Réalisé par Dennis Dugan
Avec
Martin Lawrence, Steve Zahn et Colm Feore
Édité par Sony Pictures
Avant de commencer la critique, je tiens à dire ceci. Je ne
cherche ni à faire d’élitisme ni à dénigrer la comédie venue
d’outre-atlantique. J’exprime ici mon avis illustré
d’exemples. Je ne crois pas qu’il faille s’acharner contre un
film parce que (forcément subjectivement), on a que peu
apprécié ce dernier. Certains d’entre vous auront
heureusement un avis différent du mien. Selon moi, une
critique n’est pas destinée à influencer le spectateur ou le
dévédénaute à voir ou acheter le film. Une critique doit
servir une réflexion avant ou après la vision d’une oeuvre
quelle qu’elle soit. Cependant, je reste bien conscient que
devant la prolifération des films et DVD, la critique se
substitue au libre-arbitre du spectateur ou du dévédénaute
concernant le choix ou l’achat d’un film. C’est la raison de
ce préambule qui sonne comme une mise en garde. J’ai
mon avis sur ce film qui ne reste que mon avis. Ayez le
votre. Si certains d’entre vous tiennent à le faire partager.
N’hésitez pas !!! Qu’il aille dans mon sens ou qu’il me soit
contraire, il sera le bienvenu et comptera tout autant que ce
que je pourrai vous livrer sur » National Security « .
Car j’hésite pour ma part entre stupéfaction et
incompréhension. Comment en 2002, alors que Hollywood possède
la troisième industrie cinématographique au monde en termes
d’entrées et la première en termes de recettes ? Comment
alors que scénaristes, acteurs, producteurs aux terme d’une
sélection rigoureuse (qui ne laisserait passer que les
meilleurs) s’entourent des plus grands spécialistes de
l’action, de la comédie…, et ce grâce au brain drain
(drainage des cerveaux) attirés par ce nouvel El Dorado que
sont les Etats-Unis ? Comment alors que sortent d’Hollywood
réalisateurs et auteurs à l’incontestable talent comique : de
Howard Hawks à Billy Wilder, des Marx Brothers à Woody Allen,
de Mel Brooks à Eddy Murphy ? Comment peut-on encore produire
un insipide navet de ce genre ? Et le plus ahurissant est
qu’une fois emballé dans un joli paquet cadeau marketing, on
vous fasse croire qu’il s’agit là d’une oeuvre de création
dans laquelle chacun des participants a mis tout son coeur.
Ca n’a ni queue ni tête, c’est filmé avec les pieds et ça n’a
de comique que l’outrageux label dont on a affublé cette
misérable pitrerie scénarisée.
Fort heureusement, en France (qui malgré les Star Academy,
Popstars, neuneu le millionnaire et autres âneries du genre
conserve l’irréductible héritage d’un certain Molière), ce
genre d’imbécillité tombe à plat. Rappelons que » National
Security » a poussivement atteint les 150 000 entrées. Mais
aux Etats-Unis, il arrive assez régulièrement que la bêtise
fasse mouche. Sont-ils à ce point stressés pour ressentir le
besoin de plébisciter des comédies à 2 neurones et demi ? Ou
bien serait-ce l’influence de la star qui les incite à se
précipiter en masse car Outre-Atlantique Martin Lawrence est
un personnage très apprécié à la solide renommée. Comique
vous avez dit comique ? Il est considéré à Hollywood comme un
demi-dieu. Imaginez vous qu’on l’appelle le nouvel Eddy
Murphy ! En quelques films de ce type, il a acquis ce qu’on
pourrait appeler « le respect » de la profession et l’estime
des spectateurs. En France, Martin Lawrence n’arrive pas à
percer. On peut en vouloir à ce Monsieur de gâcher son talent
(car il en a sous ce fatras de niaiseries dont il a le
mauvais esprit de nous abreuver) mais il y a bien une chose
qu’on ne peut pas lui reprocher ; c’est pourtant bien
d’essayer car il ne ménage pas sa peine l’ami Lawrence. Il
chante, danse, se déguise, parle à la vitesse de la lumière,
tire sur tout ce qui bouge, danse et chante encore pour
terminer par endosser la casquette (tenez-vous bien) de
producteur exécutif sur « National Security ». Mais tout ceci
en pure perte ! Sorti en janvier 2003, le film n’a recueilli
au Box Office U.S que 35 millions de dollars. Ouf ! nous
n’aurons pas à subir une suite. Il faut franchir la barre des
100 millions de dollars pour automatiquement déclencher un 2,
un retour, une revanche…bref un épisode supplémentaire.
