Réalisé par Philippe Béziat
Avec
et Clément Cogitore
Édité par Pyramide Vidéo
Une expérience inédite : l’association d’un opéra-ballet du XVIIIe siècle, Indes galantes, composé par Jean-Philippe Rameau pour la cour de Louis XV, et des danses urbaines du XXIe siècle. L’idée de ce grand écart est venue à Clément Cogitore pour bousculer, à l’Opéra Bastille, les conventions de l’art lyrique. Philippe Béziat a suivi la minutieuse préparation de l’événement, jusqu’à la première donnée le 27 septembre 2019.
Indes galantes, sorti dans nos salles en juin 2021, réalisé par Philippe Béziat, auteur de plusieurs captations de performances musicales et documentaires sur la musique, parmi lesquels Pelléas et Mélisande - Le chant des aveugles, en 2007, et Noces - Stravinsky / Ramuz, en 2012, suit la préparation à l’Opéra Bastille de la mise en scène d’Indes galantes, l’opéra-ballet composé par Jean-Philippe Rameau en 1735, sur un livret de Louis Fuzelier, autour du mythe du « bon sauvage ». L’action se déroule dans quatre pays fantasmés, la Turquie, le Pérou, la Perse et dans une forêt amérindienne. Douze représentations se sont étalées du 27 septembre au 15 octobre 2019.
Clément Cogitore, réalisateur en 2015 de Ni le ciel ni la terre, sur l’étrange disparition de soldats français en Afghanistan, salué à Cannes par le Prix du meilleur premier film français décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma et le Prix de la Fondation Gan, sélectionné pour le Prix Louis-Delluc, le Prix Lumière et le César du meilleur premier film. Il est aussi l’auteur et réalisateur en 2017 du remarquable documentaire Braguino sur deux familles à couteaux tirés vivant l’une à côté de l’autre, en totale autarcie, dans une lointaine taïga sibérienne.
Clément Cogitore eut l’idée, pas banale, d’associer deux arts qui n’ont pas l’habitude de cohabiter, l’opéra et la danse de rue, break dance, sous plusieurs de ses formes actuelles, voguing, krump, flexing, hip-hop et autre waacking… Il a, à cette fin, recruté les danseurs de la Compagnie Rualité et confié la chorégraphie à sa fondatrice, Bintou Dembélé. D’autres danseurs ont été sélectionnés pour compléter la troupe.
Pas sûr, si c’était le but implicitement visé, que cette cohabitation inattendue convertisse les fans du hip-hop à l’opéra ou les amateurs du bel canto à l’électro. Le résultat, au vu des quelques extraits de la première, ne choque pourtant pas. Il souligne même la force du rythme de la musique classique, particulièrement dans la chaconne finale, dite Danse du calumet de la paix, le passage le plus connu de l’oeuvre.
La critique, à quelques exceptions près, a reçu fraîchement l’initiative : une réaction en plein contraste avec la longue standing ovation (elle aurait duré autour de quinze minutes) le soir de la première. Il a été surtout reproché à la mise en scène, jugée terne avec des décors minimalistes, de ne pas aider à la compréhension du livret.
À en juger par les courts extraits montrés par Indes galantes, la direction musicale du chef argentin Leonardo García Alarcón, un spécialiste de la musique baroque, à la tête de la Cappella Mediterranea, avec ses instruments anciens accordés sur le la 415 et du Choeur de chambre de Namur, ne trahit pas Rameau, quoiqu’on puisse lui préférer, parmi les nombreuses interprétations disponibles, celle, plus aérée et plus subtile, de William Christie et les Arts Florissants.
Indes galantes, le documentaire de Philippe Béziat, en nous immergeant dans les coulisses de l’Opéra Bastille, nous fait prendre conscience de la somme de travail investie dans la préparation de l’exigeant opéra-ballet d’une durée de 3h30, de la rigueur des répétitions de l’orchestre, des solistes et du choeur, et, surtout, de l’engagement discipliné des jeunes danseurs de toutes origines ethniques et de leur apparent envoûtement par la musique baroque.
Indes galantes (103 minutes) et ses suppléments (21 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack non fourni pour le test.
Le menu animé et musical propose le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo, avec sous-titres anglais disponibles.
Piste d’audiodescription DD 2.0.
Sous-titres pour malentendants.
Trois scènes coupées :
Les jeux brillants de Terpsichore - leçons de style (5’). Une démonstration d’électro, waacking, krump et voguing.
L’amour nous engage - leçon de musique (5’). Répétition d’une aria par un baryton avec l’orchestre et d’un trio - soprano, basse et ténor - accompagné au clavecin.
Régnez, plaisirs et jeux - répétitions (5’). La répétition d’une aria par une soprane et d’un ballet, après un exercice collectif de respiration.
Les Indes galantes, court métrage de Clément Cogitore (6’, 2018). Une suite improvisée de danses au rythme de la chaconne finale.
Bandes annonces de trois documentaires : Le Grand bal (2018), un touchant documentaire de Laetitia Carton sur un festival de danses traditionnelles, Kongo (2019), d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav sur la vie cachée de Brazzaville et La Cordillère des songes (2019) la découverte par Patricio Guzmán des mystères de la « colonne vertébrale du Chili ».
L’image numérique, au ratio 1.78:1, un peu douce, mais lumineuse et agréablement contrastée, propose des couleurs naturelles, bien étalonnées.
Le son Dolby Digital 5.1 (alternative 2.0 stéréo), assez clair, mais avec une dynamique moyenne, très centré sur le plan frontal, ressemble à du 2.0 monaural.
Crédits images : © Les Films Pelléas