les anges se déchaînent. Promotion, quand tu nous tiens !

Image - 4,5 / 5

Un piqué exceptionnel, une précision remarquable et des couleurs qui se détachent à la perfection. Tel est le spectacle que l’image de « National Security » nous offre. On ne saura pas dire à quel point c’est important tant l’action fourmille de détails et les ralentis (trop rares) font s’attarder le dévédéphile sur une foultitude d’objets et de décors qui environnent le ou les personnages. La cascade avec la voiture dans la casse nécessite un arrière-plan net et une compression impeccable afin d’éviter tout flouté atténuant les effets de tressautement ou bien encore les stries ou gels d’image.

Seul léger regret au niveau des couleurs, l’absence d’un contraste véritablement renforcé. C’est même un poil pâlichon mais nullement gênant puisque l’image softise intelligemment ce déferlement d’énergie épileptique lassante à la longue. La chrominance laisse de temps à autre à désirer avec des dominantes verdâtres malheureuses toutefois attenantes à une réalisation pataude qui fait la part belle aux atmosphères de fiction TV. Globalement, l’éditeur nous livre ici un transfert très satisfaisant qui fait honneur au support. Un presque sans faute qui pallie autant que faire se peut la misère intellectuelle et artistique du film.

Son - 5,0 / 5

Amis des bandes-sons qui déménagent, la bande-son de « National Security » est pour vous ! Et enveloppante avec ça. Les voix sont parfaitement détachées, la musique punchie et rythmée, quant à la sonorité des balles, des armes, des cascades et explosions en tous genres, c’est du Pavarotti, c’est-à-dire profond et puissant. La scène de l’entrepôt ou bien encore la poursuite en voiture vous plongeront au coeur de l’action avec une bouillonnante énergie autant identifiable sur vos enceintes avant que sur les satellites disposées latéralement. Bref un cône de bruit qu’on aimerait plus souvent présent !

Un seul et unique mixage, le Dolby Digital 5.1, pour les 3 langues (française, anglaise et italienne). Pas de différence notable si ce n’est que le doublage français est de très bonne facture et vous permettra d’apprécier le film correctement. Lui préférer la VOST qui allégera très nettement les blagues et vous fera profiter de la diction si particulière de Steve Zahn.

Ni DTS, ni dolby surround, c’est le choix de l’éditeur. Pourquoi pas ? Avec un mixage d’une telle qualité, cette absence de florilège se justifie amplement et montre qu’il n’est nul besoin de DTS pour occuper les basses et enrichir la bande-son. Une authentique leçon de professionnalisme de la part de l’éditeur. A apprécier !

Bon DVD à toutes et tous !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle