Ammonite (2020) : le test complet du DVD

Réalisé par Francis Lee
Avec Kate Winslet, Saoirse Ronan et Fiona Shaw

Édité par Pyramide Vidéo

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 17/11/2021
Critique

Touchante évocation de Mary Anning, paléontologue injustement ignorée par l’Histoire parce qu’elle était une femme, pauvre de surcroît.

Ammonite

1840. Mary Anning vit modestement avec sa mère sur la côte sud sauvage de l’Angleterre. Mary glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes fortunés. L’un d’eux, Roderick Murchison, en partance pour un voyage d’affaires, lui demande de prendre en pension son épouse convalescente, Charlotte, et de lui transmettre ses connaissances en paléontologie. D’abord distantes, les deux femmes vont apprendre à se connaître…

Ammonite, sorti pendant l’automne 2020, nous arrive directement en vidéo. Après une formation à l’art dramatique mise en pratique sur les planches et une douzaine de rôles, essentiellement pour la télévision, l’Anglais Francis Lee réalisa en 2017 son premier long métrage, Seule la terre (God’s Own Country, 2017), lui aussi édité par Pyramide Video en 2018, une autre histoire d’amours homosexuelles entre deux êtres très différents, un fermier et un immigré roumain, dans la campagne anglaise, ici le Yorkshire.

Ammonite, son second film, peut être vu comme une variation sur le même thème, à la différence près qu’il met en situation deux personnages réels. Tout d’abord, Mary Anning, qui entretint sa famille en vendant aux touristes de passage les fossiles qu’elle avait trouvés sur la plage et les falaises de Lyme Regis, sur la côte du Dorset, avant que son apport à la paléontologie ne commence à être reconnu par sa découverte, en 1811, à 12 ans, du premier squelette complet d’ichtyosaure, puis ceux d’un plésiosaure en 1821 et d’un ptérodactyle en 1828. Elle acquit seule une solide connaissance de la paléontologie et fit quelques découvertes, comme celle d’une poche d’encre chez les bélemnites. Sa condition de femme pauvre la laissa dans l’ombre, ce qui incita certains à s’approprier ses découvertes. Le second personnage est Charlotte Murchison, une bourgeoise aisée intéressée par la paléontologie, confiée pour quelques mois aux bons soins de Mary Anning.

Ammonite

On n’en sait guère plus sur la vie personnelle des deux femmes, et encore moins sur leur vie sentimentale. La porte était donc grand ouverte pour imaginer que l’amitié, bien réelle entre les deux femmes, fût une histoire d’amour, pour nourrir un scénario qui n’offre que peu de place à la carrière scientifique de Mary Anning, mais donne de l’épaisseur aux deux personnages, a priori incompatibles, qui vont se découvrir, s’apprivoiser, puis s’aimer.

Francis Lee a fait, pour Ammonite, un bon choix d’actrices. Kate Winslet surprend très positivement par son interprétation de Mary, introvertie, taiseuse et bougonne, diamétralement opposé à Rose, la riche et insouciante héritière du Titanic de James Cameron qui assura sa renommée planétaire. Lui donne la réplique, avec une grande délicatesse, Saoirse Ronan, découverte adolescente par sa mémorable contribution à l’émouvant Reviens-moi (The Atonement, Joe Wright, 2007).

Ammonite sort également du lot pour le soin apporté aux costumes et, surtout, pour la beauté de la photographie de notre compatriote Stéphane Fontaine (Un prophète, Jacques Audiard, 2009) qui, depuis Captain Fantastic (Matt Ross, 2016) commence à faire carrière hors de l’hexagone.

Ammonite

Présentation - 3,0 / 5

Ammonite (113 minutes) et ses suppléments (37 minutes) tiennent sur DVD-9 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels et le choix entre deux formats, Dolby Digital 5.1 ou stéréo, et dans un doublage en français DD 5.1.

Sous-titres pour malentendants.

Dommage qu’on ait été privés d’une édition Blu-ray sortie, notamment, au Royaume Uni, en Allemagne et en Amérique du Nord.

Bonus - 3,5 / 5

Entretien avec Francis Lee (19’, Pyramide Vidéo, 2021). Alors qu’il faisait des recherches sur Internet pour offrir un fossile à un ami, son attention fut attirée par Mary Anning, sa force de caractère, la notoriété qu’elle a réussi à obtenir, sans éducation ni fortune, après que son père, mort quand elle avait dix ans, lui eût appris à trouver des ammonites sur les plages et les falaises du Dorset. Il a souhaité lui imaginer une « possible histoire d’amour digne d’elle ». Pour définir le cadre de l’histoire, il a fait des recherches sur les conditions de vie et la mode pendant la première moitié du XIXe siècle. En tant qu’homosexuel, il a souhaité imaginer la relation de Mary avec une autre femme, avec laquelle elle fut liée par une amitié qui dura toute sa vie, en des temps où les femmes étaient injustement soumises à l’autorité patriarcale. Le choix des deux actrices principales s’est vite imposé à lui. Avant le tournage, il a longuement développé avec elles la personnalité de Mary et Charlotte et leur a fait exécuter tous leurs gestes, sans être doublées : ce sont elles qui extraient des fossiles de la boue noire de Lyme Regis où fut tourné la grande partie du métrage. Il a été ému par l’intensité de leur jeu, la façon dont elles ont montré comment leur relation les a modifiées.

Entretien avec Kate Winslet (18’). Elle rappelle qui était Mary Anning, ses origines modestes, son intelligence, sa curiosité, l’importance de ses découvertes, sa générosité : au lieu de les signaler à la police, elle indiquait aux pauvres où se trouvaient les objets de contrebande cachés sur la plage. Elle reste une figure toujours inspirante pour les femmes, « aujourd’hui plus que jamais ». Elle se souvient comment Francis Lee l’a aidée à contrôler son exubérance naturelle pour entrer dans la peau d’un personnage « renfermé ». Elle a toujours été intéressée par les personnages sortant des standards sociaux et espère que le spectateur retiendra du film que la détermination ouvre le champ des possibles, permet de devenir qui on a envie d’être, quelles que soient ses origines.

Bandes-annonces de Seule la terre, (God’s Own Country, 2017), Vita & Virginia (Chanya Button, 2018), The Singing Club (Military Wives, Peter Cattaneo, 2020) et de l’inoubliable Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019) qui raconte une histoire assez parallèle à celle d’Ammonite.

Ammonite

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1), très finement résolue, apparemment prise en lumière naturelle, propose des couleurs soigneusement étalonnées, une palette assez froide et assombrie, certainement un choix artistique qui s’accorde aux tonalités, sous des ciels couverts, des plages de galets, des falaises noires de Lyme Regis.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale (avec une alternative stéréo) assure la clarté des dialogues et délivre avec finesse le bel accompagnement musical de Volker Bertelmann et Dustin O’Halloran, tous deux nommés aux Oscars pour la partition de Lion (Garth Davis, 2016). L’impression d’immersion dans l’ambiance est effective dans les proses en extérieur, alors que l’image sonore de la plupart des scènes d’intérieur est concentrée sur le plan frontal.

Ces observations valent pour le doublage, au seul format DD 5.1, qui place un peu trop en avant des dialogues assez monotones.

Crédits images : © See-Saw Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 19 novembre 2021
Francis Lee, avec ce second film, un biopic en hommage à Mary Anning, la première femme paléontologue, injustement ignorée par la communauté scientifique de son temps, a imaginé une relation amoureuse avec sa meilleure amie et offert à Kate Winslet et Saoirse Ronan un rôle qui marquera leur filmographie.

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)