« National Security » en est loin. Loin du retentissant succès
de Big Mamma (120 millions de dollars), il est aussi
loin de Flic de haut Vol et de ses
68 millions de dollars…des chiffres astronomiques au vu de
ce que sont les films.
La raison principale ; une volonté de trop bien lisser ce
véritable produit marketing qui laisse apparentes les
(énormes) ficelles utilisées pour maintenir à flot une action
qui tend significativement à sombrer. Premières minutes,
premières interrogations sur le sens de ce qui nous est
montré. Un vol dans un entrepôt, une intervention qui tourne
mal et un drame qui prête à rire mais où peut-on bien vouloir
en venir ? C’est l’occasion de présenter Steve Zahn. Ben oui
c’est tout ! On enterre son copain, l’officier abattu (voyez
un peu la subtilité de la transition) et puis on passe aux
pitreries de Martin Lawrence très certainement échappé de
l’asile et qui nous livre ici une parodie (?), une copie (?),
à moins que ce soit une copie parodique de Police Academy.
« Il y a un problème ? » nous dit Lawrence. Oui et de
taille…on ne sait toujours pas s’il s’agit d’un film
comique ou policier. Passons ! Voici venu le temps de la
rencontre entre les deux têtes d’affiche. Va-t-on assister à
un » happening » original ou une resucée de tout ce qu’il y a
de plus commun…à savoir le noir et le blanc se télescopant
sur une méprise qui aura pour objet la couleur de la peau.
Bingo ! Les deux lascars nous font le coup de la énième
parodie sur l’arrestation musclée de Rodney King. Qu’est-ce
que c’est drôle !!! C’est à mourir…d’ennui et on continue
avec le procès, les blagues racistes, anti-racistes on ne
sait plus bien. Où en est-on ??? Ha oui, l’enquête !!!
Parsemée de trouvailles façon
y-a-ici-tout-ce-qu’on-a-déjà-vu-1000-fois-ailleurs-et-en-mieux,
elle progresse poussivement vers une résolution hasardeuse
avec des coupables sortis du chapeau.
Une intrigue, des indices ??? Mais vous n’y pensez pas !!!
C’est ni du Hitchcock, ni du Scorcese, ni du De Palma ni même
du Breast ou du Donner. C’est du Dennis Dugan ! Alors tout ce
à quoi vous aurez droit, c’est à de la bouillie prédigérée
avec indices magiques et méchants caricaturaux pour vous
tenir éveillé durant les 84 trop longues minutes de cette
autoproclamée comédie policière. Côté réalisation, c’est le
néant, le degré 0 de la narration. On illustre et mal en plus
de cela. Pas besoin de making of, vous aurez droit aux
techniciens dans le plan et à la perche dans le cadre. Il ne
manque plus que les interviews des deux et vous tenez vos
coulisses du tournage. Remarquez ! Les visages décomposés de
Zahn et Lawrence parlent d’eux-mêmes. Le premier atterré
donne sans conviction la réplique au second dont le moulin à
paroles tourne à vide. Au bout du 125ème « c’est parce que
je suis noir ? », on a plus tellement d’illusions sur le
potentiel comique de « National Security ». Quant au
malheureux Eric Roberts, ce film est un peu pour lui la soupe
populaire. Quel dommage !!! Quel gâchis ! Demeurent
explosions et gunfight filmés façon Agence tous risques.
Logique !!! Le réalisateur vient de la télévision et fait ce
qu’il sait faire de mieux ; Un film de commande sans
imagination, sans originalité et sans envergure répondant au
cahier des charges de producteurs omniscients sur les
soit-disant penchants des foules. Tout simplement
consternant !!!
Tout, de la jaquette à la présentation, concourt à mettre le
dévédéphile dans l’ambiance. On sent que l’éditeur a porté
l’accent sur le packaging de « National Security » afin de
lui donner une coloration ludique et énergisante. Ceux que le
film aura séduits apprécieront cette marque d’attention. Les
autres trouveront à la présentation un sérieux manque de
finesse et d’originalité. Certains menus fixes (notamment le
son et le chapitrage) dégagent même un sentiment de laideur
sans égale tant la prédilection pour le bariolé bon marché
jure.
Mais c’est de bonne guerre lorsqu’on veut attirer l’oeil à
tout prix. Encore une fois, la conception est à l’image du
film. Tout dépend la perception que vous en aurez. Vulgaire
et sèche de création pour les uns. Osée et drôle pour les
autres. Côté technique, c’est un sans faute si ce n’est deux
ou trois détails insignifiants. L’éditeur montre une nouvelle
fois son indéniable savoir-faire à travers une image
remarquable et une bande-son parfaitement maîtrisée.
L’édition fait même preuve de ressources en la présence de
bandes-annonces, de scènes coupées, d’une fin alternative et
d’un commentaire audio de son réalisateur s’il vous
plaît…Il est agréable de voir que pour certains éditeurs,
le temps où le DVD ne présentait que le film agrémenté d’un
défilant en guise de filmographie et d’une bande-annonce mono
non retravaillée est bel et bien révolu. Qu’attendent les
autres ? On se le demande ! « National Security » offre tout
ce qu’on aurait pu souhaiter sur le film sauf peut-être une
interview-vérité sur les raisons d’un tel ratage artistique.
Mais, ce making « off » aurait été en contradiction avec
l’orientation résolument promotionnelle des suppléments.
Car il ne faut pas s’y tromper. Si suppléments il y a, c’est
dans le seul et unique but de vanter les mérites du film. La
palme revenant au commentaire audio de son réalisateur dont
on vous épargnera l’analyse tellement il est navrant. Sans
complexe et avec un aplomb qui frise l’inconscience, Dennis
Dugan (heureux réalisateur de cet autre chef d’oeuvre qu’est
Big Daddy nous introduit le film en commençant par
« ma vie, mon oeuvre ». Et ça se résume par « Je fais des
films pour le grand public afin d’amuser les foules ».
Ben voyons…après Intervilles et ses vachettes, Dennis Dugan
réclame le label de l’utilité publique. Et pourquoi pas une
médaille tant qu’on y est ? Soyons sérieux 2 secondes ! On ne
lui en veut pas d’essayer mais ça sent la promotion à plein
nez. Il a toute de même le mérite de s’y coller, lâché par
ces deux têtes d’affiches trop occupées à faire oublier cette
énorme erreur de parcours.
Les Scènes coupées (21’19 VOST)
Cette section est la pièce de résistance et la bonne surprise
de ce DVD. Elle comprend 3 sous-sections que sont
l’improvisation de Martin Lawrence pour apprécier
l’étendu de son talent d’interprète, le tournage de la
scène du couloir montrant le métier du réalisateur et
la fin alternative livrant les choix de création ainsi
que quelques uns des secrets de fabrication du film. Seules
les séquences sur l’impro et la fin alternative valent le
détour tant le sujet (?) sur la scène du couloir est bâclé.
Comment vanter les mérites d’un réalisateur en exposant un
séquence de 28’ sans presque aucun commentaire et qui n’a
pour seul intérêt de montrer que Dennis Dugan est capable de
diriger un panorama droite / gauche en grand angle ? Je n’en
vois aucun surtout lorsqu’il n’y a pas l’ombre d’une
comparaison avec le storyboard et / ou d’une image de la
préparation d’une telle séquence. L’impro vous donnera une
idée du talent verbal de Martin Lawrence, utilisé ici en pure
perte (il faut bien l’avouer) en l’absence de dialogues
consistants. Quant à la fin alternative, elle montre à quel
point les spectateurs ont rattrapé au vol une fin qui
promettait de taper encore plus bas dans l’indigeste et le
mauvais goût. On en vient à bénir l’existence des
projections-tests dans le cas présent !
Clip « N.S.E.W. » par Disturbing the Peace (4’17
VOST)
C’est la curiosité de ce DVD. D’habitude, la réalisation des
clips reprennent les images du film et revendiquent leur
étroite appartenance. Nulle autre influence n’est admise.
Ici, vous aurez tout de même le droit à une introduction de
type « Matrix ». Peut-être que ce clip devait servir aux deux
films à moins que les Disturbing Peace n’aient eu le
sentiment que « National Security » pourrait nuire à leur
image. Quoiqu’il en soit, le son en dolby surround souligne
des images dont Dennis Dugan aurait dû avoir la bonne idée de
s’inspirer. Mieux que le film. A voir !
Bande-annonce (1’50 VOST)
C’est une telle joie de voir une belle bande-annonce encodée
en Dolby Digital 5.1 que sa présence vaut à elle seule tous
les autres bonus présents. ! Elle vous montrera les meilleurs
passages du film (et on peut aisément imaginer combien cela a
dû être dur) et la manière habile dont le montage les a mis
en valeur. Une véritable leçon de marketing / vente. Deux
autres bandes-annonces accompagnent celle du film ; il s’agit
de Bad Boys II et de
Charlie’s Angels : Les anges se déchaînent. Promotion, quand tu
nous tiens !
Un piqué exceptionnel, une précision remarquable et des
couleurs qui se détachent à la perfection. Tel est le
spectacle que l’image de « National Security » nous offre. On
ne saura pas dire à quel point c’est important tant l’action
fourmille de détails et les ralentis (trop rares) font
s’attarder le dévédéphile sur une foultitude d’objets et de
décors qui environnent le ou les personnages. La cascade avec
la voiture dans la casse nécessite un arrière-plan net et une
compression impeccable afin d’éviter tout flouté atténuant
les effets de tressautement ou bien encore les stries ou gels
d’image.
Seul léger regret au niveau des couleurs, l’absence d’un
contraste véritablement renforcé. C’est même un poil pâlichon
mais nullement gênant puisque l’image softise intelligemment
ce déferlement d’énergie épileptique lassante à la longue. La
chrominance laisse de temps à autre à désirer avec des
dominantes verdâtres malheureuses toutefois attenantes à une
réalisation pataude qui fait la part belle aux atmosphères de
fiction TV. Globalement, l’éditeur nous livre ici un
transfert très satisfaisant qui fait honneur au support. Un
presque sans faute qui pallie autant que faire se peut la
misère intellectuelle et artistique du film.
Amis des bandes-sons qui déménagent, la bande-son de
« National Security » est pour vous ! Et enveloppante avec
ça. Les voix sont parfaitement détachées, la musique punchie
et rythmée, quant à la sonorité des balles, des armes, des
cascades et explosions en tous genres, c’est du Pavarotti,
c’est-à-dire profond et puissant. La scène de l’entrepôt ou
bien encore la poursuite en voiture vous plongeront au coeur
de l’action avec une bouillonnante énergie autant
identifiable sur vos enceintes avant que sur les satellites
disposées latéralement. Bref un cône de bruit qu’on aimerait
plus souvent présent !
Un seul et unique mixage, le Dolby Digital 5.1, pour les 3
langues (française, anglaise et italienne). Pas de différence
notable si ce n’est que le doublage français est de très
bonne facture et vous permettra d’apprécier le film
correctement. Lui préférer la VOST qui allégera très
nettement les blagues et vous fera profiter de la diction si
particulière de Steve Zahn.
Ni DTS, ni dolby surround, c’est le choix de l’éditeur.
Pourquoi pas ? Avec un mixage d’une telle qualité, cette
absence de florilège se justifie amplement et montre qu’il
n’est nul besoin de DTS pour occuper les basses et enrichir
la bande-son. Une authentique leçon de professionnalisme de
la part de l’éditeur. A apprécier !
Bon DVD à toutes et tous !